Justice

Attaque de pitbull à Brossard: le verdict attendu jeudi

le mercredi 21 février 2018
Modifié à 16 h 53 min le 21 février 2018
JUSTICE. Le procès de Karim Jean-Gilles, dont les deux chiens de type pitbull ont attaqué une fillette dans le parc Marquise de Brossard en septembre 2015, s’est conclu mardi au palais de justice de Longueuil. Le résident de Brossard devrait connaître jeudi le verdict du juge Pierre Bélisle. Le 20 septembre 2015, Vanessa Biron, 7 ans, se rend au parc Marquise de Brossard avec sa sœur cadette et sa mère. Cette dernière remarque aussitôt une septuagénaire  ̶  Hyacinth Parker, la mère de l’accusé  ̶  qui promène deux chiens de type pitbull, sans laisse ni collier. Jean-Gilles n’était pas sur les lieux au moment de l’incident. «Je me suis dirigée vers la dame et je lui ai demandé pourquoi ses chiens n’étaient pas en laisse, a relaté la mère de Vanessa, Magdalena Biron, lors de son témoignage, lundi matin. Elle s’est tournée vers moi, mais elle ne m’a pas répondu. Les chiens ont alors commencé à être agressifs et à japper.» Sauvage agression Appeurées, les deux fillettes partent alors à courir dans des directions opposées. L’un des pitbulls se rue sur la petite Vanessa, la projetant au sol et lui infligeant plusieurs morsures. Mme Parker essaie de faire fuir l’animal en le frappant avec une branche, en vain. La septuagénaire tente tant bien que mal de protéger la fillette sous sa robe, mais le chien continue à s’en prendre à elle et à la mordre, pendant que l’autre bête tourne autour d’eux en grognant et en jappant. L’enfant tente alors de s’éloigner en rampant; c’est à ce moment que le pitbull agrippe la fillette par le visage et la traîne sur près de trois mètres. La mère de la victime a raconté à la Cour comment elle s’est transformée en bouclier humain afin de protéger sa fille du pitbull. «Je me suis couchée sur Vanessa mais il continuait à la mordre à la main. J’ai senti ses crocs sur mon crâne. Ç’a été très traumatisant pour moi parce que j’essayais de la protéger mais je ne savais pas où était ma plus jeune», a-t-elle raconté, visiblement encore ébranlée par les souvenirs de l’événement. L’agression a finalement cessé lorsque Karim Jean-Gilles, alerté par les cris des témoins de la scène, s’est précipité sur les lieux et a agrippé son chien pour le ramener à sa résidence, située à proximité. Importantes séquelles Vanessa Biron a subi des blessures importantes au visage, au cou et à la main droite lors de l’attaque. Elle a notamment eu la mâchoire fracturée, des muscles et des nerfs de la joue arrachés, ainsi que le tympan d’une oreille déchirée. La fillette garde toujours d’importantes séquelles, dont une grande cicatrice sur le côté gauche du visage. Elle a aussi dû consulter plusieurs spécialistes sur une longue période et a notamment été suivie par un orthophoniste afin de réapprendre à sourire. Selon la mère de la victime, «il y a très peu de chance que les choses reviennent à 100% comme avant». Négligence criminelle Lors du procès, la procureure de la Couronne Me Claudie Gilbert a mentionné au juge Bélisle que le propriétaire des chiens a fait preuve de négligence criminelle puisqu’il connaissait le potentiel de dangerosité de ses animaux et n’a pris aucune mesure afin de prévenir un éventuel drame. Plusieurs témoins ont indiqué que les chiens ceux-ci avaient déjà été impliqués dans d’autres incidents violents. Un voisin de Jean-Gilles a notamment raconté comment l’un des deux pitbulls s’en était pris à son chien, sans raison apparente. Il a également mentionné qu’il n’était pas rare de voir les bêtes se promener sur la propriété de l’accusée sans laisse et sans surveillance. En tout, douze témoins ont été entendus à la barre durant les deux jours de procès. Karim Jean-Gilles, qui a choisi se représenter seul, n’a contre-interrogé aucun témoin se contentant de prendre la parole à la fin du procès pour remettre en doute la bonne foi des témoignages de ses voisins qui, selon lui, ne s’appuyent que sur des spéculations. Il a laissé sous-entendre que ses chiens auraient pu être provoqués par la petite Vanessa. «Des fois, il peut y avoir des situations où il y a de l’incitation, a mentionné Jean-Gilles. Je ne sais pas si ç’a été provoqué ce jour-là, je n’ai pas vu la situation.» Rappelons qu’Hyacinth Parker a plaidé coupable en novembre dernier à une accusation de négligence criminelle causant des blessures. Elle a été condamnée à trois ans de probation.