Chroniques
Opinion

Événement galerie d’art !

le mercredi 16 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 16 septembre 2015

Peut-être, comme d’autres milliers de clients, avez-vous reçu dans votre boîte courriel une offre de Bouclair vous invitant à profiter de «l’événement galerie d’art»? Réservé uniquement à ses membres VIP, l’événement offre la possibilité de se procurer, en ligne, une œuvre d’art peinte à la main parmi un choix de 10 tableaux uniques, pour moins de 400$!

Made in China

En fouillant un peu plus loin, on découvre que ce que Bouclair offre réellement sont des copies faites à la main, en Chine, par des copistes tout aussi inconnus que les artistes qui ont créé les 10 tableaux originaux.

Bouclair ne fait rien d’illégal. Pas de publicité trompeuse. Rien n’est caché dans sa façon de faire. Simplement une habile manipulation des mots pour mettre en marché des décorations murales.

On appelle ça du «marketing». Les mots nous hypnotisent: «tableaux uniques», «peintes à la main», «galerie d’art», «VIP».

Le site du détaillant regorge d’incitatifs du genre «impressionnez vos invités dès leur arrivée avec un charmant vestibule empreint d'œuvres d'art». On se gargarise avec l’Art et son prestige pour vendre des sous-produits, en laissant croire que la valeur de ces derniers est comparable à celle d’une œuvre originale. Une insulte pour les artistes en arts visuels, un drame pour le marché de l’art.

La fierté en prime

Il faut être conscient de ce que l’on achète, et appeler un chat un chat. Une copie d’œuvre d’art ne sera jamais qu’une copie, aussi agréable à l’œil puisse-t-elle être.

Acheter une œuvre d’art originale, qui respecte votre budget de 400$, qui vous parle et avec laquelle vous avez envie de partager votre quotidien, demande sans doute un peu plus de temps et d’efforts que de visiter le rayon de décorations murales des magasins à grande surface. Toutefois, devant la curiosité de vos invités pour une œuvre que vous aurez soigneusement choisie, vous aurez quelque chose à partager, une idée, une impression ou une émotion, avec, en prime, la fierté de ne pas avoir été dupe des marchands d’illusions.

Il s’agit de ma dernière chronique à titre de directeur général du CMCC, poste que je quitterai à la fin du mois. Je tiens à remercier Le Courrier du Sud pour cette belle collaboration et à vous remercier de votre intérêt pour les arts et la culture en Montérégie.

Dominic Trudel

dtrudel@culturemonteregie.qc.ca