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Le Mirage, un film québécois à voir

le vendredi 18 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 18 décembre 2015
Par Pascal Cloutier

pascal_cloutier@gravitemedia.com

Le Mirage - Étoiles: *** et demie

Cette semaine, deux artistes très populaires au parcours semblable – tous deux ont été portés au-devant de la scène pour leur travail d’humoriste - sont au centre de notre chronique: Louis Morrissette et Patrick Huard.

Le plus réussi des deux films porte d’abord à confusion. Les cinéphiles qui ne s’intéressent pas au cinéma peuvent avoir été bernés par la bande-annonce qui soulignait à grands traits la mainmise de Louis Morrissette sur «Le Mirage».

La présence de Patrice Robitaille, qui joue assez souvent le même personnage de chum sympathique, mais un peu moron, nous laissait croire que ce film était une comédie grinçante à la «Horloge biologique», de Ricardo Trogi, dont il est aussi le réalisateur.

Ce n’est pas loin de la vérité, sauf que ce que décrit le scénario est beaucoup plus dramatique. Morrissette s’attarde au côté sombre de ce que décrit habituellement Trogi. Ce que certains films québécois nous présentent nécessite qu’on s’attarde moins au premier degré qui fait sourire, qu’au second degré qui est beaucoup moins comique. Le film écrit par Morrissette, réalisé par Trogi, observe et distorsionne à peine la réalité que vivent de nombreuses familles tous les jours, ici comme ailleurs.

Il y a dans l’histoire de Patrick Lupien (Morrisette) et de sa femme Isabelle (Julie Perreault) des éléments poignants qui vont jusqu’à déranger le spectateur. La proximité de la réalité crée une sorte de malaise et une curiosité qui l’emporte sur le premier sentiment que nous sommes un peu voyeurs. Aller au bout de cette histoire banale d’un gars dans la quarantaine qui se remet en question devient nécessaire et plusieurs regretteront de s’y être rendus.

Patrick, entraînera sa famille, son entourage et ses amis dans le mur! Le meilleur ami, interprété par Patrice Robitaille, et sa femme jouée de bien belle façon par une Christine Beaulieu qu’on ne connaissait pas ou trop peu ne seront pas épargnés non plus.

On voit dans les films ce que l’on veut bien voir. Ici l’éclatement d’une famille à cause de la remise en question d’un de ses membres est à l’avant-plan. Mais le réel sujet de cette heure et quarante, c’est ce monde malsain de consommation dans lequel nous vivons.

Les textes, parfois crus, s'expliquent par la présence du talentueux François Avard. Une équipe de rêve finalement qui nous offre un film sans éclats, mais très réussi.

Ego Trip

Étoiles: * et demie

Ego Trip n’a pas l’étoffe de ce que le cinéma québécois nous offre habituellement. Des films pas très drôles, des productions bancales, des scénarios trop ordinaires, il y en a de moins en moins. Mais parfois, on nous propose un film à consommer rapidement qui ne laissera pas grand marques derrière son visionnement.

C’est le cas d’Ego Trip, de Benoit Pelletier, mettant en vedette Patrick Huard. Épaulé par Guy Jodoin, Antoine Bertrand, Gardy Fury et autres Marie-Ève Milot.

Un animateur de talk-show québécois, Marc Morin (Huard), ne sait plus à quel saint se vouer pour que sa carrière reprenne son envol. Son agent (Bertrand) ne sait plus, lui non plus. Un jour, on propose à Marc, parce que la vedette de l’heure n’est pas disponible, de se rendre en Haïti pour un voyage humanitaire.

Ce qui aurait pu être intéressant devient maladroit. Maladroit à un point tel qu’on ne réussit pas à nous faire aimer cet animateur imbu de lui-même. C’est, dans ce genre de scénario, le but ultime, le seul en fait qui pourrait donner une colonne vertébrale à ce film mou et sans saveur.

Les quelques apparitions surprises de certains membres de l’équipe TVA ne réussissent pas non plus à nous étonner. Quelques répliques sont juste assez abrasives pour qu’on les trouve drôles sur le coup, mais il est impossible de les retenir.

Inutile, cette comédie échoue aussi à nous émouvoir de la situation qui perdure chez nos amis d’Haïti. Ce qui n’est pas drôle non plus.