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Opinion

Enquête sur les abus sexuels de prêtres : il était temps!

le mardi 23 février 2021
Modifié à 16 h 38 min le 19 février 2021
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Malgré la COVID-19 qui persiste toujours au Québec, il y a des bonnes nouvelles, dont une que j’attendais depuis longtemps. Il y a quelques jours, nous avons appris que l’Archidiocèse de Montréal a mandaté l’ancien juge de la Cour suprême André Denis, afin qu’il fasse la lumière sur les abus sexuels au sein du diocèse de Montréal. Enfin! Ça fait des années que des organismes se penchent sur cette affaire. Ça fait des années qu’on demande d’avoir une enquête. Je me souviens, entre autres, du dossier des orphelins de Duplessis. Le gouvernement provincial de Lucien Bouchard a toujours refusé de faire enquête à l’époque. Rien n’a été reconnu. Même si plusieurs victimes sont décédées et ne sont plus de ce monde. Des événements horribles se sont produits. Je veux parler ici d’un film que j’ai adoré, intitulé Spotlight. Il concerne une enquête de journalistes du Boston Globe qui a permis de dénoncer que l’Église catholique protégeait des prédateurs sexuels aux États-Unis. Ici aussi, des enfants de 8 à 12 ans ont été exploités sexuellement par des figures en poste d’autorité. Certains liront cette chronique en pensant que je ne suis pas croyant. C’est faux. Je suis croyant. Je pense néanmoins que personne n’est au-dessus des lois. Dans différents diocèses du Québec, rappelons-nous des années 60, alors que nous avons assisté à des changements majeurs lors de l’arrivée de Jean Lesage. Avant ce moment, c’était l’Église qui menait. Moi-même, lorsque j’étais tout jeune, j'étais un enfant de cœur. Je n’ai jamais cédé à ce genre de manipulation. Je n’ai pas été une victime. Mais j’en connais, des gens maintenant âgés de 50, 60, 70 ans qui ont vécu des atrocités par des religieux en poste d’autorité. À cette époque, il n’y avait rien de plus important pour un jeune que de faire confiance à un prêtre. Je le dis fréquemment, il ne faut pas généraliser. Mais nous savons qu’un grand nombre de prêtres ont profité de leur vocation. Je ne sais pas ce qui va se passer avec l’enquête que mènera le juge Denis. L’archevêque Christian Lépine a affirmé que ce serait rendu public. Toutefois, ne devrait-on pas élargir cette investigation qui vise pour le moment le diocèse de Montréal, de Joliette, de Saint-Jean-Longueuil, de Saint-Jérôme et de Valleyfield, à l’échelle de la province? Je crois que oui. Il y a beaucoup d’individus vivant dans des régions éloignées qui ont vécu ces choses-là. Ils sont marqués pour toujours. Ça aura pris du temps. Beaucoup de temps. Mais je dois lever mon chapeau à l’Archidiocèse de Montréal d’avoir décidé d’ouvrir une enquête. Je souhaite de tout cœur que ceux qui ont posé des gestes horribles et qui vivent encore, paient. 10-4! (Propos recueillis par Gravité Média)