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Ils portent un chandail en mémoire de Simon Dufour et se font rappeler à l'ordre

le mercredi 29 novembre 2017
Modifié à 15 h 47 min le 29 novembre 2017
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

Lundi, quelques élèves de l'école secondaire André-Laurendeau avaient lancé une initiative en hommage à leur camarade de classe Simon Dufour, disparu tragiquement le 23 novembre. Pour dénoncer l'intimidation que ce dernier subissait, ils s'étaient vêtus en noir avec une touche de mauve. Or, pour certains d'entre eux, il a fallu ôter ces vêtements, jugés non réglementaires par l'école. Mayä connaissait bien Simon Dufour. Très affectée par son suicide, la jeune fille, qui avait alerté à plusieurs reprises des adultes de l'école sur la situation d'intimidation que vivait son ami, avait confectionné avec sa mère un chandail aux couleurs de la lutte contre l'intimidation. Tout en respectant le port du polo imposé par l'école, Mayä était fière de pouvoir exprimer son soutien à la famille du défunt, ce lundi matin. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'une surveillante lui a demandé de retirer son chandail. «Le matin, je suis arrivée avec mon polo colorié et je l'ai porté sans problème, raconte Mayä. Mais à la pause, une surveillante est venue me dire de l'enlever parce qu'il n'était pas réglementaire. J'ai dit que non, je ne l'enlèverai pas, que c'était mon ami qui était mort.» Plusieurs élèves auraient, comme elle, dû garder leur veste pour couvrir des vêtements considérés non réglementaires. «J'y suis allée avec mon cœur et j'ai gardé le polo pour que tout le monde puisse le voir», ajoute-t-elle. La surveillante lui a alors inscrit un manquement à son dossier. «Plusieurs de mes amis n'en revenaient pas, poursuit Mayä, qui se rappelle avoir appelé sa mère en pleurs pour lui expliquer la situation. Ça n'a pas de sens de vouloir empêcher la liberté d'expression.» La mère a d'ailleurs réagi vivement sur les réseaux sociaux lundi pour dénoncer le geste. «Est-ce qu'on peut juste laisser ces enfants dénoncer cette intimidation-là?, a alerté la mère en entrevue avec Le Courrier du Sud. C'est une journée pacifique, où on supporte une cause sans violence ni grève», a ajouté cette dernière qui regrette que dans la classe de sa fille aucun intervenant ne soit venu discuter du drame, vendredi et lundi. Depuis l'incident, l'école a contacté les familles et a retiré le manquement au dossier de Mayä. «D'après la direction, ce n'était que le cas isolé d'une surveillante qui n'avait pas "reçu ou bien compris" qu'elle ne devait rien dire au sujet des tenues des élèves, a commenté la mère de famille, mardi soir.» L'école rectifie le tir et invite à la tolérance Selon la responsable des communications de la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV), Catherine Giroux, l’école a été très surprise d’apprendre que la jeune fille avait eu un manquement «puisque la consigne donnée au personnel, lundi matin, était d’être tolérant à l’égard des vêtements en soutien à l'élève décédé». La direction a réitéré mardi soir à son personnel «ce message de tolérance à l'égard du code vestimentaire pour la semaine», selon Mme Giroux. Par ailleurs, les mesures d’accompagnement semblent avoir été renforcées auprès de tous les élèves. «On fait face à une situation complexe, a commenté la directrice de l'établissement, Nadia Caron. On est en train d'analyser notre façon de faire et de soutenir les gens en deuil. Nous avons invités nos intervenants à faire plus de sensibilisation. Des parents avaient effectivement été contactés au sujet des polos et nous avons retiré le manquement qui avait été mis au dossier de l'élève. Notre priorité est d'offrir de l'accueil et du soutien à ceux qui en ont besoin.» Du soutien psychologique en sous-groupe et du soutien individuel ont été offerts par différents intervenants du CLSC et d’agents préventionnistes du Service de police. Les élèves du programme de musique-études Jazz-Pop ,que fréquentait Simon, ont été rencontrés de façon plus particulière. Appel aux témoignages Dans un message publié sur les réseaux sociaux, la sœur de Simon, Karine Dufour, a quant à elle supplié les élèves et parents de témoigner et dénoncer les intimidateurs à la police. Elle mentionne que dans le processus d'enquête policière, les parents ont déjà donné des noms de personnes qu'ils soupçonnaient. «Parlez aux policiers, clame-t-elle. Si d'autres élèves vous menacent, sachez que vous serez plus en sécurité avec les policiers qu'avec ces jeunes-là. Si vous êtes plusieurs à les dénoncer, ils ne pourront rien contre vous. Ils seront pris en charge sérieusement pour une fois.» L'enquête du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) devra déterminer le contexte dans lequel le jeune homme de 15 ans s'est enlevé la vie en se jetant sous un train de banlieue, le 23 novembre. Les intimidateurs pourraient faire face à des accusations criminelles. La famille de Simon Dufour recevra parents et amis le 30 novembre, de10h à 20h, à la Coopérative funéraire de Longueuil, au 635, boul. Curé-Poirier Ouest.