Faits divers

Donner sa vie pour la cause d’Opération Enfant Soleil

le jeudi 21 juin 2018
Modifié à 10 h 05 min le 21 juin 2018
Par Rosalie Dion

rosalie.dion.30@gmail.com

Le bénévolat à temps plein

ENTRAIDE. Près de 2000 livres sont entassés dans le petit appartement de Lise Chagnon. Une dizaine de boîtes jonchent le plancher et toutes les étagères sont remplies à craquer. Depuis 2013, elle donne tout le profit des livres qu’elle vend à Opération Enfant Soleil. Véritable passionnée de livres, Lise Chagnon passe de 30 à 50 heures par semaine à assurer la gestion de sa librairie de livres usagés à domicile. Tout a débuté en 2005, quand sa petite fille a été atteinte de la bactérie mangeuse de chair. «Quand j’allais la visiter à l’hôpital, il y avait un collant d’Opération Enfant Soleil sur la machine qui la sauvait, raconte la native de Verchères. Je me suis ensuite promis de donner de mon temps à la cause qui a permis de sauver ma petite fille, qui n'a aujourd'hui aucune séquelle.» Les réseaux sociaux, moteur de mouvement social Depuis la création de sa page Facebook intitulée «Vente de livres pour Opération Enfant Soleil» les ventes ont explosées. Avec près de 900 membres, Lise Chagnon compte environ 1000 livres à 2$ ou moins; ils ne dépassent pas 15$. «Toutes les étagères sont numérotées et je sais exactement où chaque livre est, explique-t-elle. Lorsque je reçois un livre, il est étiqueté et ensuite pris en photo. Chaque livre est photographié individuellement.» En plus de donner le plus clair de son temps à la cause, elle lit de 8 à 10 livres par mois. «Lorsqu’on lit, on est absorbé par le livre et on ne voit pas le temps passer, mentionne la femme de 72 ans. On ne se dit jamais: ‘‘le temps est trop long’’. L’horloge tourne toujours à la même vitesse; c’est notre décision de voir la vie passer lentement.» Avec ses actions, elle souhaite transmettre aux autres la passion de la lecture. Véritable libraire dans l’âme, elle connaît beaucoup de livres et conseille ses clients. «C’est difficile de commencer à lire, surtout quand on n’a personne pour nous faire de recommandations. Ma soeur, par exemple, n’aimait pas lire. Je lui ai recommandé un livre, et depuis, elle a lu toute la série de douze tomes», raconte Lise Chagnon, fière de son coup. Le bénévolat, une chose innée Issue d’une famille de 12 enfants, Lise Chagnon a toujours eu le bénévolat en elle. Le fait d’avoir vécu en campagne avec ses six frères et six soeurs lui a permis d’apprendre à prendre soin des enfants et à faire des tâches ménagères à partir d’un très jeune âge. «Le bénévolat a toujours fait partie de ma vie, alors je ne le vois pas vraiment comme tel. C’est devenu une deuxième nature. Nous étions une famille très pauvre et nous ne pouvions nous offrir de livres. Je crois que ça m’a vraiment manqué. Je compense aujourd’hui pour ce manque!» Alors qu’elle a amassé 1200$ en 2014, elle en compte 4200$ cette année. Son appartement de Longueuil, constamment plein à craquer, en fait soupirer plus d’un. «Des fois, je dis aux gens qui entrent: ‘‘bon, tu vas être découragé!’’ Chaque fois, les gens sont surpris du nombre de livres que j’ai, continue-t-elle. Il y en a dans la cuisine, derrière les divans et partout dans le salon. Ça me rend heureuse, c’est ça l’important.» Elle aimerait voir ses gestes en inspirer d’autres à poser des actions positives, à leur propre capacité. «Si vous avez déjà eu un enfant malade, je crois que vous pouvez faire un peu de bénévolat. Que ce soit un souper spaghetti, une soirée de quilles ou une vente de garage, si on se mets tous ensemble et qu’on donne un peu de notre temps, on peut réellement faire une différence», conclut-elle.