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Santé

Une avancée technologique en gastroentérologie pratiquée à l’hôpital Charles-LeMoyne

le mardi 13 février 2018
Modifié à 13 h 34 min le 13 février 2018
Par Vanessa Picotte

vpicotte@gravitemedia.com

Un gastroentérologue de l’hôpital Charles-LeMoyne effectue depuis quelques mois des interventions en écho-endoscopie digestive, une pratique encore peu utilisée dans le monde. Souffrant d’infection sévère de la vésicule biliaire ou d’un cancer du pancréas incurable, trois patients ont ainsi bénéficié de l’expertise du Dr Étienne Désilets. Le Dr Désilets a entrepris un fellowship d’un an à Marseille en endoscopie avancée avant de développer cette technique à l’hôpital Charles-LeMoyne. Le principe général se base autour de l’endoscopie digestive, qui permet d’explorer l’estomac et l’œsophage grâce à une caméra introduite par la bouche. L’endoscope est un appareil utilisé pour diagnostiquer certaines maladies du pancréas et du foie. Un technique moins invasive L’appareil sert désormais aussi à pratiquer des techniques de drainage en écho-endoscopie digestive. Ce qui veut dire que le Dr Désilets introduit l’endoscope dans l’estomac du patient et crée, à l’aide d’instruments et de prothèses, de nouveaux trajets afin que la bile s’écoule autrement dans le système digestif. Les avancées permettent «de percer un trou dans l’estomac et de drainer des structures biliaires», précise-t-il. Autrement, la bile ne s’écoule pas correctement et infecte les organes avoisinants. [caption id="attachment_45691" align="alignright" width="521"] Un fellowship d’un an à Marseille en endoscopie avancée a entre autres permis au Dr Étienne Désilets de développer cette technique.[/caption] «Ce sont souvent des soins palliatifs que nous allons donner à des patients qui ont un cancer avancé qui empêchent l’écoulement normal de la bile, mais qui ne peuvent pas être opérés, explique-t-il. Il y a des moyens un peu plus traditionnels pour rétablir l’écoulement de la bile, mais quand ces moyens ne fonctionnent pas, c’est là que nous pouvons avoir recours aux techniques de drainage.»
«Cette technique moins invasive qu’une intervention chirurgicale permet d’offrir une meilleure qualité de vie aux patients, voire de prolonger leur vie.» - Dr Étienne Désilets
«C’est beaucoup moins difficile pour le patient parce que cela ne nécessite pas une anesthésie générale, poursuit le Dr Désilets. Il n’y a pas de cicatrice à la peau et il y a moins de risques de complication qu’une chirurgie standard. Ça reste que nous perçons des trous dans l’estomac et l’intestin; il y a donc quand même certains risques, mais qui sont moins importants que lors d’une chirurgie.» Reconnaissance mondiale Cette technique est encore peu pratiquée au Canada. Étienne Désilets est parmi les premiers gastroentérologues à tenter cette intervention dans un hôpital du pays. Une de ses opérations sera même vidéopubliée sur le site d’une grande société américaine de santé. «Nous avons été acceptés pour publication et c’est la première fois dans le monde qu’une intervention de ce genre est vidéopubliée», explique le Dr Désilets. Même si l’intervention est encore récente et que peu de données sont disponibles pour l’instant, le gastroentérologue explique que «de grandes sociétés savantes recommandent le drainage des structures biliaires comme technique de première ligne lorsqu’il y a un échec des techniques standards». «Nous expliquons aux patients que nous n’avons plus beaucoup d’autres options et que ça n’a pas été fait très souvent dans le monde. C’est un peu comme de la recherche scientifique; il y a une certaine part d’expérimentation, précise-t-il. Nous faisons tout de même une corrélation avec des gestes semblables pour lesquels nous avons des données. Nous ne réalisons pas l’intervention à l’aveugle», assure le Dr Désilets.