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« Je voulais donner un look 2017 à mes histoires » -Bertrand Raymond

le mardi 16 janvier 2018
Modifié à 14 h 41 min le 16 janvier 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Le chroniqueur revient sur la sortie de son carnet de souvenirs

Sur les traces des joueurs du Canadien pendant cinq décennies, Bertrand Raymond en a raconté des histoires, de sa dactylo à son ordinateur portable. Maintenant à la retraite, le chroniqueur de renom résidant à Longueuil commente la sortie du carnet de ses souvenirs, sur les tablettes depuis septembre. Le livre 50 ans parmi les géants – Le carnet de mes souvenirs est une initiative d’abord encouragée par ses «chums» journalistes qui lui suggéraient de coucher sur papier certains moments de sa carrière. «Des collègues me disaient que ce serait une bonne idée, avance Bertrand Raymond. J’ai fini par m’y mettre.» La préface signée de la plume du très lu Patrick Lagacé était incontournable. Si le scribe de La Presse avait refusé sa demande, M. Raymond affirme qu’il n’y aurait pas eu de préface à son ouvrage. «Quand tu es journaliste, c’est bon que ta préface soit écrite par un vrai journaliste. Tu sais qu’il l’a vécu, lui aussi.» Dépoussiérer les souvenirs Dans de courts chapitres de quelques pages chacun, près d’une quarantaine de souvenirs sont étalés, détaillés, dont quelques-uns relatant la vie privée de Bertrand Raymond. Il ne s’y attarde pas, un passage obligé dirait-on, malgré les drames qu’ont été la perte de ses parents − la veille de son mariage, de surcroit −, et celle de son frère six ans plus tard, tous deux dans des accidents de voiture; des circonstances horribles. L’auteur ne croit toutefois pas avoir laissé de côté d’événements importants, rappelant ses débuts à Chicoutimi et l’aspect humain que ces expériences ont fait grandir chez lui. «Quand tu écris une biographie, tu ne peux pas passer à côté d’où tu viens et pourquoi tu fais le métier. J’ai raconté ce que j’avais à raconter et comment j’avais vécu les événements», explique l’homme à la grande carrière, qui a été intronisé au Temple de la renommée du hockey dans les années 1990. Le septuagénaire a dû revisiter plusieurs articles et entrevues qu’il avait lui-même oubliés, y ajoutant également des primeurs découvertes lors d’entretiens récents. Cet exercice de mémoire a permis de «donner un look 2017» à ses histoires et de tirer les vers du nez à certaines connaissances. «Selon moi, le chapitre le plus marquant, c’est celui où Serge Savard parle de sa relation avec Ronald Corey et de comment il avait accepté des offres salariales moindres pour demeurer dans l’organisation du Canadien, chose qu’il n’avait jamais dite», raconte M. Raymond. L’auteur de milliers de chroniques répertorie également les passages hautement critiqués de plusieurs figures de proue du Tricolore au cours de ses années de service, tels que Patrick Roy, Réjean Houle, George Gillett et son bon ami Jacques Demers. Il se remémore également le grand Jean Béliveau, les frères Richard, sans oublier les Olympiques, la boxe, le baseball et autres événements marquants qu’il a couverts, en partie sous les ordres de son mentor Jacques Beauchamp. Retraite prématurée Impossible de passer sous silence le dernier chapitre, dans lequel il fait part de ses états d’âme à propos du lock-out dans les bureaux du Journal de Montréal, en 2009, qui a précipité sa retraite. «J’avais l’intention de ralentir, mais j’avais encore le feu sacré, avoue-t-il. Ce n’était pas un livre de règlement de compte, mais juste quelques paragraphes à la fin que je ne pouvais oublier. Ç’a été un des coups les plus durs de ma carrière, mais ça ne se voulait pas pessimiste.» Le journaliste considère dommage que certains médias n’aient relevé dans leurs écrits à propos de son livre que ces derniers passages sur le Journal de Montréal ainsi que celui sur son ancien collègue Yvon Pedneault, qu’il critique d’avoir écrit dans les pages du journal pendant que ses collègues piquetaient. «J’avais une crotte sur le cœur, mais ce n’était pas de l’acharnement, témoigne-t-il. J’ai même refusé d’aborder le sujet au cours de certaines entrevues.» Les médias sous l’enseigne de Québecor ont passé par-dessus la sortie de la biographie du journaliste, qui a pourtant signé textes et chroniques dans leurs pages durant bon nombre d’années. Les projets continuent À 74 ans, Bertrand Raymond demeure dans le milieu en rédigeant une chronique par semaine sur le site rds.ca et en faisant la lecture des journaux. M. Bertrand demeure «un maniaque» du journalisme, pour utiliser ses mots. Il s’adonne aussi à des activités avec ses enfants, tels que les voyages de ski et les événements sportifs. «Tu es chanceux dans la vie quand ton garçon de 40 ans veut encore sortir avec son père, lance Bertrand Raymond, comblé. J’ai suffisamment donné pour avoir un peu de bon temps aussi!» Son éditeur, Hurtubise, est en mode séduction pour qu’il rédige un second livre, ce à quoi songe le principal intéressé.