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Euthanasie de cerfs : le conseil municipal va de l’avant

le mercredi 18 novembre 2020
Modifié à 11 h 46 min le 19 novembre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le conseil municipal de Longueuil s’est rangé, à majorité et visiblement à contrecœur, derrière l’avis des experts du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) en donnant son appui au plan de gestion des cerfs de Virginie du parc Michel-Chartrand qui mènera à l’euthanasie d’un maximum de 15 bêtes. Huit élus contre cinq ont approuvé la recommandation de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable (CATDD) d’aller de l’avant avec ce plan, le 17 novembre. La mairesse Sylvie Parent a souligné que Longueuil n’est pas la seule municipalité prise avec une surpopulation de cerfs sur son territoire. Elle se désole que d’autres élus seront pris «dans le même cul-de-sac» et souhaite les interpeller à ce sujet «afin que plus jamais le monde municipal n’ait à assumer une telle décision, qui est du ressort du gouvernement du Québec.»
«À Longueuil, c’est la dernière fois que nous jouons dans ce film.» -Sylvie Parent
Des offres refusées Des dizaines de citoyens avaient adressés des questions aux élus. Parmi ces interrogations: la Ville a-t-elle pris en considération les offres reçues, notamment celles du Miller Zoo et de la Ferme 5 étoiles, qui se disaient prêts à accueillir la quinzaine de cerfs? Ces offres, confirme le directeur général de la Ville, ont été analysées par le MFFP et ont été refusées. Des experts ont fait valoir la semaine dernière que 50% des cerfs pourraient ne pas survivre à une relocalisation, en raison du stress causé. Le conseiller municipal Jonathan Tabarah a expliqué, en ce qui concerne l’offre du Miller Zoo, que de déplacer les cerfs d’une zone où la maladie de Lyme circule abondamment à une zone moins affectée, en Beauce, posait des risques. «Ce n’est pas conseillé par le monde scientifique, ce n’est pas vu comme une solution pérenne», a-t-il soutenu. «Chacun son rôle» Des élus ont rappelé qu’il n’est pas de la juridiction de la Ville de prendre des décisions concernant la faune et la flore sur son territoire; ces décisions relèvent du MFFP. Et jusqu’à maintenant, la seule demande approuvée par le Ministère est un permis pour abattre les cerfs. Par ailleurs, le directeur général Patrick Savard dit que la Ville demeure ouverte, advenant un changement de position du ministère de la Faune. La Ville a quant à elle la responsabilité de la gestion de ses actifs et infrastructures, comme le parc Michel-Chartrand, qui est menacé par la surpopulation de cerfs. Entre autres enjeu, la nouvelle végétation plantée pour pallier les ravages de l’agrile du frêne est mangée par les cerfs. Débat d’expertises Les conseillers de l’opposition ont toutefois déploré que des expertises n’avaient pas été prises en considération dans la décision. La conseillère municipale Colette Éthier a présenté la proposition de Sauvetage Animal Rescue, élaborée dans un document transmis aux élus. Le regroupement, appuyé de l’avis de vétérinaires qui travaillent avec le ministère de la Faune, suggérait notamment de prendre en charge la relocalisation des cerfs. «Lorsque la relocalisation est bien planifiée, le stress est nettement diminué et le risque de mort s’avère très faible», a soulevé la conseillère. Le regroupement proposait tout un plan de gestion incluant entre autres des enclos temporaires au parc Michel-Chartrand. Elle évoque aussi la forte mobilisation citoyenne qui aurait dû être prise en considération. Son collègue Benoît L’Écuyer a cité en exemple un problème similaire vécu en Colombie-Britannique où des efforts avaient été faits pour une meilleure acceptabilité sociale, ce qui n’a pas été le cas à Longueuil, a-t-il accusé. Il a aussi reproché que «c’est loin d’être la première fois qu’on nous présente un dossier en nous disant qu’il est minuit moins une». À cet égard, le président de la CATDD Steve Gagnon a assuré avoir eu des discussions avec des membres du personnel de l’opposition concernant les échanges de la Commission à ce sujet. Par ailleurs, M. Gagnon a déposé un avis de proposition afin que soit élaboré «sans délai» un plan d’action pour assurer le contrôle de la croissance de population de cerfs au parc Michel-Chartrand, «afin que la Ville ne doive plus recourir à l'euthanasie». Il suggère que la proposition soit étudiée la CATDD.