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Centre Alpha Tutorat: deux entrepreneures invitent les jeunes à “oser réussir”

le mardi 06 mars 2018
Modifié à 16 h 06 min le 06 mars 2018
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

PORTRAIT. Martine Audate et Valérie Heurtelou avaient en commun la passion de l’éducation et la volonté d’entreprendre. Soucieuses d’apporter leur pierre à l’édifice de la réussite de jeunes issus de communautés culturelles ou de milieux sociaux différents, elles se sont associées pour fonder le Centre Alpha Tutorat, une entreprise de soutien scolaire basée à Brossard. En plus de vouloir représenter un modèle positif pour les jeunes en tant que femmes entrepreneures d’origine haïtienne, les deux résidentes de la Rive-Sud travaillent à encourager leurs élèves à se dépasser, à avoir confiance en leurs capacités, mais aussi à «oser réussir». Leur entreprise, dont le local est ouvert depuis janvier sur le boul. Taschereau, propose de l’aide aux devoirs dans les matières générales, des ateliers de francisation, des camps de jours et des cours de rattrapage pour les enfants ayant de plus grandes difficultés d’apprentissage. Miser sur les capacités des jeunes «Plus que du soutien scolaire, nous proposons un suivi sur mesure et une écoute attentive des besoins, explique Valérie Heurtelou, qui est diplômée en psychologie et bénéficie d’une expérience de plus de 10 ans dans le tutorat scolaire. On cherche à connaître l’historique scolaire du jeune et sa situation. Nous nous adaptons aussi aux circonstances.» Le Centre Alpha Tutorat accueille déjà une quinzaine d’enfants de tous niveaux chaque semaine et les six intervenants de l’équipe se déplacent également chez les familles.
«Tout ce que je demande au jeune lorsqu’il commence l’accompagnement, c’est de donner son 110% et d’être honnête.  S’il veut se confier sur ses difficultés, cela peut rester confidentiel. L’idée est de tisser un lien de confiance avec lui.» - Valérie Heurtelou
Une rencontre fructueuse Martine Audate et Valérie Heurtelou se sont rencontrées en 2015 alors que Mme Audate, mère de trois enfants, cherchait une tutrice pour son fils de 8 ans qui éprouvait des difficultés à l’école. Après plusieurs tentatives infructueuses en tutorat, elle a finalement rencontré Valérie, alors intervenante en soutien scolaire. «Valérie a fait des miracles avec mon fils. C’est là que mon sens de l’entrepreneuriat s’est réveillé, se souvient amusée Martine Audate, qui a déjà été à la tête de son entreprise avant de s’occuper de ses enfants. Je me suis dit qu’il y avait plein de familles dans ma situation, qui voulaient le meilleur pour leurs enfants et ne trouvaient pas le soutien adapté ou abordable.» La résidente de Chambly a alors proposé à la jeune tutrice de créer leur propre enseigne de soutien scolaire. «J’ai tout de suite trouvé la proposition intéressante, complète Valérie Heurtelou. On demande de plus en plus aux jeunes d’être performants sans tenir compte de ce qu’ils vivent comme pression au quotidien. On s’est dit qu’on voulait proposer quelque chose de solide pour assurer leur développement.» Bouche-à-oreille; porte-à-porte; dépliants publicitaires; réseaux sociaux..., les deux femmes ont investi temps et argent pour concrétiser leur rêve. Les cogérantes souhaitent désormais accueillir une cinquantaine d’enfants dans les prochains mois et étendre leurs services dans la région en ouvrant de nouvelles annexes. Elles envisagent également de parrainer un enfant de milieu défavorisé, qui obtiendrait la gratuité des services. Diversité culturelle: «oser entreprendre»
«La première fois que je suis partie en affaires, on m’a dit que je ne réussirais pas, que ça allait être compliqué parce que j’étais Noire. Mais ça ne m’a pas empêché de me lancer. Je crois qu’il faut justement encourager les initiatives. Et de l’autre côté, il faut savoir se prendre en main et oser entreprendre.» - Martine Audate
Les deux entrepreneures témoignent du « trop peu » de représentations positives issues de la diversité culturelle ou de la communauté noire dans le paysage médiatique et entrepreneurial québécois. Selon Martine Audate, les jeunes issus de l’immigration ont tout particulièrement besoin de ces modèles. «Les personnes immigrantes veulent souvent que leurs enfants s’intègrent rapidement. Ils investissent la sécurité et la réussite scolaire. Mais ça prend aussi des exemples concrets de réussite», ajoute-t-elle. «Je veux m’impliquer dans la communauté québécoise parce que c’est la mienne, poursuit Valérie Heurtelou. Je suis née ici et je suis ici pour rester. La deuxième ou troisième génération issue de l’immigration haïtienne, c’est aussi à nous de faire notre place en proposant des modèles positifs qui font avancer notre société. Et il ne faut pas avoir peur de se montrer.» Celle qui se dit chanceuse d’avoir réussi et poursuivi les études qu’elle visait veut ainsi encourager les enfants «à réaliser leurs rêves, tout en leur montrant qu’il faut travailler fort pour y parvenir.» Les deux femmes d’affaires comptent ainsi se présenter au Gala Dynastie, qui a lieu durant le Mois de l’histoire des Noirs et célèbre l’entreprenariat ainsi que l’excellence au sein de la communauté noire du Québec.