Actualités

De journaliste d’un jour au Courrier du Sud à la direction d’un journal en Alberta

le mardi 19 mai 2020
Modifié à 14 h 16 min le 19 mai 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

En avril 2011, un journaliste en herbe a été initié au métier par l’équipe de rédaction du Courrier du Sud, par le biais du programme Jeunes Explorateurs. Quelques heures qui, parmi d’autres étincelles, ont semé un intérêt pour la profession. Aujourd’hui, Simon-Pierre Poulin dirige Le franco, unique journal francophone de l’Alberta. «Je me souviens, j’étais super excité. Je posais beaucoup de questions sur le journalisme, comment on se préparait pour des entrevues», relate Simon-Pierre Poulin, qui a contacté le journal. «Je vous écris d'abord pour vous remercier d'avoir soufflé sur les braises de mes rêves. Incertain et adolescent, j'en garde un bon souvenir. Cette journée m'a marqué et je vous en suis très reconnaissant», disait son courriel. [caption id="attachment_91254" align="alignright" width="349"] Lors de son passage à Radio-Canada, en Alberta[/caption] En entrevue il se remémore avoir couvert une conférence de presse dans le cadre de la campagne électorale fédérale. Il avait également écrit un court texte sur un tournage en cours dans le Vieux-Longueuil; un téléfilm de Charles Binamé (voir ci-bas).

«Ça m’a montré que c’était accessible. J’ai vu que pour être journaliste, il fallait aimer les mots… et les gens surtout.»
Le jeune homme se rappelle aussi du discours quelque peu négatif qu’avait tenu un des membres de l’équipe quant à la profession: les défis pour l’avenir, les conditions de travail, etc. «L’avenir leur aura donné raison…» Après des études en relations publiques, le journalisme l’a rattrapé. Radio-Canada cherchait un journaliste pour son service francophone en Alberta. Simon-Pierre Poulin y a vu une belle occasion de «se faire les dents». «Je voyais ça comme un détour. Dans ma tête, j’allais faire mon contrat de six mois et revenir. J’y suis resté deux ans, relate-t-il. J’ai trippé!» Il a cumulé les expériences comme journaliste de terrain, au pupitre, à l’animation et à la réalisation. Fort engouement [caption id="attachment_91253" align="alignleft" width="421"] L'équipe du journal[/caption] Depuis quelques mois, il est le directeur général du Franco, un journal communautaire et un site Web qui s’adressent à la communauté franco-albertaine. La pandémie aura eu le même effet au Franco que dans les autres médias: un besoin et un désir de la population de s’informer sur ce qui se passe dans leur communauté. Alors que le journal joignait mensuellement entre 4000 et 5000 lecteurs en ligne, il a atteint les 20 000 visionnements en un mois. Considérant que la communauté franco-albertaine compte 80 000 personnes (qui parlent le français à la maison), c’est énorme. «Les portraits, ça fonctionne beaucoup. Il y a beaucoup d’entrepreneurs, des gens déracinés qui trouvent un sens dans le travail.» Il cite en exemple le boulanger français Benjamin Griffon reconnu pour ses brioches, ou encore Delphine Pugniet, qui échange des parcelles de terres pour y cultiver des légumes, en échange d’une part de ses récoltes. L’article relate aussi son passage au Québec, où elle a bénéficié de conseil d’une cultivatrice de Saint-Basile-le-Grand. Au front pour le français Le franco a son bureau à Edmonton, dans La Cité francophone. Simon-Pierre Poulin décrit ce secteur comme «un village gaulois», où l’on compte cafés, théâtre, commerces et organismes où l’on s’exprime en français. La mobilisation de la communauté aura fait apparaître des noms de rue en français «Ce sont de petites victoires.» Car avec la réalité d’une minorité francophone viennent le risque de l’assimilation et l’insécurité linguistique, soulève le journaliste. «Au journal, on est une jeune équipe et on compte sur un réseau de pigistes. On encourage les gens à nous écrire, pour stimuler l’apprentissage du français entre autres», décrit le journaliste de 26 ans. «Il y a une crainte de prendre la parole en français, poursuit-il. Il y a une pression, de l’intimidation même.» L’Alberta compte un bassin de gens intéressés à apprendre la langue, mais des réactions ont parfois pour effet de freiner cet élan, observe Simon-Pierre Poulin. «Ça crée une distance, expose-t-il. Un Québécois qui parle à un Franco-Albertain va avoir tendance à surcorriger, ou à passer à l’anglais. C’est triste.» D’où cette volonté avec Le franco de s’adresser aux francophones et de valoriser cette prise de parole. «La position du journal, c’est: au front pour le français.» Au cours des 20 dernières années, la population albertaine a connu une forte croissance et les francophones ont suivi cette courbe. Parmi eux se trouvent beaucoup de nouveaux arrivants, provenant de Belgique, de Suisse et de pays d’Afrique, notamment, ainsi que des Franco-Albertains d’origine. Le Franco est livré au coût de 4$ par mois aux quatre coins de la province. M. Poulin espère pouvoir aussi créer davantage de liens entre les francophones hors-Québec et le Québec, qui connait peu leur réalité. «On peut livrer à Longueuil, pour le même prix!»   L'article de Simon-Pierre Poulin dans Le Courrier du Sud [caption id="attachment_91255" align="alignnone" width="409"] L'article de Simon-Pierre Poulin, publié en avril 2011[/caption]   [caption id="attachment_91251" align="alignnone" width="742"] L'article publié en avril 2011[/caption]