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Double défi pour Yanick St-Martin

le lundi 24 décembre 2018
Modifié à 16 h 11 min le 30 décembre 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

IMPLICATION. En préparation pour son ascension de l’Everest au mois de mai, Yanick St-Martin gravira le sommet de l’Aconcagua, une montagne d’Argentine s’élevant à près de 7000 mètres d’altitude, du 4 au 28 janvier. En marge de ce défi, il a décidé d’amasser des fonds pour une cause qui lui tient à cœur: les élèves de l’école Bel-Essor. À LIRE AUSSI: Double défi réussi pour Yanick St-Martin «En préparation de l’Everest, on a certaines étapes à franchir, explique-t-il. Je suis rendu à faire le sommet de l’Aconcagua, qui se trouve à être la plus haute montagne en dehors de l’Asie.» «On ne peut pas juste partir et faire le sommet de l’Everest, ajoute-t-il. Il faut faire des montagnes préparatoires, suivre des cours… Une des montagnes qu’on suggère souvent est l’Aconcagua. Si ça se passe bien, on fait l’Everest.» Perdre son mentor Le 7 juillet, Yanick St-Martin apprenait le décès d’un homme qu’il considérait comme son mentor, Serge Dessureault, qui a perdu la vie lors d’une chute fatale sur l’une des montagnes les plus dangereuses qui soit, le K2. «C’était Serge qui m’entraînait pour tout ça», révèle l’alpiniste. «Au départ, je devais partir avec lui pour le K2. Je devais seulement faire le camp de base alors que lui devait faire le sommet. À la dernière minute, il m’a dit: tu ne gagneras rien en expérience à venir faire le K2 avec moi, tu es aussi bien d’aller suivre des formations dans l’Ouest canadien.» Et c’est lorsque Yanick était dans l’Ouest que son ami est décédé. «Ça m’a donné un gros choc, admet-il. C’est lui qui m’entraînait et c’est lui qui m’avait envoyé dans l’Ouest suivre des formations. C’est lui aussi qui m’envoyait sur l’Aconcagua. Il m’avait dit: "fait l’Aconcagua en préparation de l’Everest, ça va être un bon training pour toi, ce sera une pré-acclimatation à l’Everest".» «C’était un ami, mais surtout, un mentor», ajoute-t-il. Selon lui, Serge Dessureault était une «source d’inspiration» pour plusieurs. «C’était quelqu’un qui me motivait énormément dans la vie. C’est abstrait pour les gens de dire qu’on grimpe des montagnes, mais Serge leur disait que ce n’est pas tant le sommet que le chemin qu’on prend pour y arriver qui est important. Il motivait beaucoup les gens avec ça. Il leur disait: c’est le voyage, ce sont les gens qu’on rencontre, c’est l’accomplissement, mais surtout, le dépassement de soi.» Entraînement complet Dans l’Ouest canadien, Yanick St-Martin a suivi des formations afin d’être pleinement apte à affronter tous les défis auxquels il pourrait faire face. Il y a notamment appris à marcher sur des glaciers à l’aide de crampons. «Parfois, des gens vont marcher sur des glaciers, mais il y a des crevasses immenses et profondes qu’ils ne voient pas parce qu’elles sont camouflées par la neige. On apprend donc à faire de l’autosauvetage en crevasses et à sauver d’autres personnes qui y seraient tombées. C’est une formation d’alpinisme et une formation physique afin de savoir comment intervenir s’il y a des dangers ou des problèmes. C’est vraiment complet.» Il s’est d’ailleurs trouvé un nouveau mentor afin de l’accompagner dans toute cette aventure. «C’est Gabriel Filippi, un des meilleurs grimpeurs au Canada, qui m’amène sur l’Everest. C’est une personne très connue, très impliquée dans le domaine du sport en général. Il m’aide beaucoup», conclut-il. Une cause qui lui tient à coeur Yanick St-Martin est pompier au Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil depuis 2001. C’est d’ailleurs dans le cadre de son travail qu’il a découvert l’école Bel-Essor, située non loin de la caserne 22. «En étant juste derrière la caserne et un peu à court de ressources pour organiser des activités, ils doivent y aller avec débrouillardise. Donc, souvent, ils demandent aux pompiers de venir faire un tour avec le camion», mentionne-t-il. L’école Bel-Essor accueille des élèves présentant des déficiences intellectuelles moyennes, sévères et profondes, déficiences souvent associées à un trouble du spectre de l’autisme ou à un handicap physique ou sensoriel. «On s’attache à ces enfants-là. Ils trippent sur les pompiers. Ils viennent visiter nos camions. On est aussi entré à l’intérieur de l’école. Je connais quelques professeurs.» C’est en discutant avec certains des enseignants que l’homme de 40 ans a réalisé que les besoins budgétaires de l’établissement sont criants. «C’est une école assez particulière; il n’y en a pas beaucoup comme ça au Québec. Ce sont des écoles qui manquent grandement de subventions. Normalement, il y a un intervenant par élève; il y a donc un gros ratio d’intervenants, mais les budgets sont limités. Pour les aider un petit peu, je me suis dit que je ferais l’Aconcagua en amassant des fonds pour eux.» L’alpiniste a amassé plus de la moitié de l’objectif de 5000$ qu’il s’était fixé. Cet argent servira à munir l’école Bel-Essor d’un équipement bien précis: un fauteuil adapté submersible, qui aidera la baignade pour tous les élèves. «Ils font un genre de physiothérapie en piscine et ils n’avaient pas le matériel adéquat pour bien la faire», explique le pompier. «Avant, ils faisaient ça à bras, mais c’était dangereux pour les enfants et pour les professeurs; ce n’était pas ergonomique du tout et ils n’avaient pas le budget pour acheter l’équipement adéquat, poursuit-il. Donc, je me suis dit que je joindrais l’utile à l’agréable. C’est une pièce d’équipement qui sera bonne pour les enfants et pour les intervenants.» Lors de son ascension de l’Everest, Yanick St-Martin compte bien amasser des fonds à nouveau, pour une autre cause qui lui tient tout autant à cœur. «Je vais me laisser le temps, à mon retour, de trouver une cause pour laquelle je voudrais m’impliquer, indique-t-il. C’est sûr que si c’est l’Everest, peut-être que le montant sera de 10 000 ou de 20 000$. Je n’ai pas encore d’idée par rapport à ça.» Pour aider Yanick St-Jean à atteindre son objectif, visitez-le www.gofundme.com et recherchez la campagne L’Aconcagua pour l’école Bel-Essor.