Chroniques
Opinion

Chiffres à l’appui

le mardi 13 février 2018
Modifié à 6 h 21 min le 13 février 2018
Par Franck Michel

fmichel@gravitemedia.com

Ces dernières semaines, deux études importantes sur le financement de la culture sont sorties coup sur coup. La première, réalisée par Culture Montérégie, analyse la situation du financement de la culture dans la région. La deuxième, élaborée par deux économistes réputés, à la demande de la Coalition La Culture, le cœur du Québec, est un mémoire économique qui s’articule autour de cinq recommandations visant à répondre aux ambitions artistiques et culturelles du Québec, et à faire de la culture un pilier fort de l’économie québécoise. Une situation stagnante L’étude sur le financement de la culture en Montérégie démontre que notre région se classe souvent au 3e rang des sommes versées par les subventionnaires lorsqu’on la compare aux autres régions administratives québécoises. Malheureusement, cette comparaison devient beaucoup moins reluisante lorsqu’on ramène les données en dollars par habitant. En 2014-2015, la Montérégie se retrouvait au 16e et avant-dernier rang du palmarès des dépenses par habitant selon les régions, tout comme 0 ansauparavant, en 2005-2006. Depuis 2010-2011, bien qu’il n’y ait pas eu de coupes importantes, la situation s’est dégradée sous plusieurs aspects et le retard de la Montérégie est loin d’être comblé. Si quelques signes positifs pointent à l’horizon, nous devons rester vigilants et observer leur évolution. 2% pour les arts et la culture Le mémoire économique, quant à lui, dresse un constat semblable à l’échelle du Québec et dénote une dégradation alarmante des conditions socioéconomiques des artistes et des travailleurs culturels, tout en rappelant que «les arts et la culture représentent un secteur singulier et stratégique dont les dimensions collective et nationale dépassent de loin les seules réalités marchandes des industries culturelles». Il recommande d’augmenter progressivement la part du financement public en arts et en culture à 2% du budget de l’État d’ici trois ans, «un niveau d’engagement social et financier que plusieurs autres sociétés comparables ont déjà atteint ou dépassé». La part actuelle s’élève à 1,1%. En fait selon les économistes, seul un investissement massif permettra de stopper l’aggravation inéluctable de l’effritement et de l’essoufflement dans lesquels les arts et la culture sont plongés depuis de trop nombreuses années. Ces études témoignent de l’urgence d’agir et soulèvent des enjeux cruciaux qui seront portés par le milieu culturel lors d’un grand rassemblement prévu le 14 février devant le parlement à Québec. L’auteur est directeur général de Culture Montérégie.