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Bien plus qu’un service ménager

le vendredi 24 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 24 avril 2015
Par Annick Oligny

annick.oligny@tc.tc

Le travail au noir est un fléau qui frappe particulièrement des domaines où les emplois sont souvent précaires. La Coop Aide Rive-Sud s’est ainsi donné comme mission de créer des emplois valorisants dans un domaine inondé de travailleurs qui ne déclarent pas leur revenu: l’entretien ménager.

Le travail au noir en entretien ménager est trop répandu, selon la directrice de Coop Aide Rive-Sud, Céline D’Amours. «Nous ne pourrons jamais compétitionner les prix des aides ménagères qui travaillent au noir, mais de notre côté, on crée de l’emploi.»

Fondée en 1997, la coopérative a été créée pour répondre à un manque de services aux personnes plus vulnérables, mais un autre de ses objectifs est d’offrir des emplois gratifiants afin de réduire le nombre de femmes et d’hommes qui seraient tentés de travailler illégalement.

«À cette époque, le programme d’aide financière de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) voulait que dans chaque région, les CLSC accréditent des entreprises pour offrir des services aux citoyens. On offre des services d’entretien ménagé, d’aide à la personne ou encore de coiffure», explique la directrice.

Bien plus que de l’entretien ménager

Une préposée de la coopérative, Michelina Di Rienzo, peinait à trouver un emploi en restauration, son domaine d’expertise, lorsqu’elle a déménagé à Longueuil il y a près de 20 ans. «C’est une voisine qui m’a parlé de la coopérative et j’ai joint ses rangs 3 mois après son inauguration, en 1998.»

Selon une des clientes, Denise Savard, Michelina est une perle. «Si elle n’avait pas été là pour moi, je me demande ce que j’aurais pu faire. Elle est mes yeux, mes jambes et mes bras. Ce n’est pas inné de faire ce que Michelina fait. Il doit y avoir des cas où les clients sont vraiment malades et où ce n’est pas simple.»»

Michelina demande au client ce dont il a besoin lors de la visite. Comme Mme Savard revenait de deux mois dans un centre de réadaptation, Michelina l’a aidée à défaire sa valise, en plus de procéder au ménage habituel.

Michelina espère que la Coop existera le jour où elle en aura besoin. «En réalité, nous offrons plus que de l’entretien ménager. Nous sommes à l’écoute et nos visites sont souvent fort attendues.»

Un besoin comblé à peu de frais

La moitié de la clientèle de la Coop Aide Rive-Sud est référée par les CLSC et environ 30% des bénéficiaires découvrent l’organisation par le bouche à oreilles. Les clients payent un tarif fixé, établi selon leur revenu. Tous les profits sont redistribués dans les services aux membres et il n’existe aucune ristourne, puisque Coop Aide Rive-Sud est aussi un organisme à but non lucratif.

Depuis environ six mois, certains employés possèdent même la formation de préposées aux bénéficiaires. Lors de leurs visites, les clients peuvent profiter d’aide au bain ou à l’alimentation, tout en profitant d’un service d’entretien ménager durant la même période.

Le vieillissement de la population a certainement un impact sur l’achalandage de la coop, dont les demandes augmentent de 30% annuellement.

Rens.: www.cooprivesud.com

Une coopérative qui a le vent dans les voiles

- Augmentation annuelle de 30% de la clientèle

- 65 000 heures de service rendues aux clients en 2013

- Revenus globaux avoisinant les 2 M$ en 2013

- Revenus autofinancés à 80%

- 110 employés

- 2100 clients actifs

Une initiative qui découle d’une marche historique

La Coop Aide Rive-Sud créé des emplois durables pour les travailleurs, explique sa directrice Céline D’Amour.

«Avant la fondation de la coopérative, en 1997, des programmes de subvention existaient pour les gens sur l’aide sociale, mais après la période de six mois du programme, ces personnes n’avaient plus d’emploi. Notre initiative s’inspirait de la marche des femmes Du pain et des roses, en 1995.»

Du 24 mai au 4 juin 1995, 850 femmes ont marché afin de réclamer du gouvernement québécois des changements visant l’amélioration de leurs conditions économiques.

La directrice est fière qu’au fil des années, la coop ait su évoluer. «Nous avons cherché à remplir nos deux missions, soit d’offrir un service à la clientèle et créer des emplois stables et valorisants.»