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Encadrer la densification : que proposent les citoyens ?

le jeudi 28 janvier 2021
Modifié à 11 h 29 min le 26 août 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Les impacts de la densification préoccupent visiblement de nombreux Longueuillois. Les commentaires et recommandations contenus dans les documents reçus dans le cadre des consultations publiques sur le sujet totaliseraient pas moins de 300 pages. Le Courrier du Sud présente ici les grandes lignes de trois de ces mémoires.

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Cohérence Lyette Bouchard, Ève Tessier-Bouchard et Pierre Olivier Bureau-Alarie dressent 17 recommandations dans leur mémoire Pour un urbanisme cohérent.

L’enjeu de la cohabitation est au cœur des craintes entourant le redéveloppement. Sur la photo, un exemple dans l'arr. de Saint-Hubert[/caption] Parmi les inquiétudes majeures soulevées figure la démolition de maisons unifamiliales en bon état, au profit parfois de «multiplex grotesques qui changent complètement l’âme des rues», critiquent les auteurs du mémoire.

La création d’un comité de démolition qui évaluerait les demandes durant la période transitoire avant la révision du plan d’urbanisme, ainsi que la production de guides d’accompagnement, tant pour les citoyens que pour les promoteurs, sont suggérées.

Le mandat des Comités consultatifs d’urbanisme des arrondissements pourrait aussi être élargi «pour assurer un meilleur contrôle de l’implantation et de l’architecture de tous les projets de transformations et de construction».

L’abattage d’arbres matures est aussi ressorti comme une grande préoccupation citoyenne. Il est entre autres proposé d’autoriser l’abattage seulement s’il est appuyé de la recommandation d’un expert et d’augmenter le nombre d’arbres à planter pour chaque nouvelle construction. Mmes Bouchard et Tessier-Bouchard ont créé en octobre le groupe Facebook Résident.e.s de Longueuil pour un urbanisme cohérent.

Le mémoire est appuyé par plusieurs commentaires transmis par des citoyens qui se sont exprimés dans ce groupe.

Pour le patrimoine modeste

Si le débat s’est beaucoup articulé autour de la protection des maisons familiales, Louise Levac, citoyenne et géographe, et Mario Petrone, architecte et architecte paysagiste, prônent plutôt dans un mémoire commun la coexistence de divers modèles résidentiels.

«Or, c’était précisément la force des anciens secteurs ouvriers pour le sort desquels des citoyens s’inquiètent.» Les deux auteurs demandent : que veut-on préserver du patrimoine modeste? Mme Levac et M. Petrone identifient certains secteurs particulièrement concernés par les problèmes que la Ville souhaite régler : les anciens territoires de Ville Jacques-Cartier, de Montréal-Sud, de Mackayville-Laflèche, ainsi que le secteur Le Moyne, l’arr. de Greenfield Park et le cœur villageois de l’arr. de Saint-Hubert.

Certaines résidences unifamiliales de ce qui était Ville Jacques-Cartier pourraient être transformées plutôt que détruites, en devenant par exemple des maisons intergénérationnelles ou en étant adaptées pour offrir des services à la communauté.

«Cela permettrait de valoriser cette banlieue ouvrière singulière qui représente l’essentiel du territoire du Longueuil d’avant les fusions, soulignent Mme Levac et M. Petrone. […] Le paysage de certains de ces secteurs, tels Coteau-Rouge, Fatima ou même Bédardville, comprend à la fois un patrimoine modeste vivant et les traces des milieux de vie complets qui les caractérisaient dans les années 1950 et 1960.»

Afin d’éviter que des aînés se retrouvent sans possibilité de vendre leur demeure modeste, ils suggèrent que la Ville offre des subventions «substantielles» aux futurs acheteurs, à la condition que le bâtiment soit conservé. Selon eux, il y a également urgence de dresser un inventaire du patrimoine modeste.

Réduire la dépendance aux taxes foncières

Dans son mémoire, le porte-parole de Québec solidaire de Marie-Victorin Carl Lévesque met en lumière la dépendance à l’accroissement du marché immobilier des municipalités, dont 70% des revenus proviennent des taxes foncières. «Nous encourageons donc la Ville de Longueuil à poursuivre ses efforts afin d’obtenir une modification en profondeur du pacte fiscal des villes», relève M. Lévesque.

Une nouvelle forme de taxation sur la propriété foncière basée sur l’usage de chaque propriété et sur «la valeur foncière totale détenue à l’échelle nationale par une personne physique ou morale» pourrait aussi être considérée.

Par ailleurs, M. Lévesque insiste sur la préservation du patrimoine et croit qu’une collaboration avec la Société d’histoire de Longueuil et la Société historique et culturelle du Marigot permettrait de mieux cibler ce qui doit être conservé. L’impact des démolitions-reconstructions sur le prix médian des loyers et des propriétés d’un quartier affecte la population locataire à faible revenu, s’inquiète-t-il aussi.

C’est pourquoi il prône entre autres des investissements majeurs en logement social et la mise en place d’un registre national des loyers.