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Culture

«C’est autant valorisant, payé ou non»

le mercredi 11 octobre 2017
Modifié à 11 h 03 min le 11 octobre 2017
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Discussion avec Korb, artiste du projet de murale sur la promenade René-Lévesque

«Beau travail, merci!» et «C’est beau, ce n’est pas trop vulgaire!». Voilà quelques commentaires positifs lancés à Korb et entendus par Le Courrier du Sud, lors d’une rencontre avec l’artiste en plein travail sur la promenade René-Lévesque, le 21 septembre. Alors que certains graffiteurs se feraient passer les menottes, s’ils étaient pris en flagrant délit, le natif de Longueuil reçoit des compliments et une rémunération pour son labeur dans la chaleur accablante. Pourtant, l’homme de 27 ans demeure très critique à l’égard de ceux qui dénigrent les œuvres illégales. «Il n’y en a pas un qui vaut moins que l’autre, défend-il. Je viens du même milieu. Ce ne sont pas des ‘’barbots’’ parce qu’ils sont illégaux; c’est une manière de faire sa marque, de l’auto-publicité.» Korb assure que les artistes qui bénéficient de la plus grande exposition sont ceux qui sont adulés dans le domaine, et non ceux qui sont payés pour peindre. «Ce n’est pas une hiérarchie et au moment où tu es payé, ton œuvre vaut plus, affirme-t-il. C’est juste que nous, on a la chance de prendre notre temps et de bien terminer notre projet.» Par «nous», Korb fait référence à ses amis et collègues qui sont venus inscrire leur piece − lettrage représentant leur signature − sur le projet de Dose Culture. Il s’agit des artistes Acek, Axe et Crane. Selon le Longueuillois, tout est une question de perception en ce qui concerne la beauté des projets, qu’ils soient légaux ou non. La calligraphie utilisée dans les graffitis est reconnue et comprise par tous les graffiteurs, peu importe son ampleur et aussi complexe soit-elle. «On pourrait débattre pendant des heures sur ce qu’est l’art et ce que l’on considère beau dans le domaine du graffiti», lance-t-il. Korb ne craint pas que d’autres graffiteurs viennent gâcher leur murale avec des graffitis illégaux. Liberté de création Comme tout artiste, Korb n’apprécierait pas de se faire imposer un projet ou une idée. Il dit apprécier la liberté artistique que lui laissent la Ville et Dose Culture lorsque vient le temps d’élaborer les croquis, comme pour ce projet. «J’ai personnifié toutes les briques. Il s’agit de faire un lien avec la société qui se construit, avec l’eau et les briques. J’ai créé le croquis à partir de la raison d’être du projet.» Le produit final est légèrement différent du dessin proposé au départ, preuve que les artistes ont laissé place à leur imagination en cours de route. Vivre de sa passion et démystifier l’art Depuis quelques années, Korb participe à des projets d’art urbain avec Dose Culture. Il a, par exemple, pris part au projet de murale le long de l’autoroute 10, à Brossard. Contrairement à la pensée populaire qui dépeint les graffiteurs comme des décrocheurs, Korb détient un baccalauréat en art visuel à l’Université du Québec à Montréal. Pour ce qui est du graffiti, il le pratique depuis l’âge de treize ans. «On peut dire que le ‘’bacc’’ en graff est fait depuis longtemps, lance-t-il à la blague. J’ai appris en côtoyant les plus vieux et en les regardant faire à mes débuts. Au départ, c’était illégal. Je le faisais quand tout ce que je pouvais avoir, c’était un ticket Il mentionne s’être rapidement associé à des projets de murales et ne pas avoir agi dans l’illégalité très longtemps. «C’était un de mes désirs de faire ce que j’aime à temps plein, avoue-t-il. C’est une autre sphère du graffiti. C’est autant valorisant. Je l’ai fait gratuitement vraiment longtemps.» La rémunération est venue au fil du temps, raconte-t-il, lorsque la qualité et la rapidité de son travail ont été prises en considération. Il gagne maintenant sa vie en participant à des projets de collaboration comme celui de la promenade René-Lévesque. «Maintenant, c’est mon métier. C’est important pour moi que mes murales respectent les concepts du graffiti. Il y a tellement de possibilités avec ce style-là. C’est en train de devenir un art à part entière.» Pour en apprendre davantage sur les projets de Korb et de Crane: www.ca-crew.com/walls.html Rens.: www.doseculture.com Projet de la piste cyclable - 9 jours d’environ 10 heures de travail - 10 panels de 30 pieds de longueur peints (330 pieds au total) - Parfois seul (Korb), parfois à quatre avec Acek, Axe et Crane - Une centaine de bouteilles de peinture utilisées