Actualités
Société

Expérimenter les inégalités sociales le temps d'un dîner

le mercredi 18 octobre 2017
Modifié à 15 h 01 min le 18 octobre 2017
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

PAUVRETÉ. À l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, une cinquantaine de personnes se sont prêtées à une expérience à portée sociale en participant au Buffet des inégalités, organisé par le Regroupement anti-pauvreté de Saint-Hubert (RAPSH). Les organismes ont convié population et élus à ce dîner «jeu de rôle» qui s'est déroulé dans le pavillon du parc de la Cité, dans l'arr. de Saint-Hubert. Chaque participant a reçu à son arrivée une fiche descriptive de sa nouvelle identité. Une enveloppe contenant de l'argent (ou non) était remise en fonction du statut social du personnage; ce qui déterminait par la même occasion ce que le participant pouvait mettre dans son assiette …ou non. Dans la peau de l'autre Inspiré du concept du Collectif pour un Québec sans pauvreté, ce jeu de rôle a permis à chacun de pouvoir s'exprimer a posteriori sur leur expérience. Par exemple, ceux ayant reçu une carte «riche entrepreneur» ont pu jouir d'un montant de 250 «faux» dollars. Ils avaient donc le choix de se servir copieusement au buffet – tout en étant sensibilisés au gaspillage. Ils avaient aussi l'opportunité de donner à un voisin moins avantagé qu'eux, ou bien de gérer un budget et d'investir l'argent dans des projets divers. Les participants ayant des personnages vivant des situations économiques plus difficiles, comme ceux de «la mère monoparentale sans emploi» ou de «l'itinérant», recevaient peu ou pas du tout d'argent. Ces derniers devaient alors prendre le temps de réfléchir à cette condition. La façon aléatoire de distribuer ces rôles a ajouté une réflexion intéressante à cette expérience sur le thème des inégalités. «On voulait pousser la réflexion plus loin cette année et faire vivre aux gens les inégalités, le temps d'un repas, explique la directrice générale du Centre d’action bénévole de Saint-Hubert Aurélie Condrain-Morel. L'objectif était de sensibiliser aux enjeux de la répartition des richesses, aux injustices sociales et au gaspillage.» La politique s'invite Les trois candidates à la mairie de Longueuil, Sadia Groguhé, Sylvie Parent et Josée Latendresse, s'étaient déplacées pour l'occasion, accompagnées de quelques membres de leurs équipes respectives. L'ex-députée fédérale Sadia Groguhé en a notamment profité pour rappeler sa volonté de mettre en place des assises réunissant les organismes communautaires pour créer un nouveau partenariat permettant le développement social, ainsi qu'une clause incluant du logement social à Longueuil. L'équipe de Sylvie Parent a, quant à elle, souligné que le parti prévoyait un budget de plus d'1 M$ sur quatre ans dans la lutte à la pauvreté. Josée Latendresse s'était également exprimée sur le sujet en proposant d’élaborer une politique-cadre permettant aux villes de l’Agglomération de faire équipe pour le développement social. Une exposition contre les préjugés Pour souligner cette journée, l'exposition Le plaisir: un besoin essentiel pour touTEs a été dévoilée à la bibliothèque Raymond-Lévesque. Elle se poursuivra jusqu'au 29 octobre. Produit par le Collection pour un Québec sans pauvreté, elle vise à combattre les préjugés et propose dix grandes photos alertant notamment de la nécessité de rendre accessible la culture à toutes les bourses. Comme chaque année, la rencontre s'est terminée par une marche dans le parc de la Cité vers le monument du Refus de la misère et une soupe populaire a été partagée.