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Le budget 2020 divise les élus de l’agglomération

le vendredi 29 novembre 2019
Modifié à 13 h 32 min le 29 novembre 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le budget 2020 de l’Agglomération de Longueuil a été adopté sans l’appui de Brossard, Saint-Lambert et Saint-Bruno-de-Montarville. Une situation considérablement différente de l’année dernière, où le budget avait unanimement rallié les élus. Le budget 2020 s’élève à 377 M$, en hausse de 3,4%. Dans une allocution qui visait non seulement le budget mais aussi les «habitudes à changer» au sein de l’Agglomération, la mairesse de Brossard Doreen Assaad en a appelé à un «vrai travail d’équipe», à une plus grande écoute mutuelle et à une meilleure considération des citoyens de l’ensemble du territoire. Elle considère qu’une hausse de 4,5% de la quote-part pour Brossard, c’est «beaucoup trop», et a ciblé plusieurs décisions qui ont contribué à la forte augmentation des dépenses. «Au service de police, les scénarios d’économies qu’on nous avait présentés ne se sont pas concrétisés, a-t-elle illustré. Le résultat final, c’est que les citoyens vont devoir payer la note.» «La proposition budgétaire 2020 est le résultat d’une gouvernance interne qui mérite d’être améliorée», a-t-elle poursuivi. Elle espère que les processus au sein de l’Agglomération soient transformés, pour une «réelle prise en compte des besoins et une reddition de compte valable». Mme Assaad souhaiterait que davantage de place soit faite aux élus des villes liées, notamment en ce qui concerne les représentations auprès des gouvernements et agences de transport. Le maire de Saint-Lambert Pierre Brodeur a expliqué son opposition par l’échec, malgré «tous les efforts», à réduire les inégalités fiscales que subit sa municipalité et à faire des avancées quant au pacte fiscal. «Je tends la main à mes collègues pour 2020 et tiens à souligner tout l’effort de Mme Parent [...] d’avoir proposé des avancements pour sortir du pacte fiscal. Malheureusement, il faut avoir une majorité. Jouer en équipe, c’est aussi faire des concessions à l’occasion», a-t-il laissé entendre. Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville Martin Murray a affirmé avoir voté contre le budget afin de respecter l’orientation prise par le conseil municipal de sa municipalité, même s’il n’était «pas nécessairement en désaccord». Des budgets impliquant une telle hausse des dépenses seront inévitables, juge M. Murray, étant donné les responsabilités des villes, les attentes croissantes des citoyens à l’égard des services et les investissements nécessaires en infrastructures. Il croit même illusoire de penser déployer des budgets qui suivraient le niveau de l’inflation. Du côté de Boucherville, le maire Jean Martel a admis que ce n’était «pas un budget facile». Car si les citoyens veulent plus de services, ils sont aussi préoccupés par l’impact sur leur compte de taxes. «On cherchait où couper et on ne trouvait pas. Il y a beaucoup de demandes et ç’a un coût.» Alors que Boucherville avait voté contre ce budget à la commission des finances, M. Martel souligne «l’effort ultime» de la mairesse de Longueuil Sylvie Parent d’aller puiser dans les surplus, «ce qui a permis de dénouer l’impasse». Budget de «responsabilité» La mairesse Sylvie Parent a qualifié cet exercice budgétaire de «budget de responsabilité». Elle a rappelé que les quotes-parts des villes liées sont basées sur le potentiel fiscal, qui fluctue en fonction du développement immobilier de chaque ville. «Plus le développement est élevé, plus la quote-part assumée par chacun l’est aussi. C’est juste normal.» Mme Parent est aussi revenue sur les propos de son homologue de Brossard. Selon elle, en votant contre le budget, Mme Assaad s’oppose aussi à des dépenses comme l’augmentation du budget du service de police. «Pourtant, elle est la première à réclamer plus de services policiers sur son territoire», a-t-elle soulevé. La mairesse de Longueuil a admis que 2019 n’aura pas permis de «trouver la solution financière pour donner un répit à Saint-Lambert. Je m’engage devant vous d’y consacrer encore le temps et l’énergie requis pour trouver un dénouement qui sera à la satisfaction de tous.» Quotes-parts Les quotes-parts des villes liées, qui représentent 93% des revenus de l’agglomération, passent de 338,1 M$ à 351,8 M$ (+4%). Longueuil et Brossard sont les deux villes pour lesquelles la marche est la plus haute. Un montant de 2,4 M$ a été tiré des surplus afin de réduire cette hausse des quotes-parts. Cette augmentation sert entre autres à la création de réserves financières – à la hauteur de 780 000$ – pour la gestion de l’eau, afin d’assurer la pérennité de ce service. Le reste des sommes supplémentaires tirées des quotes-parts sert à absorber l’augmentation globale des dépenses de 12,9 M$.

2019 2020 Variation
Boucherville 49,6 M$ 51,2 M$ 3,2%
Brossard 78,7 M$ 82,2 M$ 4,5%
Longueuil 159,3 M$ 167,2 M$ 5%
Saint-Bruno-de-Montarville 28,1 M$ 28,2 M$ 0,3%
Saint-Lambert 22,3 M$ 22,8 M$ 2,5%
  Dépenses en hausse Dans le document du budget 2020, on cible comme principales variations de dépenses l’indexation de la rémunération, les prix des produits chimiques entourant le traitement des eaux ainsi que les contrats de traitement des matières résiduelles; trois facteurs qui totalisent 6,5 M$. Les principales dépenses sont la sécurité publique (153,4 M$), les transports (91,5 M$), l’hygiène du milieu (42,9 M$) et l’administration (34,8 M$). Le budget du Service de police de l’agglomération de Longueuil a été bonifié de 1,2 M$, ce qui inclut le maintien de l’équipe intégrée d’intervention et de soutien aux victimes d’exploitation sexuelle. Les dépenses en hygiène du milieu (eau potable, eaux usées et matières résiduelles) ont quant à elle crû de 3,7%. Le déménagement de la cour municipale se traduit par une dépense de 700 000$. ARTM et transport En matière de transport, les dépenses ont connu un bond de 2,6 M$. De ce montant, la contribution à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a augmenté de 2,1 M$ par rapport à l’an dernier. Le programme Accès 65 hors pointe est un autre élément expliquant l’augmentation des dépenses de transport, alors que sa popularité a bondi de 16%. Le 26 novembre, quatre élus du conseil municipal de Longueuil ont exprimé leur opposition au budget d’agglomération en raison de la contribution que verse l’agglomération à l’ARTM, qu’ils jugent inéquitable. Le montant de 8 M$ avait été évoqué, soit ce que paie «en trop» l’Agglomération depuis la création de l’ARTM. Rappelons que l’ARTM gère l’ensemble des dépenses en matière de transport dans la région. Elle octroie ensuite des contrats de services aux différentes sociétés de transport, comme le Réseau de transport de Longueuil (RTL). Au moment où les villes adoptaient leurs budgets 2018, l’ARTM estimait que la quote-part de l’Agglomération se chiffrait à 88 M$, soit 8 M$ de plus que ce l’Agglomération versait normalement directement au RTL. Ce montant était une estimation, faite à partir d’évaluations préliminaires. Au cours de l’année 2018, l’ARTM a ajusté ses estimations pour réduire ce montant à 84 M$, soit 4 M$ de plus que ce que l’Agglomération consacrait auparavant au transport collectif. Selon les explications fournies par le directeur général de Longueuil Patrick Savard au journal, les montants versés à l’ARTM sont ainsi de l’ordre de 84 M$ en 2018, 88 M$ en 2019, et 91,5 M$ en 2020.