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La douance reste méconnue d'une grande majorité de professionnels de la santé et de l'éducation

le mercredi 22 novembre 2017
Modifié à 16 h 43 min le 22 novembre 2017
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

ÉVÉNEMENT. Des professionnels de la santé et de l'éducation se sont massés le 14 novembre à l'hôtel ALT du Quartier DIX30 afin d'assister à la toute première conférence de l'Association québécoise pour la douance (AQD), où spécialistes et avertis sensibilisaient à la réalité des enfants à haut potentiel. Voir aussi : Enfants surdoués : un manque criant de structures adaptées sur la Rive-Sud La seule clinique spécialisée en douance a pignon sur rue à Saint-Lambert Programme spécial pour ados doués à la Commission scolaire Riverside Les 200 billets pour l'événement se seront écoulés en moins de 48 heures. Pour l'une des seules psychologues québécoises expertes en douance, Dre Marianne Bélanger, cet élan est le signe que les mentalités évoluent sur cette question longtemps écartée des réflexions de société. La fondatrice d'AQD, qui regroupe différents professionnels intéressés par la douance, a d'ailleurs annoncé que cette rencontre marquerait le début d’une vague de sensibilisation auprès de la population sur la précocité intellectuelle et ses enjeux. Le but: pallier le manque de ressources et d'expertise au Québec. L'écueil du mauvais diagnostic Le désert de connaissance est tel que la majorité des cas d'enfants à haut potentiel ne sont pas diagnostiqués. Selon Dre Bélanger, 25% de ces enfants doués sont diagnostiqués TDAH et prennent des médicaments non adaptés à leur cas. Et comme la douance est «loin d'être une simple histoire de quotient intellectuel (QI), car ce dernier ne rendrait compte que de 40% des aptitudes de douance intellectuelle», plusieurs enfants passent sous le radar.
«La douance est loin de n'être qu'une histoire de quotient intellectuel (QI). Le QI ne rendrait compte que de 40% des aptitudes de douance intellectuelle.» - Dre Bélanger
«La douance est un beau cadeau de la vie, a introduit la présidente de l'Ordre des psychologues, Dre Christine Grou, en début de conférence. Mais pour ce faire, il faut s'adresser à cet aspect avec toute l'attention que cela mérite. Il y a malheureusement une véritable absence de considération pour la douance dans les diagnostics. Beaucoup de ces enfants se retrouvent marginalisés, seuls et en détresse. Ce sont aux structures et aux professionnels de proposer des arrangements et de s'adapter pour apporter des solutions», a-t-elle lancé. [caption id="attachment_42838" align="alignnone" width="521"] Dre Christine Grou[/caption] Des professionnels non formés La grande majorité des professionnels ne sont pas formés pour dépister, évaluer et répondre aux besoins de ces individus.
«Lorsque j'explique mon intérêt pour la douance, je dois le faire en mettant en avant les faits biochimiques pour capter leurs attentions. La plupart du temps, les regards sont incrédules et les sourcils se froncent, mais je crois qu'au fond cela intéresse…» - Dre Jolène Sarrazin, médecin.
«C'est un sujet que je ne maîtrise pas, a honnêtement lancé Dre Jolène Sarrazin. Je pense être une professionnelle bien renseignée et curieuse de nature, et pourtant, je ne connais la douance que depuis deux ans. En considérant qu'environ 3% à 5 % des enfants sont doués dans la population, soit 3 personnes sur 100, je me suis rendu compte que je n'en avais jamais identifié. Je suis forcément passée à côté, comme bien des collègues. Et pour cause, en 7 ans de médecine, je n'ai jamais entendu prononcer les mots douance ou haut potentiel, je n'ai jamais eu de formation sur le sujet, ni en ligne ni ailleurs», a constaté cette dernière, qui expose le scepticisme de ses collègues lorsqu'elle évoque le sujet. Rassembler les experts Durant le «lancement-conférence», des enfants doués ont témoigné de leur parcours, pas toujours idyllique, avant de faire place aux intervenants: la présidente de l'Ordre professionnel des psychologues du Québec Dre Christine Grou; la vice-présidente de l'association Haut Potentiel Québec Karine Bergeron; la conseillère pédagogique de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys – seule commission scolaire du Québec dotée d'un programme et de classes pour enfants doués ‒ Christine Touzin; la médecin omnipraticienne Dre Jolène Sarrazin; ainsi que Dre Marianne Bélanger. [caption id="attachment_42841" align="alignnone" width="521"] Karine Bergeron, directrice de l'association Haut Potentiel Québec[/caption] Chacun a livré un exposé de la situation rendant compte d'un portrait bigarré de la douance, mais aussi d'actions concrètes à mener auprès de ce public. En fin de conférence, les psychologues, éducateurs et autres médecins ont eu l'opportunité de poser des questions aux conférenciers. Rens.:  www.aqdouance.org