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Opinion

Code Québec: sept traits identitaires des Québécois

le mercredi 23 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 novembre 2016

Depuis sa sortie, à la fin septembre, le livre Le Code Québec prend place parmi les meilleurs vendeurs. Ce livre, facile de lecture, trace un portrait sans complaisance mais plutôt sympa des Québécois. Il dégage sept traits identitaires: heureux, consensuels, détachés, victimes, villageois, créatifs, fiers.

Ce qui fait vibrer les Québécois, les séduit ou influence leur comportement

Ce livre relève le défi d’actualiser Les 36 cordes sensibles des Québécois de Jacques Bouchard (1972). À une certaine époque, j’invitais mes étudiants du cégep à utiliser cette grille afin de décoder les messages. Ils devaient identifier quelles cordes sensibles (ex: la sensualité, l’envie, l’esprit moutonnier, etc.) un message publicitaire, une communication promotionnelle ou un slogan politique cherchaient à faire vibrer chez les gens afin de les séduire, les amener à acheter leur produit ou service, appuyer leur idée ou modifier leur comportement.

Le Code Québec de Léger, Nantel et Duhamel actualise le travail de Bouchard. Ce dernier s’était basé sur ses intuitions de publicitaire. Léger, lui, s’appuie sur 30 années d’expérience en matière de sondages et sur les techniques récentes d’analyse de données.

Léger montre que la mentalité des Québécois évolue dans le temps. Ils sont porteurs des sept traits identitaires; toutefois, chaque génération est marquée davantage par certains traits en particulier.

La génération silencieuse, née avant 1945, s’est ouverte sur le monde, mais balance entre la tentation d’un repli sur soi villageois et la quête de consensus d’ouverture. Les baby-boomers, nés entre 1946 et 1964, ont cherché à changer le monde, hésitant entre le détachement (peur de s’engager) et l’intensité créative. Les milléniaux, nés entre 1982 et 2000, veulent conquérir le monde; ils oscillent entre la victimisation et la fierté.

Dans l’ensemble, les «francofuns» sont animés par une joie de vivre qu’ils pratiquent de diverses manières (bonne bouffe, humour et comédie, fêtes et festivals).

Un peuple unique

J’en conclus que l’identité collective québécoise est complexe. Elle émerge de quatre siècles de coexistence d’une population majoritairement d’origine française, implantée en terre d’Amérique.

De la France, nous avons retenu la créativité et la langue; du contact amérindien, le consensus; de la froidure, la nécessaire solidarité de proximité. D’avoir vécu plus de deux siècles dans la rigueur d’une société anglaise a laissé au fond de notre âme collective une trace victimaire (peur de l’échec), un certain détachement du réel (grand parleur, petit faiseur). De baigner dans le rêve américain nous a amenés à développer un pragmatisme optimiste et une fierté, mais toute modeste, d’être encore, ici et maintenant.

 

Alain Lavallée