L’événement a beau s’être déroulé le 25 février, Cendy Jeannis ne décolère pas. La femme noire a été arrêtée alors qu’elle voulait porter plainte face à un voisin. «Ce n’était pas la police ce soir-là. Je les ai appelés parce que je voulais de l’aide et on m’a mise en état d’arrestation», déplore la Longueuilloise qui se dit victime dans cette affaire.

La Longueuilloise revenait à son appartement avec son fils aîné, raconte-t-elle. Incapable de se stationner correctement dans un espace en raison de la neige, elle aurait cogné dans la vitre du véhicule d’un voisin – «que je n’avais jamais vu de ma vie» – pour lui demander de déplacer sa voiture afin de lui donner une marge de manœuvre.

La situation aurait dégénéré immédiatement. Le voisin aurait baissé sa vitre pour lui hurler: «Mon astie de N, tu touches à mon char, je vais te casser la gueule». Il l’aurait également menacée avec un poing et aurait agrippé sa portière.

«J’ai eu peur. Je me suis réfugiée dans ma voiture et j’ai appelé la police», dit-elle.

Son fil aîné se serait interposé à un certain moment. Il se serait fait insulter à son tour en se faisant traiter notamment d’«astie de gros gorille». Il aurait également été victime d’insultes.

Mme Jeannis allègue que les policiers, une fois sur place, ont refusé de prendre sa plainte contre son voisin. Ils l’auraient arrêtée au moment où elle s’en allait au poste de police pour ce faire. Elle a été accusée de menaces et a un interdit de contact avec son voisin. Elle comparaîtra prochainement.

«C’est assez préoccupant de voir une femme noire traitée comme une criminelle après avoir fait face à des actes de racisme et de violence.»

-Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales

Version du Service de police

Le SPAL confirme que deux policiers sont intervenus ce soir-là pour une dispute entre voisins à la suite d’un appel logé au 911. Il explique les agents ont recueilli les deux versions des citoyens qui ont tous deux «exprimé leur volonté de déposer une plainte contre l’autre personne».

«Les événements ont donc été traités comme un dossier de plainte croisée, rapporte le sergent Francis Charrette. En aucun temps, les policiers n’ont empêché l’une au l’autre des parties de porter plainte.»

Information que réfute Mme Jeannis. «Ils se défendent aujourd’hui et essaient de me faire passer pour une folle, mais ils n’ont jamais sorti leur calepin de notes. Ils m’ont répété en boucle pendant presque une heure que j’allais être arrêtée si je portais plainte», affirme-t-elle.

La police a fait savoir au Journal qu’elle a non seulement mis une femme en état d’arrestation, mais également un homme. Le dossier de plaintes croisées a été soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui décidera si des accusations seront portées.

De son côté, Mme Jeannis a porté plainte en déontologie policière contre les agents. Elle est soutenue dans ses démarches par le Centre de recherche-action sur les relations raciales. Il est possible que cet organisme formule aussi une plainte à la Commission des droits de la personne contre son voisin pour des propos discriminatoires.