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Émile Bilodeau: le cégep plein la tête

le vendredi 24 novembre 2017
Modifié à 10 h 09 min le 24 novembre 2017
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’auteur-compositeur-interprète Émile Bilodeau a fréquenté pendant quatre ans le cégep Édouard-Montpetit. Entre ses cours de Sciences humaines, les matchs d’impro et les occasions de monter sur la scène du Théâtre de la ville, l’établissement aura été pour lui un beau laboratoire. À quel point le cégep a été important dans ton parcours? Je pense qu’on le voit dans mes tounes… des chansons inspirées de la société. Cette inspiration-là, je la dois à mes cours de sociologie, de géographie, de philo, de politique. Juste le vocabulaire que mes profs ont utilisé: j’avais accès à des gens qui avaient un beau vocabulaire. Je mettais l’accent sur un mot que je trouvais beau et j’essayais de faire rimer des idées. Ç’a été un genre d’école… en fait, évidemment! Un beau frigidaire d’idées! Je suis vraiment reconnaissant, on m’a toujours encouragé dans mon cheminement artistique, et j’en suis pas peu fier. Sentir un établissement qui trouve ça important, l’art, qui réalise que c’est une belle porte de sortie du quotidien, malgré les horaires chargés. Qu’est-ce que ça fait de remonter sur la scène du Théâtre de la Ville, comme ç’a été le cas le 13 octobre, à guichets fermés? Ah bien, il aurait fallu être là! J’ai braillé un bon bout en plein milieu! Devant mes parents, mes amis et anciens amis de Jacques-Rousseau, ça m’a fait de quoi de voir la salle pleine. On revient à la maison. C’est beaucoup un métier où on voyage, où on essaie de développer les régions. Ce n’est pas tout le temps un succès, de faire un show à Chibougamau! Mais quand tu sens que tes amis et ta famille sont derrière toi, ça fait toujours plaisir. Gardes-tu de beaux souvenirs de cette scène? C’est certain. Ma mère était abonnée au Théâtre de la Ville, et là, de savoir que les jeunes, c’est moi qu’ils viennent voir, je trouve ça cool. C’est donnant-donnant. Je connais bien Johanne Aubry et Danielle Bilodeau [programmatrice et directrice générale du Théâtre], elles sont de bons acolytes qui m’ont aidé dès le début à me ploguer dans d’autres salles du réseau. J’en suis très reconnaissant. Le cégep a aussi été l’occasion de faire de l’improvisation… Cette idée de me pitcher devant des salles combles, ça m’a beaucoup aidé.  J’en ai fait pendant 9 ans. Là, j’ai pris une pause, mais c’est fascinant de voir à quel point je suis encore en train d’en faire. Entre les chansons, c’est le néant, alors c’est intéressant d’aller puiser dans mon bagage d’impro, pour que mon show soit divertissant. Puis ç’a permis de trouver un réseau d’amis parce que ça réunit des gens qui te ressemblent. Je crois que c’est ça, l’essentiel de la patente. Le cégep serait-il un rite de passage, à l’instar du titre de ton album? Vivre en société, les déceptions amoureuses, … tout. On est pile dedans. C’est un lieu d’expérimentation, tant sur le plan personnel que professionnel. Le cégep, c’est un rite de passage où il faut que tu te demandes ce que tu veux faire dans la vie. Ce sont des questions assez intenses surtout pour des jeunes hommes et jeunes filles. Quels sont tes projets à venir? Je vais sûrement aller à l’université après le deuxième album. Mais là, je me demande où je vais aller chercher l’inspiration [maintenant que je ne fréquente plus le cégep]. Peut-être que je vais aller voir des conférences de François Legault, je ne pourrais pas te dire! (rires) Je suis dans ce stress-là, de ne pas avoir suffisamment de piliers pour écrire mes tounes. Le Félix [de la Révélation de l'année au dernier gala de l'ADISQ] donnait une résidence à Calgary. Je ne sais pas ce que je vais faire à Calgary, mais je vais essayer d’écrire des tounes, c’est sûr. Les prochains mois seront axés sur la tournée. Dans un an, je n’aurai plus de show, alors il me reste un an pour ne pas trop y penser, tout en restant groundé dans la démarche de création.»     ** Parmi ses pairs Pour cet amoureux de la culture québécoise, remporter le Félix de la Révélation de l’année au gala de l’ADISQ, le 29 octobre, est une étape importante et une grande reconnaissance du milieu. «Ce sentiment d’être accepté par les pairs, d’en faire partie, je trouve ça assez unique, témoigne Émile Bilodeau. À partir de maintenant, je peux dire que je suis un artisan de cette culture.» Il reconnaît également que ce trophée est un bon argument de vente, tant pour ses spectacles que son premier album, Rite de passage. «Ça donne un deuxième souffle à la tournée, et l’album va continuer de remplir les oreilles du monde. C’est vraiment important dans ce milieu-là, de se donner du temps pour écrire un 2e album, épuiser tout ce qu’il y a à épuiser avec ses 13 premières chansons-là. Ça va très certainement m’aider pour le reste de ma carrière.»