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École primaire du Vieux Greenfield Park: des fratries séparées à la rentrée

le jeudi 18 juin 2020
Modifié à 21 h 24 min le 17 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La frustration et l’incompréhension habitent plusieurs parents depuis qu’ils ont reçu, le 3 juin, une lettre du Centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV) les informant de l’ouverture repoussée de l’école primaire du Vieux Greenfield Park. Avec pour résultat le déplacement pour quelques mois de plusieurs élèves dans les écoles Lajeunesse et Pierre-Laporte, dont des fratries qui seront séparées. Père de deux enfants qui fréquentent l’école Lajeunesse, Maxime Raymond a reçu deux lettres: l’une disant que «son enfant» devrait passer quelques temps à l’école Pierre-Laporte en raison de l’ouverture retardée de l’école primaire du Vieux Greenfield Park, et une autre l’informant que, pour le même motif, «son enfant» devait rester à l’école Lajeunesse. «Ç’a été un choc quand on a vu ça! Il n’y avait pas de nom sur la lettre, on ne savait quel enfant était concerné par quelle lettre», relate-t-il. En tout, 41 familles se retrouvent dans cette situation, où ils ont appris que la fratrie sera séparée à la rentrée 2020-2021. C’est en écrivant des courriels et en posant des questions à la direction d’école que les familles ont pu en savoir plus. Quarante-cinq parents dont les enfants sont transférés à l’école Pierre-Laporte ont signé une pétition demandant au CSSMV de reconsidérer sa décision, évoquant notamment l’«impossibilité pour les parents de gérer une famille séparée dans deux écoles». Stabilité La mise sur pause des chantiers en raison de la pandémie est la cause du retard de l’ouverture de cette école de quartier de la rue Springfield, à laquelle 450 élèves sont inscrits. «Ça fait deux ans que l’école est supposée ouvrir. L’an passé, on nous a dit que c’était retardé à cause des travaux à l’école secondaire l’Agora. Là, c’est l’école primaire qui n’est pas prête», détaille Charles Durocher, père de deux enfants qui fréquenteront deux écoles différentes à la rentrée. M. Durocher se questionne aussi sur la raison pour laquelle le statu quo – soit que ses enfants continuent leur scolarité à Lajeunesse – n’a pas été privilégié. «C’est inacceptable», dit pour sa part une maman qui préfère ne pas être nommée. Elle aurait souhaité plus de stabilité pour l’une de ses deux filles, qui devra changer d’école deux fois plutôt qu’une en quelques mois, d’autant plus que le contexte de la pandémie a fait de la stabilité une denrée rare pour plusieurs familles au cours des derniers mois. Selon les explications reçues par les parents, c’est pour plus de stabilité que le CSSMV a planifié ces déplacements d’élèves: malgré le changement d’école, ils garderont le même groupe-classe et le même enseignant toute l’année. C’est pourtant au nom de cette même stabilité que des unités modulaires avaient été installées aux écoles Lajeunesse et Pierre-Laporte, lorsque l’ouverture de l’école secondaire avait été repoussée. «Je comprends leur point de vue, mais le gros enjeu, c’est la façon dont ç’a été communiqué, soutient Étienne Patenaude, père de deux enfants. On a manqué de délicatesse.» Des parents dénoncent surtout le flou dans lequel ils se trouvent en ce qui concerne la rentrée, notamment quant au transport scolaire et au service de garde. Il en est de même pour la date à laquelle les enfants pourront entrer dans leur nouvelle école. Le bâtiment doit être livré au plus tard le 30 septembre, pour une rentrée au plus tôt en novembre, selon des informations transmises lors d’une rencontre virtuelle avec les parents, le 15 juin. Plusieurs parents doutent que le bâtiment soit prêt à temps. «On nous parle de la fin septembre, "sous toutes réserves". Je trouve que le CSSMV est optimiste», juge M. Patenaude. Le minimum d’impacts En entrevue au Courrier du Sud, le directeur général adjoint du CSSMV Hugo Clermont assure que ce scénario est celui qui présente le moins d’impacts pour les familles. Ainsi, en attendant que l’école de la rue Springfield soit prête, 183 élèves demeureront à la même école et 140 seront déplacés. On compte aussi 133 nouveaux élèves. «C’est le scénario où l’on retrouve le moins d’impacts sur les fratries», précise-t-il. Le statu quo, réclamé par des parents, n’aurait pu être possible. Le CSSMV gère depuis plusieurs années une hausse de nombre d’élèves: des «groupes de dépassement» seraient apparus dans les deux écoles, qui comptent déjà des unités modulaires. «Avec des élèves de plus, la cohabitation n’auraient pas été très heureuse», estime M. Clermont. Certains parents demandaient que les élèves n’intègrent pas la nouvelle école, pour plus de stabilité. «Il aurait été bizarre de laisser un bâtiment inutilisé dans ce contexte, évoque le directeur général adjoint. On veut intégrer le bâtiment le plus vite possible.» Une ouverture sans le bâtiment Même si le bâtiment ne sera pas prêt avant septembre et que des travaux et des aménagements resteront à faire avant que les élèves puissent intégrer les classes, la direction considère que l’école «ouvre» tout de même en septembre, en ce sens que les groupes-classes, sa direction et son personnel seront à pied d’œuvre pour assurer son bon fonctionnement. Les élèves seront «hébergés» ailleurs. «On vise fin octobre, début novembre», indique M. Clermont, quant au moment où les élèves entreront dans le nouveau bâtiment. «Nous aussi, notre souhait aurait été une ouverture à la date prévue, car on comprend que ça complique les choses pour les familles. On a dû faire la balance des inconvénients. D’un point de vue pédagogique, nous avons évalué qu’il serait mieux que les élèves conservent la même routine de classe et d’apprentissage.» Des «lacunes» Le directeur général adjoint reconnait les «lacunes de communication» de la direction et du Centre de services scolaire auprès des parents concernés par l’école de Greenfield Park. Il assure que la direction communiquera en priorité avec les 41 familles les plus touchées. Il rappelle aussi le contexte des derniers mois, où le CSSMV s’est retrouvé à gérer une «concomitance d’enjeux», dans un «tourbillon de communication» pour informer les parents sur les trousses pédagogiques, la récupération du matériel informatique, l’enseignement à distance, ou encore une réouverture des écoles qui n’a finalement pas eu lieu.     Effet domino L’école primaire du Vieux Greenfield Park prendra vie dans les locaux de l’ancienne école secondaire l’Agora. «C’était une école à projet particulier et les parents réclamaient une école de quartier», expose Hugo Clermont. L’an dernier, les travaux de la nouvelle école l’Agora avaient été retardés, de sorte que les élèves avaient pu intégrer l’école de la rue du Centenaire uniquement en janvier 2020. «Le fait que les élèves ont quitté à Noël a laissé moins de temps. Ç’aurait pu marcher, mais c’était quand même serré. Ça crée un effet domino dans la calendrier de réalisations.»