Culture

Artiste-invitée du Salon du printemps de l’AAPL: la fougue de VéroniKaH

le vendredi 16 mars 2018
Modifié à 12 h 34 min le 16 mars 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ART. «L’art me sauve la vie.» Les mots sortant de la bouche de l’artiste-peintre de Saint-Bruno VéroniKaH ne sont pas une métaphore. Elle a commencé à peindre lorsque son combat contre l’anorexie – qu’elle mène toujours, depuis 38 ans – l’a conduite à l’hôpital en 2001. Colorées, éclatées et pleines de reliefs, ses œuvres témoignent de cette vitalité, de la joie de vivre retrouvée au moment de la création et de l’extravagance de l’artiste aux cheveux bleus électriques. La douzaine de toiles présentées au Salon du printemps de l’Association des artistes-peintres de Longueuil (AAPL) du 23 au 25 mars – pour lequel VéroniKaH est l’artiste-invitée –  sont à cette image. Si elle sait que son corps «en arrachera toujours», rien de cette détresse ne transparaît dans ses œuvres. «Depuis l’âge de sept ans, je suis en guerre avec moi. Si je pouvais être juste une âme… Quand je peins, je ne suis plus dans mon corps, je ne suis plus une femme, je suis une artiste. Ça n’a rien à voir avec mon sexe, alors que le reste du temps, j’ai la colère d’être une femme», livre-t-elle sans détour en entrevue. Son nom d’artiste – ses toiles sont signées des trois lettres KaH – reste volontairement flou quant à savoir si l’artiste est un homme ou une femme. Sa dernière série d’œuvres représentant des femmes ne relèvent donc pas du hasard. Deux jours avant les dénonciations d’agressions sexuelles contre Harvey Weinstein et ce qui a été le début du mouvement #metoo, VéroniKaH s’était lancée dans cette série grâce à laquelle elle veut «passer un message». Un texte accompagne chacune des toiles et les femmes qu’elles mettent en scène ont leur propre nom. Arrivé à un moment où elle «voulait crever», l’art visuel lui a ainsi offert une deuxième vie. C’est en quelque sorte en retour de ce cadeau que VéroniKaH a offert plus d’une soixantaine de ses œuvres en dons à diverses fondations. Long processus de recherche Alors qu’elle se plaisait d’abord davantage dans l’art abstrait, VéroniKaH a complètement changé de style il y a près de deux ans. «L’abstrait est devenu la grosse mode, et je déteste ressembler aux autres!» lance-t-elle en riant. Elle s’est tournée vers le transfert sur toile. Une technique qui lui exige de consacrer la moitié de son temps à l’ordinateur, l’autre au travail dans son atelier. À partir d’images en noir et blanc, elle crée une combinaison d’images superposées, desquelles elle peut faire des ajouts, modifier l’arrière-plan, etc. La nouvelle image créée est imprimée grand format, sur laquelle elle appose une couche d’acrylique qui permettra de «boire» l’encre et de reproduire cette image sur une toile. «Je mets de la couleur, de la texture. Je me rapproprie cette image que j’ai construite», résume-t-elle. «Ça représente beaucoup de recherche pour arriver à un transfert parfait. Et je me suis aperçu que la perfection n’existe pas! Même la température dans mon solarium avait un impact! Ç’a été trois ans de gossage.» Elle a récemment créé des œuvres – dont sa 3300e! - mettant en scène la ville de New York où elle exposera prochainement. [caption id="attachment_47546" align="alignnone" width="521"] VéroniKaH a inventé une histoire à sa Dame K’abel, une grande reine de la civilisation Maya classique, devenue gouverneure militaire du royaume Wak.[/caption] S’y perdre En créant ses œuvres, VéroniKaH ne cherche pas à susciter des émotions en particulier chez celui qui se trouve devant la toile. Elle fait l’exercice avec ceux qui visitent sa galerie – qui est aussi sa maison – et leur demande d’identifier leurs coups de cœur et les raisons pour lesquelles ces œuvres les attirent. «Certains tombent pile poil sur ce que je ressentais au moment de créer. D’autres non. Mais ce n’est pas important. Quand tu entres dans un musée, tu oublies tout, compare-t-elle. Je veux que les gens s’y perdent. Je veux les faire décrocher de la réalité.» Un vœu pas si loin de son moteur de création. L’expo-vente Salon du printemps de l’Association des artistes-peintres de Longueuil se tient du 23 au 25 mars à la salle Jean-Louis Millette du Théâtre de la Ville. Le vernissage a lieu le vendredi de 19h30 à 21h30. Ouvert samedi et dimanche de 13h à 17h. Activité de peinture en direct avec modèle samedi de 14h à 16h. [caption id="attachment_47547" align="alignnone" width="521"] La Femme Lion[/caption]