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COVID-19

Crise du logement et pandémie: des organismes anticipent un 1er juillet laborieux

le vendredi 15 mai 2020
Modifié à 16 h 49 min le 14 mai 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La crise du logement ne rendant déjà pas la tâche facile aux locataires à la recherche d’un nouvel appartement, un casse-tête particulièrement complexe est appréhendé pour le 1er juillet, en ce contexte de pandémie. Parmi tous les appels reçus au Comité logement Rive-Sud depuis mars, les craintes et préoccupations liées à la COVID-19 sont le point commun. Certaines personnes se demandent comment préparer un déménagement qui respecte la distanciation physique et les règles d’hygiène. D’autres craignent de ne pas trouver un logement adéquat, alors que les visites ne sont pas possibles. «Certains avaient annoncé à leur propriétaire qu’ils allaient quitter le 1er juillet, mais maintenant, ils sont inquiets, et se demandent ce qu’ils feront s’ils n’ont pas trouvé un logement à temps. Les personnes âgées vivent beaucoup d’anxiété», détaille le directeur général du Comité logement Rive-Sud Marco Monzon. Sans compter ceux qui doivent reporter leur déménagement, car la construction de leur future maison, futur condo ou futur logement a été retardé. En réponse à ces craintes, M. Monzon suggère aux locataires de tenter de conclure une entente avec leur propriétaire pour renouveler leur bail. Il admet toutefois que, des solutions, «il n’y en a pas tant». Coordonnateur de la Maison La Virevolte, Guy Lévesque soulève que, bien qu’il soit généralement souhaitable dans le contexte actuel de rester chez soi, n’est pas toujours l’idéal. «Pour certains, ça veut dire de rester dans un milieu insalubre. Ça peut entraîner de graves problèmes.» Les deux intervenants, membres de la Coalition des organismes communautaires de l’agglomération de Longueuil pour le droit au logement, jugent insuffisantes les mesures récemment annoncées par la Société d’habitation du Québec (SHQ). Le prêt maximum de 1500$ accordé aux locataires qui n’arrivent plus à payer leur loyer en raison de la COVID-19, présente des conditions d’admissibilité trop strictes, estiment-ils. La SHQ offrira aussi une mesure d’hébergement temporaire à ceux qui ne peuvent déménager à la date prévue en raison d’un chantier retardé. Selon M. Monzon, Québec devrait accorder rapidement plus de fonds au programme Supplément au loyer; une aide versée aux municipalités pour soutenir les familles les plus vulnérables. Il faut des logements sociaux À 2% l’an dernier et 1,5% cette année, le taux d’inoccupation des logements à Longueuil est «dramatique, excessivement bas, s’inquiète Guy Lévesque. On est en pleine crise du logement.» Pour les logements de trois chambres et plus, le taux est de 0,3% cette année. Le taux d’équilibre visé est de 3%. Dans ces conditions, les familles à faibles revenus sont celles qui écopent le plus, alors que le coût des loyers continue de monter (une hausse de 7,5% à Longueuil). Le parc locatif vieillissant complique aussi les démarches pour trouver un logement adéquat. Cela fait des années que les organismes réclament davantage de logements sociaux, pour équilibrer l’offre locative. Guy Lévesque rapporte que la Ville a formulé 700 demandes à la SHQ au cours des six derniers mois. «Elle n’a pas toujours fait ses devoirs, mais au moins, elle l’a fait maintenant», s’encourage-t-il. Il dénonce surtout le «dysfonctionnement de la machine» derrière la SHQ, qui approuve les projets AccèsLogis au «compte-goutte». Un rythme qui ne permet pas de répondre à la demande. Par ailleurs, il ressort optimiste d’une rencontre tenue le 7 mai entre des membres de la coalition d’organismes et des représentants de la Ville, qui s’est engagée à présenter un plan d’action en vue du 1er juillet. À la Ville, on affirme qu’une rencontre était déjà prévue avec les partenaires du milieu communautaire afin de prévoir un soutien aux ménages en situation précaire incapables de trouver un logement à temps. «Cette aide de dernier recours est déployée après que toutes les autres pistes de solution à la disposition des locataires aient été considérées», précise la porte-parole de la Ville Fanie St-Pierre.   Des mesures d’urgence réclamées L’opposition officielle à Longueuil a réclamé des mesures d’urgence de courte durée pour accompagner les locataires qui peineraient à se reloger le 1er juillet. La Ville de Longueuil et l’Office municipal d’habitation pourraient notamment payer une partie des frais liés à l’entreposage de biens ou au déménagement des locataires qui n’auraient pas renouvelé leur bail ou trouvé un logement. Le conseiller municipal Michel Lanctôt a demandé que soient dévoilés le nombre de ménages qui ont obtenu un soutien de la Ville l’an dernier, ainsi que la liste des mesures qui avaient été instaurées. «On doit être en mesure d’évaluer l’efficacité des mesures en place pour mieux juger de ce qui sera déployé cette année.»