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Après 20 ans de compétition, l’heure de la retraite a sonné pour Benoît Huot

le samedi 02 février 2019
Modifié à 8 h 00 min le 02 février 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Avec ses 20 médailles aux Jeux paralympiques, ses 32 médailles en Championnats du monde et ses 60 records du monde, le tout en 20 ans de carrière, le nageur Benoît Huot accroche son speedo avec le sentiment du devoir accompli. «J’ai réfléchi à l’avenir de ma carrière sportive et à la possibilité de participer aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020 au cours des derniers mois, relate l’homme de 35 ans en entrevue avec Le Courrier du Sud le 1er février, trois jours après avoir annoncé sa retraite. J’ai constaté que ça allait être difficile de monter sur un podium à l’âge où je suis rendu et avec le niveau de mes épreuves.» Le natif de l’arr. de Saint-Hubert ne se le cache pas: il est un compétitif dans l’âme. Pas question, donc, de prendre part à des Jeux paralympiques sans viser le podium. «Je pense que j’aurais pu réussir à me qualifier et à représenter le pays une autre fois comme athlète, mais je n’avais pas le sentiment que j’avais une fenêtre pour être compétitif lors des Jeux. Je ne voulais pas y aller seulement pour participer», explique-t-il. Au cours des 20 dernières années, il a pris part aux Jeux paralympiques de Sydney en 2000, d’Athènes en 2004, de Pékin en 2008, de Londres en 2012 et de Rio de Janeiro en 2016. Ses ambitions sportives, l’humble athlète les a atteintes. «J’ai réalisé tous mes objectifs sportifs et je suis persuadé que je peux continuer à faire évoluer le sport paralympique dans un autre rôle que celui d’athlète», affirme-t-il. Une évolution drastique Plusieurs athlètes, tous sports confondus, et membres du milieu sportif étaient présents lors de la conférence de presse pour l’annonce de la retraite de Benoît Huot. Les centaines d’hommages qu’il reçoit de part et d’autre depuis quelques jours font chaud au cœur à celui qui a reçu le grade de Chevalier de l’Ordre national du Québec en 2018. «Quand je réfléchis à la fin de ma carrière, ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir vu l’évolution du mouvement paralympique de mes débuts jusqu’à aujourd’hui, souligne-t-il. Lors de l’annonce, ça m’a touché de voir réunis athlètes olympiques, paralympiques et professionnels, dont certains sont de bons amis.»
«Ce qui me touche, c’est qu’un athlète, ça reste un athlète.»
C’est qu’à son retour de ses premiers Jeux Paralympiques, en 2000, alors qu’il avait remporté six médailles à seulement 16 ans, le silence médiatique l’a frappé. Une situation qui a grandement évolué depuis. «Je ne suis pas certain qu’on aurait eu cette même camaraderie, ou cette même grande famille d’athlètes, il y a 20 ans, dit-il. Je réalise aujourd’hui que le mouvement a augmenté en crédibilité et en notoriété. Je peux quitter avec le sentiment du devoir accompli, sachant que le paralympique n’a jamais été dans une aussi bonne position.» Le rôle de Guy Dorion C’est au Club de natation Hippocampe de Saint-Hubert que le jeune Benoît Huot, né avec un pied bot, s’est initié à la natation dès l’âge de 8 ans et s’y est développé en tant que nageur paralympique. Encore aujourd’hui, il voue une grande reconnaissance à l’entraîneur-chef du club depuis plus de 30 ans, Guy Dorion, qui était présent lors de l’annonce. «Pendant mon adolescence, Guy a été comme un deuxième père, dit-il. La personne que je suis devenue aujourd’hui, c’est totalement grâce à lui. Il m’a partagé ses valeurs; c’est tellement une bonne personne.» «Il est arrivé par coïncidence dans ma vie. Guy était la meilleure personne pour m’aider à me développer et à trouver le droit chemin pour devenir l’athlète que je suis devenu. J’ai passé plus de 30 heures par semaine avec lui de 8 à 17 ans.» Benoît l’athlète Encore trois jours après l’annonce de son départ à la retraite, Benoît Huot avait un horaire chargé d’entrevues. Il commençait toutefois à réaliser l’ampleur de la chose. «Dans les dernières 72 heures, il y a des moments où je me suis dit: “tu n’es vraiment plus Benoît l’athlète”. C’est drôle à dire parce que pendant 20-25 ans, les gens m’ont identifié comme ça. Moi le premier. Ç’a représentait plus que les deux tiers de ma vie jusqu’à aujourd’hui. Ce titre n’est plus là; le chapitre est clos.» Le nageur a d’ailleurs de quoi se tenir occupé présentement, alors qu’il est retourné sur les bancs d’école afin d’entreprendre un MBA. «Je n’ai pas le temps de réaliser le fait que je ne suis plus athlète parce que ma tête est très sollicitée par l’école, justifie-t-il. J’ai l’impression que lorsque le programme sera fini, en décembre prochain, ça va plus me frapper.» Malgré son nouvel horaire sans sessions à la piscine, Huot sera toujours bien présent dans le milieu de la natation et, de façon plus générale, dans celui des parasports. «Je veux continuer à faire rayonner le mouvement paralympique et à partager les histoires des différents athlètes qui ont un bagage non seulement sportif, mais aussi humain», conclut-il.