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Catherine «cath» Leroux, «gameuse» professionnelle

le mercredi 03 avril 2019
Modifié à 16 h 36 min le 03 avril 2019
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Catherine «Cath» Leroux est une athlète. Elle soigne son alimentation, s’entraîne tous les jours et s’illustre sur la scène internationale des sports… électroniques. Bienvenue dans l’univers de cette gameuse professionnelle de Candiac. À la question «Est-ce que jouer aux jeux vidéo en ligne est un divertissement ou un sport?», la femme de 29 ans répond que c’est «un sport dans un monde virtuel, sans activité physique». Elle explique que sa préparation à des compétitions – sur la scène internationale, américaine ou québécoise – est la même que celle d’un athlète, comme les joueurs de hockey, par exemple. «On s’entraîne en équipe [à distance] à raison de cinq à six heures par jour, cinq fois par semaine. Au lieu de faire travailler nos muscles, on entraîne notre cerveau et nos réflexes», mentionne celle qui excelle à Counter Strike. Comme ses partenaires féminines de l’équipe Dignitas Female vivent ailleurs au Canada ou aux États-Unis, c’est par le biais de leur écran d’ordinateur respectif qu’elles se retrouvent pour pratiquer et établir des stratégies communes. De temps à autre, les cyberathlètes se voient pour des camps d’entraînement. Elles rencontrent alors un psychologue et un médecin du bien-être qui leur donnent «des trucs pour gérer notre stress et faire face aux obstacles», explique-t-elle. Dignitas Female appartient au propriétaire de l’équipe de basketball professionnelle des 76ers de Philadelphie, où leur dernier camp d’entraînement a été tenu. Il est d’ailleurs commun que des équipes d’esports soient détenues par des formations sportives professionnelles, dit Mme Leroux, parce que «les deux mondes ont beaucoup de similitudes et utilisent les mêmes ressources». À titre d’ancienne joueuse de soccer, c’est l’aspect d’équipe et de compétition qui l’anime dans son travail. «J’aime le fait qu’on travaille en équipe et qu’on prend des décisions ensemble sur le plan d’action à suivre, dit-elle. Selon les équipes, il faut adopter notre stratégie. Le rythme de certaines parties est parfois plus agressif que d’autres.» [caption id="attachment_69998" align="alignnone" width="521"] Catherine «cath» Leroux ne pensait pas que son passe-temps deviendrait un jour payant. (Photo: Denis Germain - Le Reflet)[/caption] Gagner sa vie en jouant aux jeux vidéo Joueuse professionnelle depuis 10 ans, Catherine «cath» Leroux fait baver d’envie les adolescents qui se passionnent pour les jeux vidéo. La gameuse est suivie par plus de 22 000 personnes. Elle-même n’envisageait pas une telle carrière. «Il y a une eu véritable explosion dans l’industrie esports depuis cinq ans, reconnait celle qui a obtenu son diplôme en finances, administration des affaires à l’UQAM, en étudiant à temps partiel pendant 7 ans. Quand j’ai commencé mon bac, jamais je n’aurais cru que je gagnerai un jour ma vie avec les jeux vidéo. Les salles de compétition, pour leur part, sont dix fois plus grandes.» De son côté, Catherine «cath» Leroux entend bien jouer professionnellement jusqu’à 60 ans si elle le peut. «J’aime trop ça! Je veux étirer la sauce le plus longtemps possible», affirme celle qui a confirmé sa passion lors de son retour à la compétition en 2018, après avoir pris une pause pour terminer son baccalauréat. Pas si mal pour une joueuse initiée par sa sœur qu’elle a regardé jouer pendant un an avant de s’y mettre à son tour! Quadruple championne du monde Catherine «cath» Leroux compétitionne exclusivement à Counter Strike. C’est une série de jeu vidéo de tir multijoueurs qui met en opposition des terroristes et des contre-terroristes. Elle est quadruple championne du monde. Avec ses coéquipières, elle a remporté la deuxième année de suite le trophée de l’Intel Challenge Katowice en Pologne, au début mars, ce qui leur a valu une bourse de 50 000$. «Je suis vraiment contente parce que c’est le plus gros tournoi de l’année, a-t-elle expliqué. Ça vient conclure une année ponctuée de sacrifices.»