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La prostitution juvénile profite aux gangs de rue

le mercredi 17 février 2016
Modifié à 0 h 00 min le 17 février 2016

CRIMINALITÉ. Tout comme Montréal, la Montérégie, et plus particulièrement la ville de Longueuil, sont aux prises avec le phénomène de recrutement d’adolescentes par des gangs de rue.

Plusieurs spécialistes estiment qu’entre 100 et 200 adolescentes de 12 à 18 ans de la Rive-Sud seraient actuellement aux prises avec différents niveaux de prostitution juvénile. «Ce chiffre m’apparaît pas mal conservateur, même si c’est difficile d’évaluer l’ampleur de l’industrie du sexe», indique même la criminologue et ex-députée Maria Mourani.

On estime que depuis quelques années, sur la Rive-Sud, environ 300 individus seraient reliés aux différents gangs de rue en activité.

«Industrie» lucrative

«Pour une seule fille, un proxénète se fait facilement jusqu’à 200 000$ par année», poursuit Maria Mourani.

Pour le directeur de la Maison Kekpart, Richard Desjardins, qui travaille auprès de ce type de clientèle, «à Longueuil, un proxénète peut se faire jusqu’à 40 000$ par mois dans cette industrie».

Selon ces intervenants, le recrutement se ferait via internet et dans les centres jeunesse, par des membres de la douzaine de gangs de rue qui seraient en activité à Longueuil. De plus, les proxénètes se trouveraient maintenant près des écoles, des arcades et des parcs.

Mobilis

Maria Mourani trouve déplorable que le projet Mobilis, instauré en 2008 à Longueuil et qui vise à prévenir l’adhésion des jeunes aux gangs de rue, incluant la prostitution et le trafic humain, soit presque disparu.

«Longueuil fait partie des villes ou la prostitution est présente et les autorités choisissent de couper. Avant, il y avait plus de policiers et d’intervenants qui s’occupaient de ces choses là. Maintenant, les centres jeunesse et les corps policiers sont sous-financés pour ces questions-là.»

Pour Maria Mourani, la solution «est de sortir de l’indifférence».

«Il faut lutter contre la banalisation de la prostitution et la pornographie juvénile. Tous les partis manquent de volonté politique pour régler la situation», rappelle celle qui, du temps ou elle était députée, avait proposé la loi C-36 sur les travailleuses du sexe, qui tarde toujours à être appliquée au Canada, de même que la loi C-452 sur les proxénètes, qui n’a besoin que d’un décret pour être adoptée.