Actualités
Culture

Campagne pour l’inclusion de la diversité dans nos écrans : le talent d’abord, dit Mariana Mazza

le mercredi 14 avril 2021
Modifié à 9 h 08 min le 15 avril 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Convaincue que ses origines ne l’ont jamais privée d’opportunités, l’humoriste et nouvellement Lambertoise Mariana Mazza croit tout de même qu’il y a encore du chemin à faire pour favoriser la diversité et l’inclusion dans l’industrie télévisuelle. Elle est l’une des ambassadrices de la nouvelle campagne Découvrons-nous de NOUS | MADE, qui vise à sensibiliser le public à cet enjeu. L’humoriste Adib Alkhalidey, la chanteuse Mélissa Bédard, l’actrice Cinthia Wu-Maheux et l’ancienne candidate à Occupation Double Khate Lessard sont quelques-uns des autres ambassadeurs. Pour Mariana Mazza, née d’une mère libanaise et d’un père urugayen, c’était tout naturel de prêter sa voix et son image à cette campagne, qui met à l’avant-plan la richesse de la diversité. «Ça représente pas mal le combat que tous les gens et immigrants issus de la diversité ont, de se faire reconnaître pas juste pour la couleur de notre peau ou d’où on vient, mais pour notre talent artistique, affirme-t-elle d’entrée de jeu au Courrier du Sud. On est rendus là au Québec, d’être capables de jouer un rôle sans qu’on soit identifiés comme étant l’arabe ou le latino de service.» «On est tellement habitués de donner au noir le rôle du noir pour justifier qu’il est noir, poursuit-elle. Il faut se détacher de justifier d’où on vient pour faire un rôle.» Questionnée sur la possibilité d’établir des quotas en télévision afin de favoriser la diversité, l’humoriste affirme que ce n’est pas la solution au problème. «Il n’y a jamais rien qui a fonctionné dans la vie en imposant des choses, soutient-elle. C’est de juste faire valoir son point en étant bon. Pour être bon, il faut avoir des modèles et pour avoir des modèles, il faut donner des chances. C’est juste de donner des chances.»
«Un acteur, c’est fait pour jouer des rôles et ce n’est pas parce qu’on a une couleur de peau différente qu’on est moins bons.» - Mariana Mazza
Modèle En plus de faire de l’humour et plusieurs apparitions sur des plateaux de télévision, Mariana Mazza a joué dans le film De père en flic 2 et la série jeunesse Code F. Jusqu’à maintenant dans sa carrière, elle n’a jamais manqué d’opportunité en raison de ses origines, assure-t-elle. «Parce que je suis blanche, dit-elle sans hésitation. J’ai un accent quasi-français. Adib Alkhalidey ne doit pas avoir vécu la même chose parce qu’il a la face d’un gars du Moyen-Orient. Il a l’afro. Moi je suis blanche avec des tattoos. Facilement, j’ai été intégrée parce que j’ai l’air d’une Québécoise, ce qui est bien triste à dire. Ce n’est pas normal que j’explique mon succès par le fait que je n’ai pas l’air de venir d’ailleurs.» Celle qui devait se tourner vers les chanteurs latinos et arabes internationaux pour avoir un modèle à qui s’identifier dans sa jeunesse est consciente qu’elle est elle-même aujourd’hui un modèle pour les jeunes issus de minorités qui souhaitent percer dans le monde télévisuel. «Notre génération, on est beaucoup dans ça, dit-elle. Je pense à Mehdi Bousaidan, à Adib Alkhalidey, à Khate Lessard, à tous ceux qui sont en train d’être ce qu’ils sont sans devoir tout le temps justifier qui ils sont.» «Je me suis retrouvée» Comme bien des artistes, les douze derniers mois ont été plutôt tranquilles d’un point de vue humoristique pour Mariana Mazza. Mais autrement, elle a passé «une belle année», affirme-t-elle. «J’ai écrit beaucoup – autre que de l’humour –, j’ai peint, je me suis occupée de mes chiens. J’ai pris le temps de déménager, de faire des grandes marches à Saint-Lambert, de découvrir mon quartier. Je me suis retrouvée, moi en tant qu’adulte. J’ai vraiment vu la Mariana passer de jeune adulte à adulte et je me sens accomplie.» Elle a d’ailleurs tourné, en octobre, un film qu’elle a elle-même écrit et dans lequel elle joue. Elle commencera le rodage de son prochain spectacle, Impolie, à la fin du mois d’avril, à la salle Fenplast du Collège Charles-Lemoyne. «Ça va me faire du bien mentalement de retrouver le public. J’ai hâte de le voir et je pense qu’il a hâte aussi.» Nouvelle Lambertoise Mariana Mazza a quitté le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve à Montréal en septembre pour s’installer à Saint-Lambert. C’est en visitant Marilou de Trois fois par jour qu’elle a eu un «crush» sur la municipalité, dit-elle. «Je lui ai dit: c’est dont ben le fun! C’est super familial, tout le monde se salue, les voisins ont l’air de s’entraider… J’avais l’impression que c’était comme une mini Pleasantville. Je suis allée au centre-ville de Saint-Lambert, j’étais comme: wow, le monde mange de la crème glacée dehors, il y a de la musique, des pâtes fraiches, on dirait qu’on est dans un film. Pis là, ç’a tombé qu’il y avait une maison à vendre exactement où je voulais. Je me suis dit: go, elle est à moi.» Près de huit mois plus tard, elle ne regrette aucunement son choix. «Je ne m’en irais pas d’ici, jamais de la vie! s’exclame-t-elle. J’adore Saint-Lambert. Je suis bien. J’ai la chance d’avoir des voisins en or, vraiment cools, avec qui je peux parler et texter.»