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Antiquités: le goût des nouveaux amateurs n'a pas fini de nous surprendre

le dimanche 14 août 2016
Modifié à 0 h 00 min le 14 août 2016

Peu de meubles et de choses ont changé depuis que j’ai connu ma voisine d’autrefois. Je n’ai pas en mémoire cette partie d’armoire dormant dans sa remise depuis tellement de décennies.

La dame me demande donc de lui parler de cette armoire basse qu’elle se souvient d’avoir toujours vue à cet endroit depuis qu’elle habite cette maison.

Bien sûr, l’appel téléphonique m’a laissé croire qu’il s’agissait d’une petite armoire basse servant de lieu d’entreposage pour les pots de conserve. Beaucoup d’espoir donc de découvrir une pièce de patrimoine absolument unique. Quelques petits détails orientent mes recherches vers une pièce plus récente que les 200 ans que j’aurais voulu retrouver.

Particularités

Si nous étions en présence d’une partie inférieure d’une belle armoire ancienne, nous trouverions certainement des indices comme des traces de pattes anciennes, des panneaux creux sur les côtés ou encore une frise ornementée qui ceinturait la base de la façade.

D’autres particularités comme l’absence de moulures du côté des pentures des portes ou encore la forme des petites poignées de chacune des portes sont encore des éléments qui ne concordent pas avec une armoire deux-corps ancestrale dont il ne subsisterait que la partie inférieure.

J’en viens donc à la conclusion qu’il s’agit d’une partie des armoires de la cuisine (probablement celle qui équipait la cuisine de la maison lors de la construction) qu’on a recyclée.

Âge

Il n’est donc certainement pas question d’une pièce patrimoniale de grande valeur hautement recherchée.

La forme et la conception générale des poignées des deux portes qu’on retrouve habituellement sur les meubles datant des années 1920-1930 pourraient très bien constituer l’indice majeure de l’évaluation de l’âge de ce meuble.

Un décapage des pièces de bois en façade de cette armoire nous aiderait à laisser apparaître les veines d’un bois très utilisé à cette époque, soit l’érable. L’utilisation d’un carré de prélart sur le dessus du meuble pourrait très bien l’avoir protégé des taches d’huile, égratignures ou marques dans le bois qui réduiraient la beauté des veines des planches d’érable utilisées il y a près de 100 ans.

Projet

Un acheteur éventuel ne placerait pas ce meuble au centre de son salon pour en faire une pièce d’intérêt historique, mais la tendance actuelle des amateurs dans la trentaine revalorise ces meubles délaissés par les antiquaires et les musées qui recherchent plutôt les meubles authentiques ayant l’avantage de constituer un maillon dans l’histoire du meuble québécois.

Il y a sur ce meuble une partie de l’histoire d’une famille québécoise, certainement une patine exceptionnelle. Cette armoire constitue un meuble de rangement qui n’a jamais perdu sa vocation originale.

Un beau projet de restauration pour qui appréciera de découvrir le passé de ce meuble, passera de longues heures à lui redonner son aspect original tout en lui trouvant une utilité, que ce soit dans la remise ou dans le sous-sol, là où le rangement fait souvent défaut.

On a souvent vu des amateurs débourser quelques centaines de dollars et se retrouver avec un meuble tout à fait inattendu. Nous vivons un tournant majeur dans le domaine des antiquités, le goût des jeunes (nouveaux amateurs) n’a pas fini de nous surprendre.

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