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Commission Laurent : Heureuses de voir leur message sur l'importance de la prévention entendu

le vendredi 07 mai 2021
Modifié à 12 h 56 min le 07 mai 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Mise sur pied par le gouvernement du Québec à la suite du décès tragique d’une fillette de 7 ans à Granby en avril 2019, la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse présidée par Régine Laurent a déposé son rapport. Parmi les participants aux travaux, le Regroupement des organismes ESPACE du Québec (ROEQ) a réagi au document de 522 pages. Entrevue avec la coordonnatrice Janie Bergeron. Votre organisation a participé aux travaux de la Commission. Quel message avez-vous passé ? A-t-il été entendu selon vous ? Janie Bergeron : Effectivement, nous avons déposé un mémoire lors de la Commission. Malheureusement, à quelques jours de notre passage devant la Commission, la pandémie de COVID-19 a forcé le report de notre audience. Par la suite, la Commission a modifié sa façon de faire concernant la suite des audiences puisque le présentiel n’était pas privilégié. Le ROEQ a toutefois déposé son témoignage dans une déclaration et celle-ci a été transmise aux commissaires. Le ROEQ est très satisfait du rapport de la Commission, nous croyons fermement que notre message a été entendu. Nos différentes recommandations ont été considérées et nommées par de nombreux partenaires que ce soit l’importance de la prévention, la reconnaissance de l’expertise du milieu communautaire ou encore la responsabilisation collective autour des enfants afin que ceux-ci évoluent dans des environnements où ils se sentent en sécurité. Le rapport Laurent conclut en priorité « Agir en prévention d’abord et avant tout ». Comment réagissez-vous ? Nous ne pouvons qu’applaudir cette conclusion puisque c’est ce que nous faisons et ce, depuis plus de 30 ans. Depuis le tout début, nous martelons ce message lors de nos diverses représentations. Il est très important d’investir en prévention parce que de nombreuses données et statistiques nous disent qu’un dollar investi en prévention permet d’économiser 7$ dans les soins curatifs plus tard.  Permettre aux enfants de connaître leurs droits, d’être informés des ressources disponibles et de se sentir moins isolés face aux différentes situations de violence qu’elles et qu’ils peuvent vivre leur permettra de se sentir moins vulnérables face à cette violence. Nous leur proposons des stratégies concrètes, faciles à apprendre et appliquer mais aussi adaptées en fonction de leur âge et ce, à un âge aussi jeune que 3 ans. Les organismes ESPACE ainsi que le ROEQ croient fermement au potentiel (empowerment) de chaque enfant et les considère comme des personnes à part entière avec les mêmes droits que tout le monde. C’est ce que nous efforçons de faire reconnaitre depuis 30 ans et malgré le (les) drames derrière la mise en place de la Commission, entendre la présidente Laurent clamé haut et fort qu’il est temps que les choses changent et que les enfants soient entendus et considérés nous permet d’entrevoir un présent meilleur pour les enfants. Votre organisme œuvre déjà en prévention. Quels sont les éléments du rapport qui vous permettraient de mieux remplir votre mission ? Je pense que l’ensemble du rapport nous permettra de mieux remplir notre mission. En effet, quand celui-ci recommande de :

  • Reconnaitre l’importance du rôle des organismes communautaires
  • Favoriser le bien-être des enfants à l’école
  • Une société bienveillante mise d’abord sur la prévention
  • Favoriser l’échange d’informations pour mieux servir l’intérêt de l’enfant
Ce n’est qu’une courte liste mais la base est là. Cependant, des questions demeurent…Quand ces recommandations seront-elles mises en place, par qui, comment? Est-ce qu’elles seront dépendantes du parti au pouvoir, des finances publiques? Est-ce que la société est prête à ce que le bien-être des enfants soit un réel projet de société, ce n’est pas tout le monde qui considère les enfants comme des personnes à part entière avec les mêmes droits que tout le monde. Il y a déjà beaucoup de travail à faire juste sur cette simple affirmation, mais ce rapport nous permettra de poursuivre notre travail et peut-être de nous accorder encore plus de crédibilité comme regroupement.   « Respecter et promouvoir les droits des enfants » recommande la Commission. Qu’est-ce que ça représente pour vous ? C’est la base de notre approche, notre mission depuis 30 ans. Bien que nous sommes engagés au quotidien dans la promotion des droits des enfants et la défense de ceux-ci, il nous arrivait de constater que les droits des enfants n’étaient pas toujours respectés que ce soit par exemple, dans l’écoute des enfants dans la vision de leur situation, le manque de collaboration entre les institutions afin de permettre à l’enfant de recevoir les meilleurs soins. Rien n’est parfait évidemment, mais la commission propose de solutions intéressantes que les différents acteurs réclament depuis plusieurs années. « Soutenir les parents pour mieux aider les enfants ». Selon votre expérience, quel est le principal soutien à offrir aux parents ? Existe-t-il un élément précis à améliorer ? Par exemple au chapitre de la discipline ou autre ? Bien sûr, il est important de sensibiliser les parents mais aussi les adultes sur leurs rôles en prévention. Il est important de les soutenir dans leur réalité, de conserver un état d’esprit d’ouverture, de non-jugement, d’accueil. Mais il est aussi important que les parents qui souhaitent/demandent des services puissent y avoir accès rapidement. En ce qui concerne la discipline, plusieurs organismes offrent des approches intéressantes avec les familles, mais encore faut-il que les parents connaissent les services offerts autant dans les organismes communautaires que dans les services publics. Comment peut-on « Valoriser, soutenir et reconnaître les intervenantes » comme le recommande la Commission, selon vous ? Cela est une recommandation intéressante mais qui doit rejoindre plusieurs personnes de façons transversales et dans différents milieux que ce soit au niveau des maisons d’enseignements afin de mieux faire connaître la réalité terrain des intervenantes, que ce soit un meilleur soutien à l’emploi lors de l’embauche avec des équipes multidisciplinaires soutenantes, des conseillers-cliniques, des moments d’échanges en équipe, de la formation continue (du temps pour y participer sans sacrifier les services), des salaires et surtout des conditions de travail intéressantes. Il importe que les intervenants se sentent en sécurité afin de faire ce travail si important auprès des familles et des enfants. Il est important aussi de reconnaitre le travail des différents partenaires afin que leurs apports d’informations différentes puissent soutenir les intervenantes afin que des interventions bienveillantes soient effectuées dans l’intérêt de l’enfant. Il serait intéressant aussi qu’une campagne de valorisation concernant la protection de la jeunesse, ses services, ses bons coups soient davantage promus au sein de la population afin que les gens aient une perception positive.   Selon la Commission, il faut « Un projet de société : Un Québec digne de ses enfants ». Qu’est-ce que cette déclaration représente pour vous ? Tout à fait d’accord mais pour être digne de ses enfants, il importe que les recommand’Actions soient mises de l’avant rapidement!