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Entretien de terrains sportifs: l’opposition force le retour en appel d’offres de deux contrats

le mercredi 18 avril 2018
Modifié à 18 h 04 min le 18 avril 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

POLITIQUE. L’opposition officielle de Longueuil a bloqué, à la séance du conseil du 17 avril, l’octroi de deux contrats liés à l’entretien de terrains sportifs sur l’ensemble du territoire longueuillois, forçant ainsi le retour en appel d’offres. Elle soutient que la durée de cinq ans des deux contrats pouvait nuire aux plus petits entrepreneurs. Deux entreprises avaient soumissionné à ces appels d’offres visant l’entretien de terrains sportifs en gazon naturel dans les trois arrondissements. La valeur totale de ces contrats dépassait les 2,2 M$. Selon le conseiller Jacques Lemire, il serait avantageux de retourner en appel d’offres en proposant des options multiples d’un ou trois ans, afin d’obtenir de meilleurs prix et d’attirer davantage d’entrepreneurs et peut-être même de plus petits fournisseurs ou des entreprises d’économie sociale. «Je suis certain que ça va favoriser plus de gens qui vont soumissionner et que ce sera bénéfique pour Longueuil», a-t-il fait valoir. Il est également d’avis que ce report ne compromettrait pas la saison des équipes et organismes sportifs, puisque les contrats pourraient être octroyés en juin. «Je souhaite rassurer les citoyens.  Nous avons la même préoccupation que tous les élus, soit d'offrir les meilleures conditions aux sportifs! Si cela s'avère nécessaire, nous irons en conseil extraordinaire pour adjudiquer ces nouveaux contrats afin d’assurer qu'il n'y ai aucun délai», a-t-il ajouté. Le chef de l’opposition Xavier Léger croit qu’il s’agit d’une «décision responsable». «Notre intention est toujours de prendre les décisions, même si elles apparaissent audacieuses, dans l’intérêt des citoyens», a-t-il signifié. À la séance du conseil municipal de mars, l’opposition avait demandé le report de ces points afin d’en analyser la documentation. Les impacts? La conseillère indépendante Nathalie Boisclair s’est rapidement inquiétée des impacts d’une telle décision, relevant que les appels d’offres lancés en début d’année permettent généralement d’obtenir de meilleurs prix. Elle a de plus souligné que la valeur des contrats en question était de 12% inférieure à celles des contrats précédents et 15% en deçà des estimations de la Ville. «Je ne suis pas certaine qu’il n’y aura pas de conséquences, a-t-elle avancé, demandant l’intervention du directeur général. Je veux qu’on mesure les conséquences de ce qu’on s’apprête à faire.» Le directeur général Patrick Savard a abondé dans le même sens que Mme Boisclair et a fait mention des «probabilités» qu’il y ait peu de soumissionnaires et que les prix soient plus élevés si la Ville retourne en appel d’offres. M. Savard a de plus précisé que «généralement, les contrats à court terme amènent entreprises qui ont tous les équipements», donc les plus gros joueurs qui sont déjà bien en selle. Demande d’intervention de l’UPAC Doutant de la pertinence de la démarche entreprise par l’opposition, le conseiller municipal Éric Beaulieu a affirmé que si les contrats obtenus grâce au deuxième appel d’offres sont plus avantageux, il sera le premier à donner raison à Jacques Lemire. «Dans le cas contraire, je demande à l’opposition: si ça coûte plus cher, comment allez-vous compenser les citoyens?», a-t-il questionné. À la fin de la séance, Éric Beaulieu a demandé à l’administration de la Ville qu’elle formule une demande d’enquête à l’Unité permanente anti-corruption (UPAC) concernant cette affaire. «La lumière doit être faite, a-t-il dit. Je suis profondément inquiet et c’est le cas de plusieurs de mes collègues. Vraiment, j’espère me tromper.» Par voie de communiqué, la mairesse dit craindre que Longueuil Citoyen ait pu céder aux pressions de firmes qui n’auraient pas obtenu les contrats. Elle appuie ses soupçons sur les pratiques de collusion qui ont eu lieu à Longueuil, à l’époque où M. Lemire siégeait au comité exécutif, entre 2006 et 2009. «Le système mis à jour par l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) démontre que les plus hautes instances de la Ville étaient impliquées dans ces présumées manœuvres frauduleuses. À la lumière de ces faits, il est de ma responsabilité de m’assurer que ces pratiques ne se reproduisent plus jamais à Longueuil», a-t-elle affirmé. L’OIQ a récemment révélé qu’entre 2006 et 2009, six firmes impliquées dans un système de collusion ont obtenu plus de 95% des contrats octroyés par le comité exécutif ou le conseil de ville. La mairesse est de plus d’avis que ce retour en appels d’offres pénalisera les organismes qui utilisent les terrains sportifs, estimant que les travaux d’entretien ne pourront être effectués avant la mi-juin. Aussi par voie de communiqué, l'opposition a indiqué que «même si nous sommes très surpris, nous accueillons favorablement toute enquête qui pourrait être ouverte sur le territoire, car pour notre part, nous n’avons rien à nous reprocher. Nous avons refusé d’octroyer les contrats d’entretien parce que le conseil se retrouve acculé au pied du mur avec seulement deux soumissionnaires pour un contrat de 5 ans. » Elle croit même que la proposition de retourner en appel d'offres va plus loin que ce que suggère la mairesse en matière d'intégrité des processus dans l’attribution de contrats. «D’autres grandes villes ont depuis plusieurs années mis en place des mécanismes qui peuvent faire des recommandations en amont des appels d’offres, rappelle-t-on. À Longueuil, nous attendons toujours la réalisation de promesses faites il y a près d’un an tel que la création d’un Bureau d’inspection contractuelle.» L'opposition réagira au cours des prochaines heures aux propos de la mairesse concernant Jacques Lemire.