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Comptables et report des déclarations de revenus: « On est plus en projection financière que dans les impôts »

le mercredi 01 avril 2020
Modifié à 12 h 32 min le 01 avril 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La période des impôts est d’ordinaire un temps fort achalandé pour les bureaux de comptables. Avec le report des échéanciers jusqu’au 1er juin pour produire les déclarations de revenus – tant pour les entreprises que les particuliers –, leur travail est forcément quelque peu chamboulé. Considérées comme des services essentiels, les firmes de comptables sont toujours en opération. Chez le cabinet BjC, des mises à pied temporaires ont dû être effectuées. Les heures de travail ont dû être réduites, pour être davantage échelonnées dans le temps, afin de répondre à la demande des clients qui profiteront des semaines supplémentaires avant d’acheminer leur dossier. «Mais on ne peut pas dire que ça va mal pour nous», souligne avec enthousiasme Louis Blain, comptable et associé chez Bjc, dont la clientèle est formée à 90% d’entreprises. [caption id="attachment_88198" align="alignleft" width="329"] Louis Blain, de la firme BJC[/caption] Les délais des paiements de compte à recevoir est l’impact le plus significatif avec lequel la firme doit jongler. «On est plus en projection financière que dans les impôts actuellement», cible M. Blain, qui joue également un rôle dans le développement des affaires chez BJC. Il estime que la moitié de ses clients, qui sont du lot des commerces fermés, ne cherchent pas à les contacter à l’heure actuelle. M. Blain anticipe une perte de clientèle de l’ordre de 15 à 20%, ce qui sera l’une des conséquences plus permanentes de cette crise. Il craint que certaines entreprises n’arrivent pas à se relever et à rouvrir leurs portes. «Pour des commerces comme des restaurants qui ne faisaient pas d’argent et qui n’avaient pas de réserve en banque, ce sera difficile. On va assister à une grande épuration du marché», redoute-t-il. La firme compte une diversité de clients, dont certains font actuellement des «affaires en or». C’est le cas des épiceries, mais aussi des informaticiens qui sont sollicités pour implanter le télétravail dans les entreprises. BJC a aussi mis en place des ressources en ligne pour soutenir sa clientèle. Télétravail La fermeture des commerces et entreprises non essentiels en aura surpris plus d’un. Louis Blain constate que plusieurs d’entre eux n’étaient pas prêts pour le télétravail, ce qui aura un impact sur la préparation des déclarations des revenus. «Ça peut être aussi simple qu’un directeur des ventes d’une entreprise qui vient de fermer, qui avait laissé ses documents personnels dans son bureau. Il n’est pas capable d’aller les chercher», donne-t-il en exemple. Chez BJC, le travail à distance imposé par les directives de santé publique n’a pas demandé de grands ajustements. «On était déjà à 90% en télétravail», reconnait M. Blain. Leurs façons de faire permettaient déjà des échanges sécuritaires avec la clientèle. Des outils ont été mis en place pour faciliter les rencontres en vidéoconférence. «On prend des pauses café ensemble, pour garder le côté humain dans tout ça», illustre-t-il. Penser déjà à l’«après» Louis Blain se réjouit des mesures et diverses formes d’aide mises en place par les gouvernement fédéral et provincial pour soutenir les citoyens et entreprises pendant la pandémie. D’un point de vue économique, il est d’avis que le gouvernement doit déjà songer à l’après-crise. «Le gouvernement devra donner des subventions en création d’emplois, et il faudra qu’il le fasse rapidement. Ils doivent dévoiler des subventions pour garder les employés en poste.» À cet égard, M. Blain s’est d’ailleurs adressé au ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec Pierre Fitzgibbon. Financer la création d’emplois et encourager la circulation des liquidités est essentiel pour que les entreprises investissent et aient à nouveau confiance dans le marché, qui devra être remis sur les rails le plus rapidement possible. Un scénario semblable chez les particuliers La crise bouleverse aussi les bureaux qui offrent des services de préparation de déclarations de revenus aux particuliers. Certains bureaux de comptables ont répondu manquer de temps, lorsque le journal les a contactés pour les besoins de l’article. Chez Solutions 2000 Sélect, à Brossard, les méthodes de travail ont été adaptées. Envois et signatures électroniques sont privilégiés, et les clients peuvent déposer leurs documents dans une boîte à l’extérieur du bureau. On ne craint pas une baisse du nombre de clients; on envisage seulement une répartition du travail pour les mois à venir.