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Adoption de la convention collective des cols blancs: l’opposition critique le travail de la mairesse

le jeudi 03 mai 2018
Modifié à 14 h 45 min le 03 mai 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

POLITIQUE. L’opposition de Longueuil reproche à la mairesse Sylvie Parent d’avoir «outrepassé» le conseil de ville en apportant directement la convention collective des cols blancs à la séance du conseil d’agglomération de mars, alertant le ministère des Affaires municipales sur ce dossier. Mme Parent se défend en expliquant qu’il aurait été impossible de respecter le délai requis de 72 heures avant la séance pour faire des ajouts à l’ordre du jour. Le délai n’aurait ainsi pu être respecté en regard du moment où la convention a été déposée au comité exécutif et au sein de l’agglomération. «Compte tenu de la dynamique au conseil de ville et le niveau de maturité, j’ai pris la décision de l’amener au conseil d’agglomération, avance-t-elle en entrevue. En ce moment, c’est leur jeu: si ce n’est pas dans les délais, ils refusent. Ç’aurait été reporté d’un mois et ce n’était pas souhaitable.» Mme Parent réitère également n’avoir enfreint ou détournée aucune loi. Elle précise que Brossard, Saint-Lambert et Saint-Bruno-de-Montarville ne déposent pas leurs orientations de ville à l’agglomération. «Les maires ne sont pas liés avec les orientations de leur conseil quand ils arrivent à l’agglomération», souligne-t-elle. Si la plupart des cols blancs touchés par la convention collective travaillent pour la Ville de Longueuil, certains travaillent pour des compétences mixtes, et d'autres pour l'agglomération. Des questionnements qui demandent éclaircissements Comme le révélait Radio-Canada, l’opposition officielle a porté la situation à l’attention du ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du Territoire (MAMOT), adressant une lettre au ministre Martin Coiteux. Plusieurs plaintes auraient été reçues concernant le conseil municipal de Longueuil. Dans cette lettre, le chef de l’opposition Xavier Léger rappelle l’issue serrée du vote du 5 novembre ainsi que la position de majorité de l’opposition. Il estime que les membres du conseil n’ayant pu se prononcer sur la convention collective, «le message des électeurs n’a pas été entendu». M. Léger dit douter que la loi permette réellement à Mme Parent d’adopter à l’agglomération ce qui n’a pas été abordé au conseil de ville. «Et même s’il s’avérait que ce geste soit légalement acceptable, permettez-nous de demander que soit rectifié le tir et corrigé ce vice juridique qui, sans aucun doute, ne reflète pas l’intention du législateur», ajoute-t-il. Il déplore de plus que Mme Parent ait fait fi des propositions des nominations faites au conseil de ville pour les commissions d’agglomération. En alertant ainsi le Ministère, M. Léger espère qu’il fasse la lumière sur ces agissements. Il est d’ailleurs en correspondance quotidienne avec le MAMOT à ce sujet. «On a beaucoup de questionnements sur les procédures. Et nos questionnements sont fondés car le ministère est en train d’enquêter», relève-t-il. Il ajoute par ailleurs que l’opposition ne serait sans doute pas prononcée contre l’adoption de la convention collective. «Mais notre habitude est de poser des questions. Il faut croire que les questions qu’on pose dérangent», insiste M. Léger. Le chef de l’opposition souligne que la convention a été adoptée à un «faible taux de majorité» de 53%. Séances houleuses Depuis novembre, les séances du conseil s’étirent sur plusieurs heures. En avril, l’assemblée a dû se poursuivre le lendemain matin, pour une durée totale de sept heures. Selon Sylvie Parent, ce sont les «chicanes internes» et principalement les nominations qui sont la source des débats interminables. Elle accuse l’opposition de constamment revenir sur certaines nominations et d’avoir longtemps refusé, par exemple, que le conseiller Tommy Théberge siège au C.A. du Réseau de transport de Longueuil. «Et les nominations, ça ne sert pas les citoyens», indique-t-elle. Si Mme Parent a affirmé que 41 des 50 postes au sein des différentes commissions de Longueuil sont occupés par l’opposition, Xavier Léger croit que «c’est notre voix de la majorité des citoyens» et rappelle que c’est le comité exécutif qui, «ultimement, décide». M. Léger reproche d’ailleurs à Mme Parent une «concentration marquée du pouvoir» au sein du comité exécutif. «Encore trop de décisions à Longueuil se prennent derrière des portes closes au comité exécutif, où les élus de l'opposition sont mis devant les faits accomplis», avait-il indiqué par voie de communiqué. Longueuil Citoyen avait refusé un siège au comité exécutif car selon M. Léger, la mairesse exigeait de ce membre de l’opposition qu’il vote dans le même sens qu’elle pour l’ensemble des décisions. Une condition à laquelle l’opposition avait refusé de se plier. Du côté du MAMOT, on confirme que «des plaintes concernant la Ville de Longueuil sont en cours de traitement». La nature des plaintes ne peut toutefois être dévoilées étant donné la confidentialité du processus. Dans le cas où une plainte démontre qu’une application d’une loi sous la responsabilité du ministère est en cause, le Commissaire aux plaintes transmet ses recommandations à la municipalité. «Lorsqu’une plainte est fondée, le suivi des recommandations est assuré par la direction régionale du Ministère dont relève la municipalité en cause.»