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Aéroport de Saint-Hubert: les silencieux se font toujours attendre

le jeudi 27 juillet 2017
Modifié à 0 h 00 min le 27 juillet 2017
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

BRUIT. Conformément à l’entente hors cour sur le problème de bruit à l’aéroport de Saint-Hubert, Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L) a rappelé à ses pilotes en mai que les avions faisant des posés-décollés de la piste 24G après 20h devaient dorénavant être dotés de silencieux. Or, la mesure n’a pas été appliquée, car Transports Canada a rapidement retiré cet avis; une décision que peinent à comprendre les résidents riverains.

L’entente hors cour signée en octobre 2015 donnait un an aux écoles de pilotage pour doter de silencieux leurs avions qui circulent sur la piste 24G. La mesure s’appliquant à l’horaire d’été, le délai arrivait à échéance en mai dernier. À partir de ce moment, les manœuvres de posé-décollé n’étaient plus autorisées sans silencieux après 20h, à partir de la 24G.

Aux environs du 9 mai, DASH-L a émis un avis aux pilotes (notam), rappelant la mise en vigueur de cette mesure. Transports Canada l’a cependant rapidement retiré, faisant en sorte que les avions sans silencieux continuent de voler après 20h.

«On a suivi l’entente hors cour, relate le directeur général de DASH-L, Michel Beaudoin. Mais Transports Canada est la plus haute instance, elle est en droit de retirer l’avis aux pilotes ou pas.»

DASH-L n’a pas été préalablement avisé par Transports Canada du retrait de l’avis.

Respect de l’entente

Transports Canada affirme néanmoins qu’elle «a respecté et respecte toujours les modalités de l’entente».

«Transports Canada a demandé à DASH-L que le notam soit retiré car en vertu du Règlement de l’aviation canadien, la décision d’imposer des mesures d’atténuation du bruit revient à Transports Canada», explique Pierre Manoni, de l’unité des relations avec les médias de l’organe fédéral.

M. Manoni rappelle que Transports Canada a pris des mesures d’atténuation de bruit en vigueur et que les parties à l’entente doivent en respecter les obligations, notamment les horaires des manœuvres de posé-décollé. «Toutefois, il n’est pas du ressort de Transports Canada de veiller au respect d’une entente entérinée par la Cour supérieure», précise-t-il.

Mise au fait de la situation, la mairesse Caroline St-Hilaire a envoyé une lettre au ministre des Transports, Marc Garneau, le 20 juin.

«Plutôt que de s’adresser aux tribunaux, ce qui signifie des recours longs et coûteux, Longueuil a choisi de s’adresser au ministre des Transports afin qu’il fasse respecter l’entente», évoque le porte-parole de la Ville, Louis-Pascal Cyr.

Seul un accusé de réception a été reçu. «Compte tenu de la période estivale, nous nous attendons à recevoir une réponse formelle bientôt», évoque M. Cyr.

Des silencieux d’ici la fin du mois

Avis aux pilote ou pas, Michel Beaudoin précise que le «problème majeur» est que les silencieux pour les appareils ne sont pas encore disponibles.

«Les écoles sont de bonne foi. Elles nous disent: "On veut bien se conformer, mais on n’a pas de silencieux"», relate M. Beaudoin.

Un problème qui devrait être résolu sous peu, alors que des silencieux, homologués le 31 mai, devraient être livrés d’ici la fin de juillet. «On a hâte de recevoir la première livraison!» concède M. Beaudoin. Deux autres modèles devraient également être disponibles dans les prochaines semaines.

Le président de DASH-L estime que Transports Canada a offert une «très bonne collaboration» dans ce dossier. «Ça prend du temps, homologuer des silencieux. Ils en ont fait leur priorité numéro un», se réjouit-il.

Incompréhension des résidents

Le problème du bruit à l’Aéroport de Saint-Hubert ne date pas d’hier, alors que la lutte des résidents riverains se poursuit depuis 2008, rappelle la présidente du Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L), Johanne Domingue.

Croyant que l’entente hors cour avait permis de régler le problème, Mme Domingue ne cache pas son exaspération. Elle confirme aussi que plusieurs résidents du secteur ont bel et bien remarqué – non sans mécontentement – les avions volant sans silencieux après 20h.

«Les écoles avaient trois ans pour équiper leur flotte. On se disait "Parfait, au moins quelques avions seront équipés en mai 2017". Mais en cours de route, ils ont changé trois fois de compagnies de silencieux», se désole-t-elle.

La question qui demeure, aux yeux de Mme Domingue, est pourquoi Transports Canada a retiré l’avis aux pilotes.

«Qu’est-ce qui a motivé Transports Canada? On ne le sait pas, s’insurge-t-elle. Le jugement obtenu en 2015 faisait suite à une entente de toutes les parties, incluant Transports Canada!  Mais il a fait fi de DASH-L et de cette décision de la cour supérieure. Transports Canada vient d’envenimer le problème qui avait été réglé avec tous les intervenants.»