Culture

Émile Bilodeau, au front pour ses opinions

le mardi 14 janvier 2020
Modifié à 10 h 02 min le 18 décembre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Déjà bien dégourdi et affirmé dans Rites de passage, le jeune auteur-compositeur-interprète Émile Bilodeau revient avec force dans Grandeur Mature, n’hésitant pas à se positionner comme souverainiste et sur divers enjeux, pour ainsi davantage «nommer les choses». Serait-ce donc ça, la maturité? «Sur l’album [clin d’œil aux grandeurs natures], on me voit avec une épée à la main. Je pense que c’est une belle image pour dire que je suis prêt à aller au bat, à défendre mes idées.» Ce qui se sent dans plusieurs chansons (J’ai vu la France, Ton nom, Freddy Mercury...). «J’ai toujours eu le militantisme en moi, mais c’est vrai que je nomme plus les choses. Je pointe du doigt les philosophies qui portent atteinte aux libertés des autres. Je parle du racisme, de l’écoanxiété. Dans J’en ai plein mon cass, je parlais du PIB mais ça restait flou. Là, c’est plus axé sur des affaires concrètes.» Une confiance qui se traduit aussi sur les plateaux de télé et dans les entrevues qu’accorde le chanteur. Il donne en exemple sa participation à l’émission Y’a du monde à messe, où il se trouvait à la même table que Lucien Bouchard. «Je n’étais pas d’accord avec lui [sur l’urgence climatique] et j’ai sorti les griffes. Ce que je pensais qui allait être une discussion entre deux personnes de la même équipe a viré en débat. De plus en plus, j’exprime ce que je pense.» Un album et une tournée derrière la cravate, ça fournit aussi un certain bagage qui, mêlé à des voyages tant pour le plaisir que pour le travail, transparaît dans un deuxième album. Ce qui n’empêche pas Émile Bilodeau de livrer ce qu’il appelle des «pieds de nez à la maturité», avec des morceaux plus drôles. Personnages fictifs Dans ce deuxième album, le chanteur de Longueuil – tout récemment déménagé à Montréal – dit ne pas avoir hésité à sortir de sa zone de confort, tant pour les paroles que pour la musique, donnant en exemple Candy. «Je ne me donne pas un style à respecter pour que ça fonctionne.» Les personnages fictifs, tel Robin des bois, font d’ailleurs leur apparition dans ce deuxième opus. Pour le chanteur, ils créent une distance particulièrement bienvenue avec la vie privée. «Je trouvais ça intéressant de sortir du cadre "je, me, moi". C’est difficile de raconter des histoires très personnelles et de les livrer chaque soir. On entre plus dans une ambiance de plaisir et de party où je parle des autres.» Exception faite peut-être de Colin, dédiée à son frère. Tout le bonheur du monde Sortir un deuxième album à 23 ans, après l’heureuse surprise qu’a causée Rites de passage, n’était pas affublé d’une pression outre mesure pour Émile Bilodeau. «Pantoute! Je pense faire ça longtemps alors ça ne me tente pas de sortir des albums en croisant les doigts et en me serrant les dents. Je veux faire ça pour m’amuser, avec tout le bonheur du monde.» Mis à part un spectacle à Iqualuit – une occasion de «voir du pays!» – en janvier, la représentation au Théâtre de la Ville le 24 janvier lancera la tournée Grandeur Mature. Jouer à la maison, c’est toujours un peu spécial. «C’est là que j’ai fait les cégeps en spectacle, les représentations scolaires, que j’ai vu mon premier show: les Trois accords. C’est là que j’ai commencé!»