Communauté

Briser le cercle vicieux de la drogue en travaillant avec les familles

le jeudi 25 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 25 juin 2015

«Il y a un an, Gabriel voulait mourir, raconte sa mère Isabelle. Même s'il ne m'a jamais vue fumer du pot, il ressentait les répercussions de ma dépendance.»

«Il y a un an, Gabriel voulait mourir, raconte sa mère Isabelle. Même s'il ne m'a jamais vue fumer du pot, il ressentait les répercussions de ma dépendance.»

@R:Aujourd'hui, après une vingtaine de rencontres du programme pour les 6-12 ans du Centre de réadaptation Le Virage, affilié au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Montérégie-Ouest, Isabelle pose un regard différent sur son rôle de mère. «J'ai redécouvert mon fils et j'ai des outils pour m'aider à l'aider. Ici, on a toujours respecté sa personnalité.»

Réunir les familles

Le programme 6-12 ans du Virage réunit une dizaine de familles qui vivent des problèmes de consommation. Chaque semaine, elles se retrouvent dans les locaux de l'organisme La Parentr'aide, dans l'arr. de Saint-Hubert, pour un souper, avant de se diviser en deux groupes: les parents d'un côté, les enfants de l'autre.

«Les deux groupes abordent les mêmes thèmes, mais de manière différente, explique Martine Vidal, du CRD Le Virage. Avec les enfants, on utilise beaucoup le bricolage pour rendre les concepts plus concrets. On crée une boite à émotions, on parle des clés de la communication, on associe les rôles dans la famille à des wagons de train, on travaille sur l'estime de soi, etc.»

La silhouette de Gabriel, où il a écrit toutes ses qualités, décore fièrement le corridor de son appartement.

Sortir du cercle vicieux

Un des objectifs du programme 6-12 ans est de freiner le cycle de consommation entre les générations, explique la conseillère en communication du Virage, Magali Valence.

«Les enfants sont à un âge où ils peuvent comprendre les problèmes qu'entrainent la consommation, parce qu'ils les vivent, mais ils ne sont pas encore entrés dans un cycle de consommation, qui arrive souvent plus à l'adolescence.»

Tous les parents ne sont pas au même point dans leur lutte contre la dépendance. Et c'est là que la force du groupe est importante. «J'ai arrêté complétement de consommer et je crois que j'ai influencé d'autres parents, qui avaient choisi de seulement diminuer, explique Isabelle. C'est aussi une grande fierté pour moi de servir de modèle.»

«On travaille vraiment sur les facteurs de protection de la famille, ajoute la responsable du groupe des parents, Nancy Gravel. Notre objectif est d'améliorer la relation entre les parents et leurs enfants et de casser la roue répétitive en trouvant d'autres solutions que la consommation.»

Les rencontres tôt après l'école, qui comprennent un souper et souvent le lunch du lendemain, sont des facilitateurs qui assurent une participation accrue des familles.

Pour que ça aille mieux

La relation de Jennifer, 35 ans, et de sa fille Britanny, 9 ans, s'est transformée depuis qu'elles participent aux ateliers. «Ma fille sait que j'ai un problème de consommation d'alcool, elle reconnait les signes, connait mes cachettes. Mais elle aime venir ici. À l'école, elle dit que ce sont des rendez-vous "pour que ça aille mieux dans notre famille". Et c'est vrai, ça va mieux.»

«Ça a changé notre vie, à moi et ma mère, ça a changé notre comportement, notre façon de parler, s'exclame Britanny. Je n'avais plus confiance en ma mère, mais on l'a rebâtie.»

Jennifer estime qu'elle ne serait pas arrivée au même résultat avec des rencontres individuelles, à la maison, avec une travailleuse sociale. «Ici, je ne me suis jamais sentie jugée, on m'encourage. Il n'y a pas de menace, comme de perdre ma fille, par exemple. Et elle sait qu'elle peut appeler Martine en tout temps si elle a besoin d'elle.»

Rens.: www.levirage.qc.ca

NDLR: Certains prénoms ont été modifiés pour assurer la confidentialité des participants au programme.