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Démocratiser la science: mission accomplie pour Félix Maltais, fondateur des Débrouillards

le vendredi 15 juin 2018
Modifié à 9 h 20 min le 15 juin 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

PORTRAIT.  Depuis plus de 36 ans, Les Débrouillards contribuent à démocratiser la science, à la rendre plus accessible au quotidien, à la détacher – du moins en partie – de sa réputation de discipline réservée aux «bollés». En plus de trois décennies (et ce n’est pas fini), les jeunes ont été initiés à la science au moyen d’expériences, de magazines, de la célèbre émission télé et des nombreuses animations dans tout le Québec et une foule de pays. En devenant membre de l’Ordre du Canada, le fondateur du mouvement Les Débrouillards Félix Maltais estime que c’est tout ce travail d’équipe qui est ainsi récompensé. Le Longueuillois a cédé sa place d’éditeur l’été dernier à Isabelle Vaillancourt, qui a été rédactrice en chef chez les Débrouillards pendant 14 ans. Ce qui n’empêche pas M. Maltais de garder un pied dans la place. «Je ne peux pas couper les liens avec ce qui m’a tenu à cœur pendant 36 ans», n’hésite-t-il pas à dire. Il agit donc comme conseiller, afin de donner un coup de main aux rédactrices en chef, et demeure dans l’organisation de certains événements comme la journée nationale Je lis la science. Néanmoins, à 71 ans, il a transmis le flambeau afin de faire place à du sang neuf, à une autre génération qui apportera une énergie différente et de nouvelles idées. D’une chronique naît un mouvement Premier directeur de l’Agence Science-Presse (ASP) en 1978, Félix Maltais avait à l’époque fait la tournée des médias régionaux qui publiaient des articles de l’Agence. «On m’a demandé de faire une chronique pour enfants. C’est comme ça que la chronique d’expériences est née, en avril 1979, et ç’a été un succès immédiat», relate-t-il. Un an plus tard, les Presses universitaires du Québec en publiaient un recueil. Puis en 1981, le livre Le Petit Débrouillard s’écoulait à raison de 1000 exemplaires par mois. «C’était incroyable. Ça m’a convaincu du besoin [de vulgarisation scientifique pour les jeunes], d’où l’idée du mouvement éducatif, avec un volet média et éventuellement de l’animation sur le terrain, qui est venue avec l’ASP qui s’était liée à Technosciences.» Ce volet multimédias était bien présent dès les débuts. «J’ai voulu créer un modèle pour rejoindre un plus vaste public», mentionne-t-il. Les Débrouillards a connu une progression constante au fil des ans. Du côté du magazine, bien du chemin a été parcouru depuis les premières éditions: un bulletin polycopié, sans couleur, distribué au cout de 5$ pour 11 numéros. «La manière de faire est aussi bien différente. On ne pourrait plus vendre ce qu’on faisait il y a 35 ans: il y avait trop de textes, les images n’étaient pas toutes en couleur. C’était moins attractif. Mais la qualité s’est énormément développée.» Quant au réseau d’animation, M. Maltais se remémore qu’il ne se résumait au départ qu’à des ateliers dans les services de loisirs des municipalités. Des visites d’écoles et des camps d’été ont entre autres été progressivement ajoutés. Et les Français ont été séduits par ce concept. «Ils ont trouvé l’idée géniale, ils n’avaient rien de semblable. Puis, comme ils ont beaucoup de relations, ce sont eux qui ont exporté le concept dans plein de pays, comme l’Algérie, la Tunisie, l’Allemagne, la Belgique», énumère-t-il. Puis est venu l’immense succès de l’émission télé, en 1992, avec le changement de nom qui s’imposait, passant des Petits Débrouillards au Débrouillards. «En langage télé, petits réfère aux 3 à 5 ans», explique M. Maltais. Curiosité intacte Si l’évolution de la façon de concevoir des magazines, l’arrivée des technologies, du web et des réseaux sociaux ont nécessité des adaptations, M. Maltais remarque qu’une chose demeure intacte. «La curiosité, le désir chez les jeunes de savoir pourquoi une balle tombe quand on la laisse tomber, pourquoi il pleut, pourquoi mon père perd ses cheveux... Cette volonté de comprendre les phénomènes de son environnement, ça n’a pas changé.» Dans tout ce parcours, c’est d’ailleurs la durée dans le temps du mouvement les Débrouillards qui constitue la plus grande fierté de Félix Maltais. «On a réussi à montrer que la science n’est pas quelque chose à part. On a réussi à mettre à science à la portée de tout le monde.» [caption id="attachment_50480" align="alignnone" width="476"] Félix Maltais et la gouverneure générale Julie Payette[/caption]   Quelques données - Trois magazines : Les Débrouillards, Explorateurs, Curium -800 000 exemplaires vendus en 2016 -Entre 2007 et 2017, 1,8 million de magazines donnés aux écoles