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Des masques aux couleurs d’une designer textile de Longueuil

le vendredi 05 juin 2020
Modifié à 7 h 58 min le 08 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La pandémie a été l’occasion pour la designer textile de Longueuil Nathalie Hall de mettre sur les rails son entreprise de confection de foulards, de kimonos et maintenant de masques de protection. Ayant perdu son emploi, elle a eu tout son temps à y consacrer. Tourner le négatif en positif. Depuis le 25 mai, Nathalie Hall Design vend des masques de protection réutilisables et lavables, pour enfants et adultes, dans toute une panoplie de motifs. À ses yeux, il était naturel d’offrir ce produit désormais devenu un besoin essentiel, qu’il est difficile de se procurer. Grâce à une association avec le Club des petits déjeuners, chaque masque vendu donnera un déjeuner à un enfant. «Je ne voulais pas faire de l’argent sur le dos de la pandémie. C’était important pour moi de donner», expose d’entrée de jeu Nathalie Hall. Difficile de voir un quelconque opportunisme dans sa toute nouvelle entreprise, qui est devenue son principal et unique gagne-pain. La pandémie lui a coûté son emploi à une entreprise de Saint-Jean-sur Richelieu qui confectionne entre autres des nœuds pavillons et des cravates, notamment pour les écoles privées. Rien d’heureux dans une perte d’emploi, qui lui a néanmoins laissé le champ libre pour cette idée d’entreprise sur laquelle elle travaillait depuis décembre. «Je m’enlignais pour lancer mon projet au cours de l’année, mais ça m’a forcée à avancer.» Le design textile Designer textile, Nathalie Hall crée des motifs et imprimés. C’est une entreprise de Montréal qui les imprime sur des articles, ensuite livrés aux clients. «Ce sont des produits 100% locaux, je suis vraiment fière de ça», mentionne-t-elle. La technique d’impression par sublimation, de plus en plus répandue, permet une utilisation minimale d’eau; une critique souvent faite au milieu du textile. Les tissus répondent aux critères OEKO-TEX, qui certifient que le tissu a été contrôlé à chaque étape de traitement et qu’il ne contient pas de produits nocifs pour la santé. Mme Hall crée ses motifs à la main, sur une tablette graphique qui transpose ses coups de crayon sur un écran. Elle affectionne tout particulièrement les motifs colorés de fleurs. «On pourrait croire que tout le monde qui sait dessiner pourrait faire des motifs, mais c’est plus complexe, quand il faut créer un motif à répétition, qui s’emboîte, expose-t-elle. Ça s’apprend avec l’expérience.» Il peut lui prendre de cinq heures à une ou deux journées pour concevoir un imprimé. «Quand j’embarque, je ne sais pas quand ça va finir. Et quand je ne vois plus rien, c’est mon chum qui est ma muse! Je suis chanceuse, il aime les fleurs!» Les designers du courant maximaliste et les mouvements tels Liberty London et la Maison Hermès, «où l’on en met plein les yeux», sont ses sources d’inspiration. Sur une note plus personnelle, elle évoque aussi ses deux grands-mères, des femmes exubérantes, chez qui, pour l’une d’entre elles, les meubles victoriens et les statues étaient à l’honneur. «J’ai ajouté quelques masques unis, car certains recherchent quelque chose de neutre. Les personnes plus funky choisiront ceux à motif.» La vraie école et celle du Cirque du Soleil En plus d’avoir œuvré du côté de la sérigraphie et dans le milieu de la mode, entre autres chez Lolë, Nathalie Hall a été pendant plusieurs années teinturière principale au Cirque du Soleil. «On était dirigés par le designer principal. Je pouvais présenter des pages de rouges presque pareils, jusqu’à ce qu’on tombe sur celui qu’il voulait. C’était un travail répétitif, mais méditatif aussi. Tu te retrouves devant un échantillon et tu dois reproduire ce que tu vois», décrit-elle. Dans de gros bacs de métal remplis de teinture, elle déposait le morceau de tissu et brassait au moyen d’un bâton; un processus de deux heures. «On s’appelait les sorcières», illustre celle qui soulève l’aspect très artisan du métier. Ces années au Cirque du Soleil ont été pour elle une deuxième école. La première a été le Collège LaSalle où elle a étudié en design de mode. Le cours Dessin de mode, et sa professeure Diane Forest, l’auront dirigé vers le design textile. Elle se souvient d’un devoir qui l’avait emballée au point de ne pas en avoir dormi de la nuit: concevoir les motifs d’un chic foulard. Elle avait obtenu la note de 100%. «Une reconnaissance comme ça, c’était majeur pour moi», soutient-elle. «Mon enseignante m’a dit: tu connais le Centre de design et impression textile de Montréal? Tu y serais heureuse.» La prédiction qui s’est confirmée. «Je n’ai jamais lâché et je ne ferais rien d’autre. J’adore ça, j’en mange!» Site Web: nathaliehalldesign.com  [caption id="attachment_92431" align="alignnone" width="525"] Quelques-uns des foulards, dont les motifs sont signés Nathalie Hall[/caption]