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COVID-19

Déconfinement: il est important de ne pas baisser la garde

le jeudi 28 mai 2020
Modifié à 16 h 55 min le 28 mai 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Un constat ressort du nouveau portrait modélisé de l'évolution de la COVID-19 présenté aujourd'hui par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), soit l'importance pour la population de continuer à respecter les mesures de protection et de distanciation sociale malgré le déconfinement progressif. En effet, si les modèles prévoient une poursuite de la diminution ou une hausse très légère du nombre de décès et d'hospitalisations dans le Grand Montréal (Montréal, Laval, Laurentides, Lanaudière, Montérégie) avec une forte adhésion aux mesures de protection - distance de 2 mètres, port du masque, lavage des mains -, une faible adhésion à ces mêmes mesures pourraient plutôt mener à une augmentation assez marquée des décès et hospitalisations dès le mois de juillet. Dans les autres régions du Québec, une adhésion forte ou faible maintiendrait les hospitalisations et les décès relativement stables en fonction des mesures de déconfinement autorisées à ce jour. Une forte adhésion signifie que de 60 à 80% des contacts sociaux déconfinés sont protégés et que 75 à 90% des cas symptomatiques sont isolés. Une faible adhésion signifie que seulement 0 à 40% des contacts sociaux déconfinés sont protégés et que seulement 60 à 75% des cas symptomatiques sont isolés. Limiter les contacts non protégés [caption id="attachment_91876" align="alignnone" width="720"] (Photo: Gracieuseté - INSPQ)[/caption] Selon les données de l'étude CONNECT1, chaque Québécois entrait en contact avec une moyenne de 12,2 personnes chaque jour. Ces contacts étaient souvent non protégés - soit à moins de deux mètres, ou comportant un contact physique comme toucher la peau, se serrer la main ou s'embrasser. Pendant le confinement, ces contacts ont baissé de 63%, atteignant une moyenne de 4,5 contacts par personne. Lors du déconfinement - soit les réouvertures permises par le gouvernement, mais en excluant toujours les grands rassemblements et les rencontres à l'intérieur des maisons -, ces contacts non protégés pourraient demeurer stables si les mesures de protection sont respectées à 100%. «Un retour au niveau de contacts d'avant le confinement ne peut être envisagé pour le moment alors que le virus circule toujours, d'où l'importance de maintenir les obstacles à sa transmission par la mise en place de mesures individuelles et collectives», précisent les experts. Encore loin de l'immunité collective Lors de la présentation du nouveau portrait modélisé, le 28 mai, Marc Bisson, qui dirige le Groupe de recherche en modélisation mathématique et en économie de la santé liée aux maladies infectieuses de l'Université Laval, et le médecin épidémiologiste Gaston De Serres ont précisé qu'il n'y pas encore assez de gens qui ont été infectés par le coronavirus pour ralentir de façon marquée sa propagation. «Au nombre de cas actuel, on est très loin d'une immunité collective», a affirmé M. Bisson. Déplacements entre les régions À noter que les prédictions présentées le 28 mai ne tiennent pas compte du mouvement entre les régions. «Nous travaillons actuellement sur des modélisations qui incluent les déplacements entre régions; c'est dans nos priorités de recherche», a indiqué Marc Bisson. «Il faut cependant comprendre que c'est laborieux parce qu'il y a beaucoup de facteurs» comme la prévalence du virus dans une région donnée, quelle région sera visitée, combien de temps les gens y resteront et combien ils sont, a précisé le Dr De Serres. «Si des gens choisissent de sortir de leur région, il sera encore plus important de respecter des mesures de distanciation très strictes», a-t-il ajouté.