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COVID-19

Aux petits soins d’aînés atteints de la COVID-19

le mercredi 29 avril 2020
Modifié à 15 h 13 min le 26 avril 2020
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Les mots courage, grand cœur et dévouement ne sont pas galvaudés quand on parle de Sylvie Lapierre. Depuis le 16 avril, elle soigne les gens atteints de la COVID-19 à la Résidence Notre-Dame de la Victoire, frappée par une éclosion majeure. Normalement auxiliaire familiale à domicile auprès du CSLC Samuel-de-Champlain à Brossard, elle a intégré l’équipe COVID de son CLSC déployée à la Résidence Notre-Dame de la Victoire à Longueuil, dans l’arr. de Saint-Hubert. Cet endroit a défrayé les manchettes quelques jours après son entrée en poste en raison de l’éclosion qui y sévit et de l’important manque de personnel, tombé malade d’un seul coup. Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre a été forcé de le prendre en charge. On compte 46 aînés, soit 92% de la résidence, qui sont touchés par le coronavirus à cet endroit, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux en date du 22 avril. C’est son choix d’aller y travailler. «Je me suis sentie interpelée, dit-elle simplement. Ma belle-mère est décédée de la COVID-19. Je voudrais pouvoir sauver d’autres vies.» Aves ses gants, sa jaquette, ses lunettes de protection, son masque et visière, ainsi que ses pantoufles, Mme Lapierre est sur la ligne de front. Elle travaille exclusivement dans la zone chaude, c’est-à-dire où des patients sont atteints. Au moindre contact physique avec un patient – pour l’aider à se lever, par exemple –, elle doit changer de jaquette. «Je travaille sur les différents étages. Je les nourris, je les change, je les habille. Je prête assistance aux préposés», vulgarise-t-elle. Quand l’occasion se présente, elle permet aux résidents de parler avec leurs proches. Comme dans le cas d’un fils qui a pu le faire avec son père grâce à la fenêtre qu’elle a ouverte pendant quelques minutes.

«Je ne me vois pas comme une héroïne.» - Sylvie Lapierre
Étrangement, la femme âgée dans le début de la cinquantaine n’a pas peur d’attraper la COVID-19. «J’ai plus peur de la transmettre, confie-t-elle. Je vis constamment avec le stress de la contamination croisée.» Elle craint en effet de contaminer des objets en les déplaçant d’un endroit à l’autre. Sa tête roule constamment à 100 milles à l’heure. «Tout revient à savoir quel est le meilleur moment pour désinfecter un objet. C’est un questionnement perpétuel», poursuit-elle. Elle et les autres employés ont d’ailleurs dû apprendre de nouvelles techniques de travail pour éviter de propager le virus. Fidèle au poste Mme Lapierre ne peut commenter la situation à la résidence où elle travaille, mais elle indique que le personnel est fortement mobilisé. «Les gens veulent, on s’encourage beaucoup», mentionne celle qui accumule les heures supplémentaires en ce moment, toujours prête à aider. Ce n’est pas une question de salaire pour elle, même si elle touche une prime de 8%. Malgré tout, elle ne se voit pas comme une héroïne. «On est plein de filles qui aidons. C’est impossible de faire autrement. C’est de la détresse humaine…» laisse-t-elle tomber.       Les derniers moments de sa belle-mère Sylvie Lapierre a eu la chance inouïe d’accompagner sa belle-mère dans les dernières heures de sa vie. Agathe Hotte, 100 ans, a été emportée par la COVID-19 à la résidence Les floralies à LaSalle. Mme Hotte n’avait pas eu de visite depuis cinq semaines. «De mon iPad, je lui ai montré les photos de ses petits et arrière-petits-enfants. À distance, sa fille et ses fils ont pu lui parler. Un FaceTime avec ma filleule a permis de lui présenter le petit Félix…», poursuit-elle. Au Courrier du Sud, Mme Lapierre a raconté être restée près de sa belle-mère jusqu’à ce qu’elle rende son dernier souffle doucement, dimanche matin, vers 6h.