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« Je pars la tête haute » - Sylvie Parent

le mardi 02 mars 2021
Modifié à 15 h 39 min le 02 mars 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Soulagée. C’est le premier mot tombé en entrevue, au lendemain de la diffusion de la vidéo dans laquelle Sylvie Parent annonçait son départ de la politique municipale en novembre 2021. Et ce soulagement s’entendait dans sa voix. Malgré les diverses secousses qui ont marqué son mandat, «Longueuil a avancé», se réjouit-elle. D’ici là, elle entend faire cheminer les projets qui seront «son legs», au terme de 12 ans d’engagement. Cette décision est le fruit d’une réflexion des derniers jours et semaines. «À partir du moment où c’est absorbé, de le dévoiler, ça donne une autre perspective», souffle la mairesse. Touchée par les nombreux témoignages qu’elle a reçus, elle ressent le sentiment du devoir accompli. «Je pars la tête haute, je suis contente de ce que j’ai fait.» Seulement voilà, elle n’était plus certaine d’avoir l’énergie qu’aurait nécessité un deuxième mandat de quatre ans. «Je ne fais pas les choses à moitié, c’était important de prendre cet engagement pour quatre ans. Alors pour moi, c’est devenu clair : c’était le temps de passer le flambeau.» Son mandat à la tête de la cinquième plus grande ville du Québec n’aura pas été de tout repos. L’ampleur qu’a pris le débat entourant les cerfs du parc Michel-Chartrand, les tensions au conseil municipal et la lourde question du salaire ont-ils contribué à cette décision? «Ce n’est pas tant un événement que l’ensemble des événements. Tu te dis, est-ce que j’ai encore cette volonté de passer au travers d’autres qui pourraient arriver?» Minoritaire Après huit ans comme conseillère municipale, Sylvie Parent a brigué la mairie aux élections de 2017. Elle décrit ce passage comme un saut en parachute. «On est happé! lance-t-elle. On est responsable de tout, on a cette charge 24/7. C’est aussi la préoccupation constante des enjeux à débattre à l’intérieur de la CMM, de l’Agglomération, de l’ARTM.» Que son parti ait été minoritaire et que les débats s’avèrent parfois houleux entre les élus n’ont pas freiné la concrétisation de projets, affirme-t-elle. «Ç’a été une révélation. Je m’attendais à ce que ce soit beaucoup plus difficile, avoue la mairesse. C’est dans l’attitude que ç’a été plus dérangeant. Pas pour faire avancer les projets. […] Mais ça demande plus de temps et d’énergie pour le même résultat.» Mme Parent se désolerait que les gens ne retiennent que les sujets de discorde. Elle retient donc que «Longueuil a avancé», ciblant entre autres le futur complexe aquatique, l’arrivée d’entreprises comme Molson, ainsi que ses actions pour faire de Longueuil un leader régional, nommément un meilleur dialogue avec ses homologues de l’Agglomération. Certains projets prennent toutefois plus de temps à évoluer. La première pelletée de terre du complexe culturel se fait toujours attendre. «On a voulu le mettre à même le développement de Devimco [au centre-ville] et ç’a posé certaines difficultés. C’est pour ça qu’on est revenu à l’idée d’avoir notre propre complexe sur un site à part. Je suis de cette école qui dit qu’on doit parfois prendre le temps.»

«S’il y a un message que je peux transmettre à mon successeur, ce serait ça : Longueuil a tellement un potentiel immense. Il faut voir grand, amener la population et le conseil à voir grand.» -Sylvie Parent
Dernier droit Ses priorités pour les prochains mois seront de travailler au développement de quatre dossiers qui lui sont chers : un mode de transport structurant, la maison des aînés, le complexe culturel et le complexe aquatique. «Ça fait partie de ce que j’aimerais laisser comme legs aux citoyens de Longueuil.» [caption id="attachment_108872" align="alignright" width="348"] Sylvie Parent[/caption] Invitée à s’expliquer sur cette «liberté de parole» que lui confère cette décision de quitter bientôt la politique municipale, Mme Parent anticipe avec enthousiasme de pouvoir se distancer de tout débat partisan. «Parfois, il est difficile au conseil de distinguer ce qui est une bonne décision pour la population du débat politique. Et je n’ai plus ça. J’ai cette aisance à dire : ce que je fais là, ce n’est pas parce que je veux me faire réélire, mais parce que je suis persuadée que ça répond à des enjeux pour la population.» À huit mois du 7 novembre 2021, Sylvie Parent ignore encore ce qui l’attend au lendemain des élections. Pour l’heure, elle ne veut pas se laisser distraire de la fin de son mandat. «Je ne ferme pas de portes, je n’ouvre pas de portes. J’en suis à fermer ce chapitre de ma vie.»  

Grandir

Sylvie Parent demeurera cheffe d’Action Longueuil pour un maximum de 60 jours. Elle refuse de se prononcer sur son éventuel remplaçant à la tête du parti fondé par Caroline St-Hilaire en 2009. «C’est important que les membres et élus s’approprient l’avenir de ce parti. Est-ce qu’il y aura un avenir? Est-ce qu’il n’y en aura pas? C’est à eux de le dire.» Cela dit, elle demeure convaincue de la pertinence des partis politiques au municipal, surtout dans les grandes villes comme Longueuil. «Ça prend des gens qui ont une même vision, à laquelle les citoyens ont adhéré en les élisant. De grandes orientations peuvent être données.» Elle espère que cette ville, qui a atteint un «niveau de maturité», continuera de grandir.    

Le fléau des réseaux sociaux

Sylvie Parent espère que les choses changent à l’égard des réseaux sociaux, lieux d’attaques personnelles et de commentaires haineux. «Je ne les regarde même plus, avoue-t-elle. Ça n’apporte rien. On ne donne pas matière au débat et ceux qui le font, ils se font à leur tour démoniser. C’est un fléau que beaucoup d’élus vivent.» Une virulence qui a mené à des menaces de mort à son endroit, dans le tourbillon entourant le dossier des cerfs. Des propos qui, forcément, ébranlent. «On est des êtres humains, avec une famille, des enfants. Il faut arrêter de penser qu’on est des machines, que ça n’a pas de résonance sur notre quotidien.»