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« La dernière chance » pour le projet de réhabilitation de l’ancienne église anglicane

le lundi 26 octobre 2020
Modifié à 11 h 06 min le 04 juin 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Le sort réservé à l’ancienne église anglicane de la rue Elm préoccupe les Lambertois depuis belle lurette. Si on se fie aux promoteurs Max Dubois et Stéphane Boivin, le projet de réhabilitation s’apprêterait à aller de l’avant, après plus de quatre ans de pourparlers, de plans et d’analyses. Élus et citoyens ont cependant encore beaucoup de questions.

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Insatisfait des plus récents plans, le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) de Saint-Lambert recommandait en juin que le projet soit conservé à l’étude et que les promoteurs lui présentent un dossier plus complet.

Le CCU exprimait entre autres certaines réserves face aux proportions du bâtiment et à son dégagement, aux matériaux choisis, à sa mise en valeur insuffisante de la première église anglicane et de ses éléments patrimoniaux, à son implantation architecturale et à son offre de stationnement.

Des éléments qui trouvaient écho dans une lettre adressée aux membres du CCU en août par six voisins du 263, rue Elm.

Ces résidents sont d’avis que le projet est «inacceptable», tout d’abord par son ampleur qui «contraste violemment avec les quatre maisons patrimoniales du 265 au 271, rue Elm».

Les signataires de la lettre critiquaient également l’emplacement de l’entrée du stationnement, qui «causerait une pollution sonore» et serait «questionnable pour la sécurité des piétons»; l’abattage selon eux inévitable d’au moins cinq arbres matures; et l’usage projeté, «aussi nébuleux qu’irréaliste».

«Dans le dernier tournant»

«On est dans le dernier tournant du projet, indiquait l’homme d’affaires lambertois Max Dubois au Courrier du Sud, au début du mois d’octobre. On a ajouté les stationnements demandés par la Ville et on a élargi la marge latérale à 4,5 mètres plutôt que 3 mètres.»

Le projet de Max Dubois et Stéphane Boivin en est un «d’agriculture urbaine et de souveraineté alimentaire», indique celui qui est également propriétaire de L’Échoppe des fromages.

«Le premier étage abritera un marché d’artisans, expliquait-il. Les espaces de coworking prévus pour les trois autres étages ont été remplacés, comme le concept de coworking ne fonctionne pas en temps de pandémie. Les trois étages sont ainsi déjà loués à des entreprises à long terme.»

Ce changement des espaces de coworking en locaux loués aura un effet positif sur l’achalandage appréhendé dans le secteur. «On baisse ainsi de 80% la circulation automobile prévue», avançait Max Dubois.

Indiquant être «sur la même longueur d’ondes» que les gens de l’église Saint-Barnabas, voisine du projet, Max Dubois indiquait vouloir amener une vie communautaire dans le secteur avec son projet, en organisant entre autres des festivals de films sur l’agriculture urbaine.

«La philosophie communautaire de l’église Saint-Barnabas est le moteur de notre projet», assurait l’homme d’affaires.

Les promoteurs, qui soulignaient avoir une entente de protection des arbres situés sur le terrain, espéraient obtenir le permis de construction en décembre et pouvoir livrer la nouvelle bâtisse en juillet 2021.

Lors de l’assemblée du conseil municipal du 19 octobre, le maire Pierre Brodeur a indiqué que de nouveaux plans avaient été déposés le 16 octobre. «Le CCU va les étudier et remettre son rapport au conseil municipal, qui tranchera.»

 

 

«La dernière chance»

En entrevue au Courrier du Sud à la fin du mois de septembre, le maire Pierre Brodeur affirmait que la Ville tentait d’en arriver à une entente avec le promoteur, qui «doit se conformer aux exigences du Comité consultatif d’urbanisme».

«On a mis les choses très claires. C’est la dernière chance. On veut finaliser ce dossier qui traîne depuis très longtemps.»

Le conseiller du district Loïc Blancquaert se faisait également catégorique au sujet du projet.

«On a fait beaucoup de concessions à la Ville et on s’attend à ce que ce soit la même dynamique du côté du promoteur.»

«Le but de la Ville en vendant le terrain à un prix attirant était de remettre en forme le bâtiment, classé patrimonial, poursuivait le conseiller. Il faut que ce soit respecté et il faut que le reste du projet soit aussi acceptable pour la communauté.»

Le conseiller précisait qu’étant donné le mauvais état du bâtiment, l’option de déconstruire et de reconstruire avait été permise. «Mais certains trucs pointés dans l’acte de vente, comme les vitraux, les arches et les pierres, doivent être conservés.»

«Le Comité consultatif d’urbanisme se plaint amèrement de la situation, des multiples dérogations et de l’effort qui ne vient pas de la part du promoteur, indiquait quant à lui le conseiller et président du CCU Philippe Glorieux, lors de l’assemblée du conseil du mois de septembre. La décision de refuser tout simplement le projet est à deux doigts d’être prise.»

 

Historique du dossier

Construite à la fin des années 1880, l’ancienne église anglicane a été convertie en 1928 et a servi de loge maçonnique jusqu’en 1989, puis de salle de réunions et de réceptions jusqu’en 1998, année où la Ville de Saint-Lambert en a fait l’acquisition, souhaitant lui trouver une nouvelle vocation.

Faisant l’objet de différents projets plus ou moins sérieux au fil des ans, le bâtiment est finalement revenu à l’ordre du jour en mars 2016, lorsque le conseil municipal a accepté l’offre d’achat spontanée de l’homme d’affaires Max Dubois.

Complétée en octobre 2017, la vente, au montant de 160 000$, inclut une clause exigeant que les travaux de construction débutent dans les 36 mois suivants, soit au plus tard en octobre 2020.

Après deux ans de travail pour ficeler sa structure de partenariat et les derniers détails de son projet, Max Dubois s’engageait à l’automne 2019 à déposer ses plans au plus tard au mois de décembre suivant.

En novembre 2019, Stéphane Boivin est devenu actionnaire majoritaire de l’entreprise 9279-9618 Québec inc. Max Dubois y demeure comme deuxième actionnaire.