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COVID-19

Chauds, les masques dans les cuisines

le lundi 22 juin 2020
Modifié à 8 h 11 min le 22 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le port du masque combiné à celui des lunettes protectrices, ou encore au port de la visière, a été identifié par plusieurs comme un défi majeur, tout particulièrement dans les cuisines. À lire aussi: Des restaurateurs fébrile à l'aube d'une réouverture attendue «Dans une cuisine, quand il fait 40 degrés, c’est chaud. Je crois que ce sera une directive difficile à faire respecter», soutient Guillaume Côté. Un son de cloche semblable pour Franco Lagiorgia. «Avec un masque en cuisine, tu suffoques; et les lunettes embuent», résume-t-il. «On ne s’attendait pas à ça», admet pour sa part Mme Roquepas, du M Resto-Bar. La semaine dernière, elle a rencontré les employés afin de les sensibiliser à l’importance du port du matériel de protection individuelle, qu’elle leur a distribué. Au Quartier Général, cela signifie qu’un employé doit être assigné uniquement à la toute petite cuisine, alors que d’ordinaire, les employés assurant le service pouvaient y accéder. [caption id="attachment_93755" align="alignright" width="444"] Les stations de désinfection sont de mise dans les restaurants.[/caption] Néanmoins, «la prudence est très importante», assure-t-il, détaillant d’autres mesures comme la désinfection des surfaces, le lavage fréquent des mains, la circulation à sens unique et l’interdiction pour les serveurs d’entrer dans la cuisine. «On prend toutes les précautions», confirme aussi la propriétaire du Magia. «Il faudra s’adapter; à chaque départ de client, on ne désinfecte pas que la table, mais tout: la cloison, les chaises, etc.» illustre Guillaume Côté. Certains restaurateurs ont aussi évoqué la nécessité d’embaucher davantage de personnel, à la lumière des tâches supplémentaires que la désinfection et autres précautions imposent.   En mode survie Les restaurants qui se sont tournés vers les commandes pour emporter et la livraison durant la pandémie le disent: le temps n’était pas au profit, mais à la survie. Certains n’ont d’ailleurs pas rappelé leurs employés durant cette période, les propriétaires – et parfois membres de la famille – préférant mettre seuls la main à la pâte. Les effets du confinement sont passablement désastreux sur les finances des restaurants et se feront ressentir encore longtemps. «Si on arrive à être break even d’ici 12 mois, on sera content», mentionne Franco Lagiorgia, propriétaire du Messina et de Pizza Jacques-Cartier, dans l’arr. du Vieux-Longueuil. La baisse des revenus risque même de se faire ressentir chez les serveurs, prévient Chantale Isabelle, propriétaire du Magia et de Madame Thaï. «Ils sont habitués de rouler, mais je ne peux pas leur garantir le même nombre de tables.»   Pour emporter… seulement Des restaurateurs habitués des commandes pour emporter et de la livraison ont décidé de ne pas ouvrir leur salle à manger. C’est le cas de Pizza Jacques-Cartier, où les clients de l’établissement de la rue Saint-Charles vont chercher leur pizza à travers une fenêtre, sans mettre le pied dans le restaurant. Chez Signorina, dans l’arr. de Saint-Hubert, «la salle à manger est très petite, indique le propriétaire Antonio Porco. Avec toutes les règles et les employés supplémentaires qui seraient nécessaires, ça ne vaut pas la peine.» En temps normal, la salle à manger représente tout de même 40% de son chiffre d’affaires. L’écho est semblable chez Jabeen’s Cuisine, à Brossard. M. Hussain ouvrira la salle à manger, où seuls quelques clients pourront s’attabler. «Une chance que nous avons la livraison et le pour emporter», partage-t-il. Dans les Benny&Co, l’ouverture des salles à manger s’ajoute aux commandes en ligne, qui ont bondi de 220% depuis le 16 mars, et à la livraison, qui a connu un gain de popularité de 60%. «On se le fait demander: les gens ont envie de venir manger à l’intérieur. Nous n’avions pas le choix d’ouvrir et d’être bien préparés», évoque Elisabeth Benny, tout sourire.