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Des images contre l'indifférence

le mercredi 28 décembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 28 décembre 2016

«Des images contre l’indifférence: Une photo d’enfant peut-elle changer les choses?», tel est le titre de la conférence qu'a tenu à Longueuil l'Aide internationale à la protection de l'enfance (AIPE) dans le cadre de la Journée mondiale des droits de l'enfant, en novembre. Et la réponse à cette question est nuancée.

En septembre 2015, la photo d'Aylan Kurdi a fait le tour du monde et a exposé tout le drame humain de la crise des migrants syriens. D'autres photos ont aussi profondément marqué et sont devenues des symboles, tels que la photo des enfants courant en pleurs dans une rue pendant la guerre du Vietnam.

Selon le professeur de l'Université de Concordia et chercheur spécialiste des médias, Ahmed Al Rawi, cette photo d'Aylan Kurdi qui a suscité plus de 30 000 tweets en 12 heures est devenue virale en raison des réactions émotionnelles fortes qu'elle a suscité – colère, culpabilité, empathie – parce qu'il est facile de sentir concerné par le drame vécu par un enfant.

Directeur du Groupe d’études et de recherches axées sur la communication internationale et interculturelle, Christian Agbobli a pour sa part présenté une analyse des raisons pour lesquelles l'image a eu un tel retentissement. «L’enfant, c’est le dernier tabou, car il représente l’innocence mais aussi ce qui est le plus universel, puisque nous avons tous et toutes été enfants. C'est en quelque sorte le coeur de l’humanité qui est touché ici», a-t-il signifié.

Le professeur à la TELUQ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains, Normand Landry, a plutôt analysé le rôle des médias. Il a rappelé l'importance des cinq concepts permettant une analyse critique des médias: la rhétorique de présentation, l'affect, la mise à l'agenda public, le cadrage numérique et l'incubation.

Lors du débat, les spécialistes ont échangé sur l'attirance suscité par une photo-choc et la violence.

«Une "bonne nouvelle" pour un média, c’est celle qui crée le conflit, pas le consensus. Non pas ce qui explique, mais d’abord ce qui permet de faire avancer la nouvelle. Il faut choquer et non rassurer», a relevé M. Landry.

Et quant à l'impact de cette photo?

«L’impact est assez important, autant à court terme qu’à long terme. Cela a entraîné des réactions individuelles mais aussi des modifications de certaines lois, des décisions politiques, rappelle Ahmed Al Rawi. Mais il y a besoin pour cela d’une accumulation d’événements. Les images en font partie mais elles ne sont pas suffisantes en elles-mêmes. Il faut garder à l’esprit que nous avons une attention à très court terme.»

(A.D.)