Actualités
COVID-19

Coincé en Inde depuis la mi-mars: le Brossardois Rémi Tremblay enfin rentré au bercail

le vendredi 17 avril 2020
Modifié à 15 h 35 min le 17 avril 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Enfin. Le Brossardois Rémi Tremblay est rentré à la maison. De Bombay à Montréal, en passant par Londres et Toronto; voilà sa journée du 9 avril. Aux bouleversements des derniers jours en Inde s’oppose maintenant le calme plat de l’isolement obligatoire. «C’est un grand soulagement. Quand j’étais dans l’avion vers Montréal, là j’ai pu me dire que c’était fini», raconte-t-il au bout du fil au Courrier du Sud, quelques jours après le début de son confinement. C’est que les dernières heures passées en territoire indien n’ont pas été de tout repos. Rémi Tremblay a appris – avec joie – moins de 24 heures avant le départ du vol vers Londres qu’il y avait une place pour lui. Deux députés, dont la députée de Brossard–Saint-Lambert Alexandra Mendès, ont assuré le contact avec les ambassades canadienne et indienne. Un autobus l’a mené de la province de Goa jusqu’à Bombay. En tout, 19 heures de route, sans une occasion de se nourrir. Une fois à l’hôtel, impossible de commander quoi que ce soit. Il aura ensuite passé 31 heures dans les aéroports, pour arriver «à la maison, en sécurité»; ce qui lui a manqué le plus… après la poutine! Il s’est par ailleurs étonné du contraste entre les précautions prises à l’aéroport en Inde (masques obligatoires, surveillance accrue d’agents de sécurité, prise de la température des passagers) et celles en place aux aéroports du Canada où y il n’y avait ni tests, ni contrôle, ni gants et où peu d’employés portaient des masques. «On m’a donné un papier qui me disait de me placer en quarantaine», résume-t-il. Vols annulés Cette fin du périple de Rémi Tremblay a été à l’image des dédales administratifs qu’il a traversés depuis un mois. Tenter d'obtenir un vol a été en soi une aventure. Son vol de retour du 12 mars a été annulé pour bris mécanique. Après des tentatives infructueuses de joindre Air Canada, il a réservé un vol avec Air Turkish. Entre-temps, le gouvernement indien a annoncé un confinement d’une semaine. Donc, vol annulé. Un scénario similaire s’est répété: vol réservé pour le 31 mars, prolongement du confinement, vol annulé. Climat tendu À ce casse-tête s’est ajoutée la réalité pas très rose dans la province de Goa. Aux premiers jours de la crise, tout était fermé, épiceries incluses. Certaines ouvraient de manière illégale et les tablettes y étaient pratiquement vides. «On a été chanceux. Le propriétaire d’un restaurant sur la plage nous nourrissait deux fois par jour», raconte Rémi Tremblay. Sur Facebook, il avait relaté son expérience d’une sortie à l’épicerie, où un agent de sécurité l’avait pris pour cible parce qu’il ne portait pas de masque (il lui avait été impossible de s’en procurer). «Je ne vais pas mentir, j'ai ressenti un peu de stress», avait-il raconté sur les réseaux sociaux. Par ses propres moyens? Grâce au soutien d’une bonne samaritaine qui aidait des Canadiens coincés en Inde, le Québécois avait obtenu sa place sur un vol qui le ramènerait à la maison, en passant par l’Allemagne. La situation a toutefois changé à la dernière minute. L’ambassade a confirmé à cette personne qu’elle devait cesser ses démarches. «J’ai vu l’échange de courriels, rapporte-t-il. C’était difficile à comprendre.» D’autant plus qu’il n’en était pas à sa première complication avec l’ambassade. En résumé, des faux espoirs qui ont entraîné «beaucoup de frustrations». Coordination complexe Transport, hôtel, billet d’avion; tout est coordonné par Affaires mondiales Canada. La députée de Brossard–Saint-Lambert Alexandra Mendès a été contactée par un ami de M. Tremblay, qui l’a aidé dans ses démarches. En entrevue au journal, elle affirme qu’elle «doute fort» qu’un responsable de l’ambassade canadienne soit intervenu de la sorte pour empêcher M. Tremblay de revenir par ses propres moyens. «Personne n’est au courant, mentionne-t-elle. Je ne sais pas pourquoi l’ambassade aurait fait ça, sauf dans le cas où on essaie d’éviter que les Canadiens s’éparpillent sans garantie de sécurité.» Du côté d’Affaires mondiales Canada, on s’est dit «pleinement conscients de la situation très stressante» que vivent les Canadiens à l'étranger. «Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour apporter une aide», a indiqué le porte-parole Sylvain Leclerc, qui a répondu au journal avant le retour de M. Tremblay. Goût de voyager Dans ce contexte exceptionnel, le prix des billets d’avion et des chambres d’hôtel a explosé. Le retour au pays s’est chiffré à 3500$ pour Rémi Tremblay. «Le coût des vols reflète la complexité de la situation et des arrangements commerciaux qui ont été conclus», explique le porte-parole d’Affaires mondiales Canada. Ironiquement, le Brossardois n’a pu se servir des 4000$ cumulés en crédit voyage en raison des multiples annulations de vols. Cette mésaventure ne lui a «heureusement» pas enlevé le goût de voyager. «J’ai déjà envie de retourner en Inde, quand ce sera calmé, dit celui qui était barman dans deux établissements, avant la crise. Je vais faire la paix avec le pays.»