Culture

Broue, encore loin d’être « flatte »

le mercredi 08 juin 2022
Modifié à 11 h 58 min le 08 juin 2022
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Luc Guérin, Martin Drainville et Benoit Brière ont repris avec succès la mythique comédie québécoise Broue. (Photo Mario Pitre)

Le nouveau brassin de la pièce Broue concocté par le trio Benoît Brière, Luc Guérin et Martin Drainville demeure toujours aussi pétillant et rafraîchissant, prêt à satisfaire un public en soif de rire.

Le trio a fait mouche une fois de plus lors de ses deux représentations à la Salle Albert-Dumouchel de Salaberry-de-Valleyfield, les 26 et 27 mai. Là même où leurs prédécesseurs avaient souligné la 3000e représentation de Broue en janvier 2011.

« Ça fait 30 ans qu’on se connaît, raconte Luc Guérin. Ça fait aussi 15 ans qu’on produit du théâtre en achetant des pièces françaises, américaines ou britanniques. Et on se disait toujours que ça nous prendrait un Broue. Quand on a su que les gars pensaient à leur retraite, on a tout de suite levé le flag et finalement, ils nous ont choisis », confiait-il lors d’une entrevue en compagnie de ses deux acolytes de scène.

«Notre modèle ressemblait déjà au leur, confirme Martin Drainville. Trois amis d’enfance, une belle complicité, pour nous Broue c’était parfait.»

Sur scène, cette complicité est d’ailleurs bien perceptible dans le jeu des comédiens. Et seuls des spectateurs vraiment aguerris peuvent remarquer les changements apportés au mythique spectacle.

« On savait qu’on allait être victimes des comparaisons, selon Luc Guérin. Aussi, dès le début, ce qu’on a fait ça a été de briser le pattern. On a refait la distribution des rôles en fonction de nos forces et cela nous a procuré une certaine forme de liberté. Là où je suis aujourd’hui et où j’étais le soir de première, il y a tout un monde.»

Et à cet égard, les Michel Côté, Marc Messier et Marcel Gauthier de la mouture originale ont été des plus généreux. «Ils nous dit : ça vous appartient, faites ce que vous voulez avec, rappelle Martin Drainville. On l’a abordé comme une nouvelle création, on a cassé le moule. »

Cependant, le trio 2.0 a dû faire des pirouettes pour faire concorder les changements de costumes et la mise en scène, qui a été refaite en entier, tout comme le décor qui a été modifié.

On ne perd toutefois jamais l’essence de la pièce, celle de l’univers des tavernes de la fin des années 70. Dès la levée du rideau, on peut d’ailleurs tendre l’oreille à la radio qui diffuse de vieilles pubs de bière de l’époque; ou encore le bulletin de nouvelles qui annonce l’accès des femmes dans le sacre des tavernes.

La nouvelle administration de Broue reçoit par ailleurs un accueil des plus enthousiastes, et cela en grande partie en raison de la solide performance des trois comédiens qui campent leurs rôles à merveille. Martin Drainville a su reprendre Pointu de façon magistrale, tout comme Benoit Brière en Verru et Luc Guérin en Ti-Mil, pour ne nommer que ces personnages.

Ti-Mil, son fils Léo et Bonin le barman, campés à merveille par Luc Guérin, Benoit Brière et Martin Drainville. (Photo Gracieuseté)

«Cet accueil du public réside en deux choses, estime Benoit Brière. Les gens retrouvent le spectacle à 80%, mais c’est complètement autre chose. Mais aussi, le fait que Broue est devenu un rituel, un peu comme le Rocky Horror Picture Show.»

Le trio s’entend aussi pour dire que la pièce a su s’adapter aux changements de la société, tant politiques que sportifs. « Le p’tit vite des Canadiens n’a pas toujours été Mats Naslund…»

(Écoutez l'entrevue intégrale ci-bas)