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Mort de George Floyd: « Ça prend des actions concrètes, rapides et qui perdureront », croit le directeur du SPAL

le vendredi 05 juin 2020
Modifié à 13 h 04 min le 05 juin 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

«Dégradant. Répugnant.» Voilà les premiers mots qui viennent à la bouche du directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) Fady Dagher quand il est question de la mort de George Floyd, décédé lors d’une opération policière à Minneapolis le 25 mai. À LIRE AUSSI: Patrice Bernier victime de profilage racial «J’ai été profondément heurté en tant qu’humain et en tant que policier, explique le chef du SPAL. Ce sont des actions qui font extrêmement mal à la profession policière.» Interpellé par quatre agents alors qu’il se trouvait dans sa voiture, George Floyd a été menotté et maintenu au sol pendant de longues minutes par la pression du genou de l’agent Derek Chauvin sur son cou, entraînant sa mort. «C’est une technique que je n’ai jamais vue en 29 ans comme policier», affirme M. Dagher. L’agent Chauvin fait aujourd’hui face à une accusation de meurtre au second degré et les trois autres policiers impliqués ont été accusés de complicité. «Ça prend des actions concrètes qui perdureront» Celui qui a déclaré sur les ondes de TVA qu’il serait le premier à mettre un genou par terre en appui aux gens qui manifesteraient à Longueuil se dit encouragé par «la mosaïque» que l’on voit dans la foule des manifestants. «Je trouve ça extrêmement encourageant de voir qu’il y a beaucoup de jeunes qui manifestent, affirme-t-il. Ce ne sont pas non plus seulement des personnes noires, mais toute une mosaïque d’origines.» Une mixité de cultures et d’âges qui augure bien pour l’avenir, selon lui. Mais pour que les choses changent en réponse à toute cette indignation, «ça prend des actions concrètes, rapides et qui perdureront dans le temps. Pas juste un feu d’artifice.» Fady Dagher ajoute qu’il a été ému du courage de ses confrères et consœurs américains qui ont choisi de mettre un genou par terre en signe d’appui aux manifestants. «Derrière l’uniforme, il y a un humain sensible et qui a été choqué par ce qu’il a vu.» Miser sur l’intelligence émotionnelle Le directeur du SPAL est bien connu pour son approche différente et novatrice. Depuis son arrivée en poste à Longueuil en 2016, il a multiplié les actions pour changer la culture policière en misant sur la prévention plutôt que sur la répression. «La répression va toujours exister, mais il y a tellement de choses à faire avant d’y arriver», soutient Fady Dagher. À LIRE AUSSI: Incursion dans l'univers du SPAL Le directeur a entre autres mis sur pied le projet Immersion, qui a plongé trente policiers pendant cinq semaines dans des réalités qu’ils connaissaient peu ou mal, comme celles des femmes voilées, des gens ayant des problèmes de santé mentale ou des sans-abris, sans leur uniforme et sans leur équipement. «On a aussi revu les critères d’embauche, la formation à l’entrée, les agents qui prennent les nouveaux en charge, les évaluations de compétence et le plan de relève, explique M. Dagher au Courrier du Sud. L’intelligence technique est toujours importante, mais on valorise encore plus l’intelligence émotionnelle.» Ainsi, un candidat provenant du milieu communautaire sera autant sinon plus intéressant pour le SPAL qu’un autre qui arrive du monde militaire. «On ne mise plus juste sur le savoir-faire, mais aussi sur le savoir-être.» Cette volonté de changement ne fait évidemment pas l’affaire de tous au sein des forces policières. «La résistance au changement, c’est très humain, et on la voit partout, pas juste au SPAL, soutient Fady Dagher. On ne pourra jamais faire l’unanimité. Mais je suis vraiment fier de mes policiers. Pour le programme Immersion, on a procédé par volontariat et même si tout le monde me disait que ça ne fonctionnerait pas, environ la moitié de mes patrouilleurs ont levé la main pour y participer. Pour moi, c’est très très prometteur.»