Justice
Faits divers

Candappa coupable, mais pas de tentative de meurtre

le jeudi 17 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 17 septembre 2015
Texte du Brossard Éclair

JUSTICE. Tyronne Srijeeva Candappa, cet entrepreneur déchu qui a notamment laissé en chantier le projet de tour Tysel, se retrouve derrière les barreaux aujourd'hui pour avoir tiré à bout portant sur un ancien client. Il a toutefois été acquitté de tentative de meurtre.

Candappa est connu pour avoir floué des dizaines d'investisseurs dans deux projets domiciliaires de Brossard. Le plus médiatisé des projets, la Tour Tysel, a laissé un trou béant dans un secteur de prestige près du fleuve Saint-Laurent. Le terrain a depuis été recouvert, et la Ville de Brossard en fera un parc.

C'est le second projet, une affaire de maisons en rangée sur la rue Talbot, qui a mené à la présumée tentative de meurtre, dans une histoire rocambolesque digne du pire téléroman.

Une victime agressive

Candappa a plaidé la légitime défense dans cette affaire. La victime, Klifford Hercule, avait envoyé plusieurs messages menaçants à l'accusé après que celui-ci ait annulé la vente d'une des maisons en rangée et changé le code de la serrure.

Le 6 décembre, Hercule s'est rendu chez le frère et partenaire de l'accusé, Prassana Candappa, pour obtenir les codes. L'accusé affirme qu'il a tabassé son frère à coups de poing et qu'il l'aurait menacé, mais la preuve vidéo montre qu'il l'aurait seulement rudoyé brièvement en le traînant sur son balcon.

Candappa s'est présenté en vitesse chez son frère, armé d'un pistolet et d'un bâton de baseball. Il a tiré un coup de feu à bout portant sur la victime, qui a toutefois pu se relever et retirer l'arme de son agresseur.

Candappa peu crédible

La juge Anne-Marie Jacques a dépecé point par point le témoignage de Candappa, rejetant chacun des éléments qui auraient donné du poids à la théorie de la légitime défense. L'accusé affirme avoir très peur de la victime, un homme costaud avec un passé criminel et un tempérament colérique qui connaissait, selon Candappa, le caïd assassiné Ducarme Joseph. Cela ne l'aurait toutefois pas empêché de harceler Hercule en l'appelant plusieurs fois par jour pour conclure la vente de la maison, jusqu'à ce qu'il décide de l'annuler.

La juge Jacques ne croit pas non plus l'accusé lorsqu'il affirme qu'il ne savait pas que l'arme était chargée, et qu'il l'avait amenée seulement pour faire peur à la victime.

«L'accusé n'a jamais montré son arme à M. Hercule. Comment, alors, était-il sensé lui faire peur? La preuve vidéo montre plutôt qu'il cachait l'arme en la gardant très près de son corps et légèrement derrière lui jusqu'à la dernière seconde, lorsqu'il a pris l'arme à deux mains et tiré sur la victime», a-t-elle souligné.

Acquitté de tentative de meurtre

Candappa a donc été déclaré coupable de cinq des six chefs d'accusation qui pesaient contre lui, notamment agression armée. Il a toutefois été acquitté de tentative de meurtre, la Couronne n'ayant pas montré hors de tout doute qu'il avait l'intention spécifique de tuer Klifford Hercule lorsqu'il a tiré sur lui.

«On verra plus tard s'il est pertinent de porter la cause en appel. Pour l'instant, on doit préparer nos plaidoiries sur la sentence», affirme la procureure de la Couronne, Me Marie-Josée Guillemette.

Celle-ci souligne que M. Candappa fait face à une peine minimale de cinq ans de prison.

Les parties seront de retour en cour le 19 octobre.