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Des travaux à Longueuil sous la loupe du ministère de l’Environnement

le mardi 08 décembre 2020
Modifié à 11 h 09 min le 11 décembre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MELCC) du Québec mène une enquête à la suite de travaux effectués sur un terrain qui pourrait être constitué de milieux humides abritant la rainette faux-grillon, près du boisé du Tremblay à Longueuil. À lire aussi: Environnement Canada ne fera pas enquête C’est Tommy Montpetit, directeur de l’organisme Ciel et Terre, qui a remarqué la présence d’une pelle rétrocaveuse sur le terrain près du boul. Vauquelin et de la rue R-100, la dernière fin de semaine de novembre. Des canaux d’irrigation y ont été creusés. Ce secteur est l’un des seuls endroits où la population de rainettes faux-grillon est en expansion, selon celui qui se spécialise dans la conservation de cette espèce classée vulnérable selon la législation provinciale et menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Si l’on ne peut affirmer que le terrain est constitué de milieux humides, les terrains voisins le sont. Les fossés creusés sur le site ont pour effet d’affecter directement ou indirectement une quinzaine de sites habités par la rainette faux-grillon, dont certains dans le boisé du Tremblay, décrit Tommy Montpetit. Les travaux toucheraient aussi l’habitat d’autres espèces, notamment des cerfs de Virginie. L’écosystème de poissons pourrait également être perturbé. De plus, deux cours d’eau sont drainés par les tranchées, a-t-il observé. Selon Tommy Montpetit, les dommages causés par les travaux de drainage ne sont pas complètement irréparables, mais il importe d’agir vite, car la durée de vie des rainettes et de seulement un à deux ans. Ville et ministères impliqués [caption id="attachment_104855" align="alignright" width="404"] (Gracieuseté)[/caption] Avisée de la situation, la Ville de Longueuil est intervenue sur les lieux dès le 1er décembre. «Un rapport d’inspection a été produit et la Ville a constaté entre autres que l’entrepreneur privé a effectué des travaux sans certificat d’autorisation de remblai ou déblai et que les travaux en question empiétaient sur les terrains de la Ville», confirme le porte-parole Carl Boisvert. Un constat d’infraction, d’un montant de 896$, sera donné par huissier au propriétaire du terrain, la société 9413-1547 Québec Inc. Par ailleurs, des traces de passage de machinerie lourde ont été observées sur un terrain adjacent appartenant à la municipalité. «La Ville est à évaluer les autres recours possibles contre le propriétaire», soutient le porte-parole. Du côté du MELCC, on précise qu’une inspection a été réalisée sur les lieux. «Des irrégularités ont été constatées en lien avec la Loi sur la qualité de l’environnement et le Ministère procède actuellement à des vérifications et une analyse des éléments constatés sur le site, explique le porte-parole régional Daniel Messier. Un suivi sera effectué, le cas échéant, en conformité avec la directive sur le traitement des manquements.» Environnement Canada a aussi été saisi de l’affaire. «Pas des milieux humides» Les travaux ont été effectués sous la responsabilité de Groupe Shatony, l’un des actionnaires de la compagnie à numéro propriétaire du terrain. Clément Côté, président de Groupe Shatony, parle d’un malentendu. Il assure que ce terrain n’est pas constitué de milieux humides. «C’est arpenté et documenté à la Ville et au Ministère», indique-t-il. Surtout, il affirme qu’il n’y a pas de rainettes faux-grillon sur ce terrain de 132 000 pieds carrés. «Il y en a sur les terrains à côté, on sait où elles sont. Il n’est pas question pour nous de détruite un milieu de la rainette.» Il explique que les travaux de drainage à des fins d’entretien étaient nécessaires pour «protéger notre milieu terrestre». Le terrain est ainsi entretenu pour qu’il soit cultivé, pour éventuellement y faire du développement immobilier, à moyen ou long terme, soutient l'homme d'affaires. Ces pratiques sont permises, selon M. Côté. Il signale que le terrain est situé en zone blanche, ce qui n’est pas contradictoire, est-il d’avis, avec la précision de la Ville de Longueuil à l’effet que le zonage de ce site est résidentiel. «On dit la même chose.» M. Côté se dit prêt à collaborer, tant avec le Ministère que la Ville, à trouver des solutions, advenant qu’il y ait des inquiétudes confirmées. «Ils vont tout vérifier, mais on sait que tout est correct. On est convaincus», conclut-il.